Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

20 Dec

Aphorisme (10) : Georges Lucas

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Aphorisme

 

Georges Lucas est un homme avec une culture chrétienne dévoyée, certes, ça ne fait pas de lui un homme infréquentable mais à bien considérer le dépôt artistique qu’il a laissé à l’humanité, il est en partie responsable de l’influence morale qu’exerce son œuvre sur les esprits. Georges Lucas est tombé dans un piège, la Force dont il use en abondance pour caractériser la source spirituelle de son univers, n’est autre que celle qui anima Achille. Laquelle, nous dit Homère, valut aux hommes d’innombrables malheurs et jeta dans l’Hadès tant d’âmes de héros.

Ainsi, l’ordre des Jedi, dont on dit qu’il est au service du bien, a entièrement ignoré la remarque du Christ à Pierre : Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. (Matthieu 26,52). En procédant de la sorte, Georges Lucas a ré incrémenté un ordre chevalier qui à travers la Force transgresse minutieusement l'idée du bien avec un grand "b", au profit de la loi du talion. En réalité ce n’est pas l’ordre Jedi qui est en cause mais bien le nom de la spiritualité qui l’anime.

 La Force fut le propre de Rome et c’est bien elle qui anime tous les empires du monde. La manifestation objective de la Force est immédiate et soit elle est animée par des nobles sentiments (Yoda), soit par des sentiments impurs (les Sith). C’est pourquoi la Force n’est bonne qu’en fonction des intentions de celui qui en use, par nature elle n'est ni bonne ni mauvaise.

Mais on ne peut ignorer le caractère coercitif de la Force, seuls l’Amour et la miséricorde s’opposent à l’usage de la violence et de la Force, l’Amour est donc supérieur à la Force. Il est donc raisonnable d’affirmer que la Force contredit les intérêts de l’Amour, chose que l’empereur Palpatine a très bien compris quand il incite le jeune Skywalker d’user de la Force pour satisfaire sa soif de vaincre, lequel finit par affronter son père.

 Alors quand Georges Lucas rend maître un ordre supérieur dont la Force est la plus haute idée de spiritualité possible que cette humanité connaisse, il fait alors stagner moralement cette même humanité tout en la plaçant dans l’incapacité de trouver le salut puisque elle n’a pas connu l’Amour et la miséricorde inconditionnels tels qu’ils ont été prônés par le Christ lui-même.

 Cette humanité bascule donc tantôt vers le bien et tantôt vers le mal. Cette oscillation dialectique entre violence fondatrice (les Sith) et violence conservatrice de droit (Yoda) permet en réalité la guerre perpétuelle en garantissant le spectacle de la plus haute manifestation de la violence entre les êtres et tout en fondant un ordre universel dont l’apogée est la Force souveraine.

 Le rythme de cet univers conçut par Georges Lucas, périt donc éternellement, périssant dans sa totalité et allant vers son crépuscule. Sa totalité téléologique, sans messianisme, sans but final, installe donc le règne du droit naturel sur le règne du droit salvateur.

  L’équilibre dont parle les Jedi et qui représente donc pour cet univers la meilleure condition d’existence possible, est tout au plus la fin de cette alternance qui voit soit le bien dominer le mal, soit le mal dominer le bien. L'équilibre en question c'est la cohabitation à part égale du bien et du mal. La figure de Yoda n’en est pas moins représentative d’une certaine spiritualité orientale bouddhiste qui nie l’existence de l’âme et prône le non-soi.

 Les rituels méditatifs comme le yoga qui amènent à l’éveil et qui font plonger l’individu dans un état extatique qui l’intègre au « tout », dans le but d’une unité bienveillante, trouvent une résonance dans la Force. Yoda est donc en quelque sorte le grand prêtre positif de cette théologie de l’équilibre et que l’on peut raisonnablement symboliser par cette dualité opposée et complémentaire que forment le yin et le yang. Ce que William Blake avait surnommé le mariage du ciel et de l’enfer. 

 Ce statu-quo est la démonstration que la victoire définitive du bien ne sera jamais acquise. Puisque il demeure donc impossible de résoudre les problèmes autrement que par la Force, les conditions d’existence de cet univers, qui excluent absolument le principe christique évoqué plus haut, et étant contraintes à employer des moyens impurs et à les légitimer pour obtenir une paix qui ne sera pas durable, sont vouées à ne jamais atteindre la félicité.

Car cette Force, aussi grande soit-elle, n’a jamais produit le commandement sacré donné par Dieu à Moïse « Tu ne tueras point ». Et même sous sa forme la plus bénéfique, la Force est une expression qui n’a aucun fondement divin susceptible de lui donner une autorité et une légitimité définitives. Dans cette mesure, la Force est une extension de la violence archaïque recouverte d’un aspect précisément chevaleresque afin de la parer de noblesse. Cette Force qui anime donc les Jedi pourrait-être traduit par cette expression empruntée à Walter Benjamin, la manifestation mythique de la violence immédiate. 

 

                                                                  Antoine Carlier Montanari

Commenter cet article

Archives

À propos

" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin