Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

17 Dec

Le Dessous Des Toiles : Star Wars (George Lucas)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Le Dessous Des Toiles

 La grotte est toujours le lieu de l’obscurantisme et des ténèbres, depuis Platon elle est l’image de l’ignorance et de l’aveuglement. Au sens ordinaire elle protège du mauvais temps comme de la chaleur et des bêtes sauvages. Mais au-delà de ces contingences la grotte symbolise le renoncement à la vérité, l’enfermement dans l’obscurité, c’est pourquoi la caverne, dans le Seigneur des anneaux est le domicile de Gollum. La vérité est que ce petit être décharné et malgré ses yeux exorbités a une profonde ivresse pour l’obscurité. Il garde secret un anneau dont le pouvoir est de rendre invisible. Et ainsi depuis qu’il aime cet anneau, il reste caché des hommes dans une caverne dont les ténèbres lui assurent une obscure protection. Ses doigts squelettiques caressent l'anneau comme s’il était une âme en peine. Chacun des battements de son cœur rythme l’amour qu’il a pour cet objet, tout comme Smaug, qui sous la montagne, voue un culte pour l’or et tous les trésors des nains amassés depuis des siècles. La contemplation de ces grâces obscures suffit à leur bonheur et c’est là qu’ils fécondent un amour-propre où bouillit déjà un orgueil démesuré.

 C’est la révélation sacrée de la nuit. C’est pour cela sans doute que Dagoba est une planète filiale de l’obscurité où tout ce qui vit est embrumé d’une sombre clarté. Tout d’elle luit comme une ombre sous la lune et qui indignement honore un culte dont le soleil ne peut apporter son obole. Et c’est là, que Yoda, sans gaieté, a scellé son exil. Durant l’heure de sa fin, Luke estime qu’il faut profiter de ce sage gardien dont le pouvoir extraordinaire semble plus rapide encore que celui des ténèbres. Et pourtant, après l’entrainement, quand Yoda demande à Luke d’éprouver la caverne sans son sabre laser, Luke désobéi et tombe dans un piège en décapitant honteusement un faux Dark Vador. L’histoire de Danaë, cet épisode de la mythologie grecque, raconté formidablement par Pierre Louÿs, ne fait que constater, bien des années auparavant, la même allégorie.  En effet il faut se rappeler les paroles de la vieille nourrice à Danaë, avant que celle-ci ne descende dans le caveau : Danaë ! Danaë ! ne descendez pas cette marche, n'entrez pas dans cette cave, n'ouvrez pas les portes ici, ne touchez pas aux serrures, ne tournez pas les clefs d'airain ! C'est votre malheur qui est là ; c'est la douleur de votre vie. Quand on connaît son malheur, il faut l'oublier pour toujours ! Quand on ne le connaît pas, il ne faut pas l'aller chercher. Danaë ! retournez-vous, éteignez votre lampe, retournez vers le jour, allez-vous-en d'ici, n'y revenez jamais, n'y pensez jamais, allez-vous-en de la mort, allez-vous-en de la nuit...» C’est pourquoi, Yoda, lui-même fort âgé, comme la vieille nourrice, est précisément cette sagesse qui conseille l’ingénu. Danaë découvrira le cadavre de son amant, quant à Luke, il se verra lui-même mort. Il est entendu que ces deux personnages, malgré les recommandations, se comporteront comme Eve au jardin d’Eden. De même Kurtz, dans le célèbre roman de Conrad, s’est aventuré si profond dans les ténèbres, qu’il n’a pu échapper à ses effets. Le cas de Luke n’est pas ce qui convient de dire exemplaire, sa naïveté, son ignorance et son impulsivité font un piètre modèle d’élu. Le Christ, bien au contraire, est ce modèle accompli. C'est pour cela qu'on le qualifie de messie. Un passage des écritures évoque même la sagesse précoce du Christ : « Lorsque Jésus eut douze ans, il se rendit à Jérusalem pour la fête de Pâque…Jésus était assis parmi les sages et les savants dans la cour du temple. Il les écoutait et leur posait des questions. Et tous étaient émerveillés par son intelligence et ses réponses. » En rentrant dans la grotte, Luke n’eut pas cette habilité d’esprit de laisser son sabre laser à sa place comme le lui avait recommandé Yoda. Bien au contraire, il s’est comporté comme Pierre dans le jardin de Gethsémani lorsqu’il sorti l’épée pour couper l’oreille du soldat. Pierre reniera trois fois le Christ. Si Luke avait eu la même réflexion que le Christ sur l’épée, il aurait pu comprendre les paroles de Yoda. L’épée engendre l’épée, le mal engendre le mal, ce qui tout naturellement pose la question de l’immaturité de Luke. En cela, il y a une sorte de gageure, Luke est d’avantage la somme d’un guerrier et d’un héros que d’un élu. C’est un simulacre capable tout au plus de tenir tête à un autre simulacre. A dire vrai, Yoda est ce qui se rapproche le plus d’un élu, précisément par mépris de l’orgueil et de la vanité. Son apparence ne laisse entrevoir ni force, ni robustesse, ni vitalité, tout ce qui est contraire à la représentation imaginaire du héros. L’exil de Yoda c’est l’exil de Napoléon, c’est la défaite, c’est la mort qui s’annonce et avec elle le renoncement à tout, à la vie comme le Christ. Et tandis que le Christ sortira du caveau ressuscité et glorieux, Danaé et Luke n’en sortiront que plus amères. Donc comme beaucoup d’imprudents, le jeune Jedi signera sa maladresse en perdant sa main droite lors de son combat contre Dark Vador. Perdre la main est un signe d’infortune, une disgrâce, cette main perdue préfigure peut-être sa propre destinée ! Sur l'affiche officielle de l'épisode 8, Luke, bien plus âgé, semble être passé du côté obscur.

 Evidemment on peut rappeler ici le cas du capitaine crochet dont la main gauche a été emporté par un crocodile bien affamé. Dire que le crochet qui la remplacera symbolise la malignité du personnage, la main gauche matérialise le mal (1) tandis que la droite, le bien. Ainsi Luke se voit symboliquement dépossédée de sa main droite bienveillante, laquelle sera remplacé par une main mécanique. Cette main sera gantée d’un noir impérial qui rappellera le costume de Dark Vador. Le symbolisme est ici fort, le gant noir figure le mal qui recouvre la main qui désigne le bien. De fait sa main gauche correspond en réalité à la haine qui l’envahira lorsque l’empereur, qui bien assis dans son fauteuil, l’excitera afin qu’il prenne le sabre laser posé sur l’accoudoir. Ici est vérifié la parole du Christ sur l’épée, tout naturellement Luke ne pourra s’empêcher une nouvelle fois de céder à la tentation et s’emparera du sabre avec la main droite recouverte du gant noir. La profanation est ici réalisée au motif déterminant que l’épée est levée, le mal a triomphé du bien. Le jeune Jedi n’est donc qu’une illusion du bien, le réveil vengeur de l’humanité réinterprète le rêve christique en rappelant au spectateur la nostalgie du jeune David face au géant Goliath. La question n’est pas de savoir s’il y aura un salut, la question est de savoir si la paix trouve sa réalité par les armes. La Force est l’ancienne religion lié à la loi du talion et qui se nourri inlassablement de la vengeance engendré par  le mimétisme. En réalité le monde futuriste de Star Wars est un monde dépouillé du salut Christique et qui est resté planté dans le temps de l’ancien testament dont le cinquième commandement est resté lettre morte. Cette grande scène spatiale apocalyptique et perpétuelle a élevé en romantisme noir la vengeance dont les Jedi sont des modèles renouvelés d’Achille ou d’Ulysse. La Force rend donc plausible le talion dans un monde où aucun Dieu n’offre de possibilité de salut. Les pouvoirs des Jedi ne peuvent tenir la comparaison avec l’héroïsme d’une Mère Theresa ou d’un Martin Luther King. Ces premiers institutionnalisent en réalité un socialisme révolutionnaire consumériste issu du projet thymotique du président Obama, face à un empire communiste dont les Sith sont des agents poutinistes. A cela le macroniste Mark Hamill, alias Luke Skywalker, confond l’empire avec le Font National et en déduit que Macron fait partie du camp de la liberté ! Hamill n’a pas compris que le banquier politique Macron ne souhaite qu’assimiler la France à un empire dont les règles ont été étiquetées par un ancien nazi (2).

 L’évaluation morale de toute cette saga est donc une affirmation du droit à l’autodéfense afin d’assurer à la Force un équilibre basé sur le principe d’alternance gauche droite qui sévit dans toutes les grandes démocraties. L’équilibre est donc ce point de parachèvement qui fixe la notion de « bien » à l’univers de Georges Lucas. La politique galactique est inconditionnellement portée vers un concubinage du bien et du mal dont la péréquation est assurée par « l’élu ». C’est dire ici toute la pauvreté de cette théologie de l’universalité consumériste dont les agences spatiales sont des relais nietzschéens du nihilisme. Il faudra ajouter que toute la logorrhée socialiste américaine est parachevée dans l’œuvre de George Lucas pour servir d’ascenseur politique aux démocrates obamesques dont la nouvelle configuration morale efface la question sociale au profit de celle des minorités. La conquête spatiale est donc ici le théâtre non pas du Bien contre le Mal, mais du libéralisme libertaire, le bien, contre une image impériale de la loi, le mal. Le manichéisme de la Force masque habilement le véritable prédateur dont la tolérance et l’empathie sont en réalité la poutre dans l’oeil. Si effectivement l’empire est la représentation du mauvais type de gouvernance, il faudra également dire que le mondialisme, de nos jours, est ce même empire.

Antoine Carlier Montanari

 

(1) Pierre RiffardNouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, 2008

(2)  Walter Hallstein, nazi, premier président de la commission européenne

Commenter cet article

Archives

À propos

" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin