Saint Maxime, Saint Vivien, Saint Théodore, Saint Achille
Et c’est là que j’ai vu ces tourments, comme autant de formes ignées, dévorants ces saints qui priaient en silence. Je n’ai pu contenir ces phrases, bien trop justes, qui donnèrent à mon esprit des vertiges que j’aurais préféré sentir en tout autre circonstance. Lire au point de sentir le sol se dérober, voir poindre la tempête et péniblement continuer la lecture. Entendre ces voix qui sortent de tant de temples et qui peinent à trouver écho en notre temps, contemplent déjà un bien grand trésor. Mais voilà qu’après j’entends cette râleuse d’iniquité me quémander justice. Bien trop de gravats empêchent les vivants de sortir de terre, préférant hurler d’abjectes dogmes qu’ils encensent le visage noircie de boue. Il m’en faut pas plus pour que je porte cet étendard qui jadis fit se lever de nobles prétoriens. Maxime, Vivien, Théodore et Achille bien plus forts que ces titans qui ont soulevés l’Olympe. Certes, il serait difficile pour moi de signaler cette profonde et ténébreuse affaire qui les arracha à la vie, mais j’aimerai répondre de ces hommes braves et fidèles. Profane Rome qui jongla des têtes couronnées et qui donna au monde bien des soucis, ne connut jamais la pitié, surtout pour ces quatre là. Rome la vaillante qui s’est accouplée avec des hyènes, profanant un Dieu, irritant bien des peuples et des poètes, hurle sa frénésie sanguinaire. Quelle malheureuse contrée pour qui la mesure de l’amour est un précipice. Ce langage qui étreint sa gloire, qui cite l’infernal Caron racontant la chute de ces races criminelles et de ces légions rebelles, dévoile tout autant cette main qui broya par l’amour ces horreurs secrètes. Qui peut donc entendre cette voix qui chante comme les anges et qui murmure que cette lugubre armure est tombée comme une pierre? Je dis, le ciel rappela à ses lâches fils les noms de ceux qui se sont immolés pour eux, portant un si lourd fardeau qu’aucune autre pensée que la croix ne pouvait les apaiser. Voilà Rome la rebelle devenir aussi flamboyante que Jérusalem et l’on raconte partout que ce lieu où trône Dieu, penche une lumière que bien des peuples aiment à admirer.
Antoine Carlier Montanari