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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

23 May

Un Livre Que J'ai Lu (172) : Ce Qu'il Faut De Terre à L'homme (Léon Tolstoï)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Léon Tolstoï, #Un Livre Que J'ai Lu

 

 Pour qui a lu le Diable de ce même Tolstoï, le diable de cette nouvelle, n'est pas tout à fait le même. Celui-là est cornu et a les pieds fourchus. En l'état, il offrira à ce paysans nommé Pakhom, qui a le coeur envieux, tout ce qu'il désire et ce qu'il désir ce sont des terres à cultiver. La chute de cette histoire est profitable aux hommes, mais j'ai bien peur, que pour ceux de notre époque, elle ne reste que la simple expression d'un imaginaire passé. Le lecteur athée, certain que rien du dessus comme rien du dessous ne viendra lui ôter ses certitudes, ignore le danger qu'encoure son âme d'avoir un esprit aussi assoupi. Tolstoï fait donc intervenir le diable qui derrière l'esprit capitaliste manigance déjà la chute de cette Russie encore tsariste. On sait précisément ce qu'il en adviendra. En assimilant ainsi l'esprit capitaliste au mal, Tolstoï a peut-être, malgré lui, consolidé cette idée dans la pensée de ces jeunes lettrés qui par la suite ont établi un régime révolutionnaire en Russie. C'est en 1886 que cette nouvelle fut publié, bien après les manuscrit de 1844 dans lesquels Karl Marx analyse et incrimine la société marchande. Dans notre histoire, Tolstoï accable le Capital avec un grand "C" en associant le diable à la figure du marchand. Le lecteur communiste pourra se servir de cette histoire comme d'une illustration littéraire anticapitaliste mais devra taire la présence du diable pour ne pas avoir à rendre compte de la destinée de l'âme. Au delà de l'influence du diable et pour rester terre à terre, la cupidité du paysan s'oppose à l'esprit collectif des Bachkirs, c'est à dire des nomades asiatiques qui campent dans la steppe. Certains verront dans cet antagonisme, l'idée de la propriété privée, expression principielle du capitalisme et l'idée de la propriété collective, expression principielle du communisme. En faisant intervenir le diable qui veut à tout prix l'âme du paysan cupide, Tolstoï égratigne le sentiment capitaliste. Mais dans cette histoire, cette histoire que l'écrivain irlandais James Joyce qualifia de plus grande histoire jamais écrite, ce paysan cupide n'a pas eu droit à cette clémence du Ciel qui fut accordé à ce célèbre personnage de Charles Dickens qui était possédé par la soif de l'or. La littérature anglaise est donc complaisante avec l'esprit capitaliste, accordant au riche une possibilité de se racheter tandis que la littérature russe, par cet exemple, refuse au riche l'entrée au ciel. Si l'on adopte la pensée de Max Weber concernant le rapport étroit entre l'éthique protestante et l'esprit capitaliste, on comprend la clémence qui fut accordé au personnage de Charles Dickens. Chez Tolstoï, la phrase du Christ au jeune homme riche est prise à la lettre. La toute dernière phrase de cette courte histoire, que le lecteur découvrira par lui-même, et qui illumine le titre énigmatique de la nouvelle, consolide le narratif en lui offrant une épaisseur redoutable qui clos le récit de manière brutale, mais lui accorde indiscutablement, un point final inoubliable.

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