Génération Sacrifiée (9)
La fin de l’épisode 17 de la première saison de la série télévisée Code Black est véritablement représentative de l’esprit de confusion dans laquelle est tombée notre époque. Dans la scène finale, une famille reconstituée choisi de célébrer le mariage du père et de la mère déguisés en morts vivants. A cela s'accolent les sentiments les plus mièvres du personnel hospitalier dont la naïveté sentimentale est assez révélatrice des idées chrétiennes devenues folles. La tolérance absolu est le nouveau moteur comportemental qui, bien que partant d’un bon sentiment, dépouille l’être de la vérité. L'intention est véritablement altérée par l'influence de la charité désordonnée. Cette fascination pour la mort, qui, depuis la série The Walking Dead, est devenu une nouvelle dynamique culturelle, fait du mort-vivant une sorte de divinité décadente. Ce symbole déchu est en quelque sorte la représentation spirituelle de la famille moyenne américaine. Quand on songe au divorce, à l’avortement, au mariage homosexuel, à l’athéisme et à la logique du confort matériel absolu, la famille est devenue un relais de ce que Jean-Paul II appelait la culture de mort. La zombification correspond donc parfaitement à cette mutation sociologique qui finalement distingue assez facilement les morts des vivants. De fait, compte-tenu de l'incapacité des esprits à distinguer le spectacle du sacré, les époux, dans la série, ainsi que le personnel médical, sont véritablement pris au piège par la société du spectacle, la même qu'avait dénoncé Guy Debord. S'il avait pu voir cela, tout comme Marx d'ailleurs, ils n'auraient certainement pas espérés meilleur exemple. L'aliénation a donc trouvé dans le mort-vivant, son expression la plus pertinente et certainement la plus appropriée.
Antoine Carlier Montanari