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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

29 Jan

Réanimation Economique

Publié par AntoineCarlierMontanari.over-blog.com  - Catégories :  #actualité

                                                                                                                                                                                                                       spectateur  Il se peut que dans l'univers visuel qui s'apparente aujourd'hui à une autoroute surchargée, l'homme tend à ne plus voir ce qui lui correspond vraiment. Il y a comme une décadence de l'image, et sans avoir peur du terme je me suis attardé sur cette pensée en y trouvant une réflexion qui mérite d'être partagée. En effet je poserai le regard sur le monde de l'animation qui je crois est symptomatique de ce surcroît visuel.

 Lorsque Walt Disney s'est efforcé de donner au monde l'image ce qu'il avait dans la tête, il s'est empressé de rechercher les racines littéraires qui ont animées et qui animent encore les hommes. Il s'est déplacé en Europe, s'est attardé dans les librairies et s'est approprié les oeuvres fondatrices. Recherchant avant tout les récits propre à exprimer les allégories qui ont fondamentalement enrichies la compréhension de notre nature. Il en a résulté d'oeuvres cinématographiques qui ont bouleversées et inspirées les générations qui ont suivies. Animant avec acuité les écrits de Lewis Carrol, Carlo Collodi, Charles Perrault ou encore Rudyard kipling, Walt Disney s'est placé dans une continuité littéraire qui exaltait la nature humaine. S'appropriant ainsi un héritage précieux mais surtout plein de promesses pour un monde qui allait devenir tentaculaire. Un retour aux fondamentaux qui permettait d'asseoir dans l'histoire les oeuvres majeures, de retracer le monde à travers les yeux de ceux qui l'ont le mieux compris et de pourvoir au présent les bénéfices du passé. L'animation à la main devint le chantre des contes et légendes, pourvoyant au regard l'image que l'on avait de ces récits. Déployant l'allégresse au regard et enchantant les esprits curieux, Walt Disney posa la pierre fondatrice d'un univers allégorique. Le cinéma comme source de ravissement et de plaisir, insufflant au passage le passé glorieux du vieux continent. Les récits épiques, les fables édifiantes et les légendes qui font rêver permettaient l'élaboration d'un monde d'images où les dessins prenaient vie par le talent humain. L'homme derrière sa table retraçait avec toutes les difficultés de sa technique, l'émotion qui devait se dégager de la scène en action. Il cherchait, observait, recopiait, imaginait et figeait la beauté dans une éloquence visuelle. Walt Disney a donc rassemblé tous les talents nécessaires pour permettre l'édification d'une oeuvre à la proportion de son exigence. A la manière de Jules II qui fit bâtir Saint-Pierre de Rome et qui demanda à Michel-Ange de peindre la chapelle Sixtine, il édifiera une oeuvre forte et inspirée gravée par la main humaine. Tout son travail consista à puiser l'inspiration chez les maîtres pour insuffler le fond à la forme. Sa quête de la perfection s'élaborant dans le passé, attentifs aux besoins de son imagination et aux talents des hommes, il prit ce qu'il avait besoin et constitua à son tour une oeuvre, qui magnifiée par l'adresse des mains s'ajusta au regard de l'histoire culturelle et devint à son tour un phare. De ses équipes de dessinateurs, d'aquarellistes, de modeleurs de sculpteurs ou encore de peintres, travaillèrent et partagèrent une vision qui se voulait didactique. L'on pourrait s'attarder d'avantage sur la charpente créatrice du personnage et évoquer sa puissante interprétation des contes et des légendes. Ce qui au détour permettrait d'engager une meilleure compréhension du besoin essentiel pour construire une oeuvre majeure et non pas une simple anecdote culturelle. Mon analyse, en ces termes rejoindra la conclusion que le produit multiplié des images, à l'heure actuelle, est justement le fruit contraire de ce que j'ai commencé à expliquer.

 Donc en continuant mon raisonnement, s'il s'en faut, et pour les esprits encore perplexes ou qui ne voient pas où je veux en venir, nous nous attarderons sur  Miyazaki. Encore un personnage rugueux, où la complexité humaine est un trésor d'aventure. Avant tout exigeant avec lui même et soucieux de donner à ses congénères des images édifiantes et réfléchies. Arborant sa création sous celle de Paul Grimault et Jacques Prévert, "Le roi et l'oiseau", une oeuvre majeure dans l'animation, Miyazaki débute son oeuvre avec l'intention d'atteindre le même niveau. Le regard fixé à l'écran, décortiquant le moindre plan, il s'émancipe avec son ami Takahata en créant un studio, tout comme Walt Disney, pour montrer aux hommes ce que peut produire la main lorsqu'elle est soumise aux grandes inspirations. Il va rechercher dans les contes et légendes du japon, les histoires de fées et de démons, de guerres et  de paix, calquant les personnages historiques en les magnifiant de manière personnelles à des thèmes qu'il veut enrichissant pour l'âme. Il lie aisément et sans difficulté le passage de la jeunesse à la vieillesse comme une insistance personnelle sur le fait que le présent est nécessairement attaché au passé. Une vision qui se traduit par l'amour partagé entre le temps qui a passé et le temps qui arrive, une jointure qu'il traduit au travers de personnages racés blessés par la vie et qui le plus souvent font preuve de suffisamment de sagesse pour conduire les jeunes pousses à l'accomplissement de leur tâche. Tout comme Walt, il puise aussi ses racines créatrices aux sources du vieux continent notamment par le roman de Dianna Wynne Jones "Le château de Hurle", les inspirations avouées de "La petite sirène" d'Andersen ou encore les raccords historiques d'entre deux guerres en Europe dans "Porco Rosso". Quand aux dernières oeuvres du studio Ghibli elles sont toutes issus de romans anglais du début du vingtième siècle (Mary Norton et Ursula K. Le Guin).

 L'on se voit donc contraint de comprendre ce qui animent les deux plus grands maîtres de l'animation. Leur renommée est sans équivoque, leur nom est  une référence, par la manière qu'ils voient le monde et surtout dans l'accomplissement du travail qu'ils considèrent comme précieux. Une recherche de la qualité par les moyens mis en oeuvre, d'un attachement aux oeuvres du passé et du redéploiement de l'homme dans sa construction du monde. La main de celui-ci façonne des chefs d'oeuvres où le temps qui passe déterminent à leur avantage le fruit d'un dur labeur.  La récompense se mesure au temps qu'il a fallu pour l'édification de chaque film. Une ascèse exigée par les deux maîtres à leur studio,  une volonté sans faille dans l'accomplissement des diverses tâches et dans le respect des techniques pour établir le talent de l'homme au pinacle de la cité. Ni recherche de bénéfice, ni contrainte budgétaire, ni abêtissement  des histoires, et que sais-je encore, s'écartant ainsi de toutes contraintes idoines à la rentabilité, caractéristiques propres aux studios d'aujourd'hui qui les épousent à bras déployés.

 La valeur des grands hommes, de ceux qui nous montrent la voie, peut se mesurer au respect qu'ils ont de leurs proches, de l'intérêt qu'ils portent à l'édification de nos âmes. C'est pourquoi, l'on peut voir aujourd'hui le choix qui a été fait pour nourrir nos yeux. La multiplication des films d'animations, produit de la machine où l'homme s'est dissout aux exigences mathématiques de logiciels, qu'il a fallu élaborer, éliminant ainsi les compétences et les dons de chacun dans le but de façonner des films par des informaticiens. L'essentiel étant de nourrir des disques durs en combinant des multitudes de données et de fournir aux consommateurs des états sentimentaux qu'ils ne peuvent avoir au quotidien. Il en résulte donc une quantité sans cesse plus grandes de films où les héros et les histoires s'entremêlent et se définissent par une combinaison logique et voulu de l'outil informatique. L'homme est subordonnée à la machine dans l'attente qu'un supra logiciel  le remplace définitivement. Bientôt et en assumant pleinement l'ironie, l'enfant dans sa chambre se verra gratifier de pouvoir réaliser lui même ses propres films en proportion de l'ordinateur que ses parents lui auront acheté. L'homme ne comprend plus l'image, il l'a galvaude, l'assimile aussi vite qu'il l'oublie et en fabrique autant qu'il le désire par un simple clic sur la souris. Il aura fallu six ans à Michel-Ange pour peindre les fresques de la chapelle Sixtine et il en faudra moins d'une journée à un ordinateur pour en faire de même. La raison se veut garante de ce qui pourrait apparaître totalement négatif, c'est à dire et je préfère le préciser pour ceux qui n'auraient pas totalement compris le coeur de ma pensée,  qu'elle m'empêche de conclure définitivement de penser que l'outil informatique n'est pas une cause nécessairement mauvaise pour l'homme mais qu'il apparaît comme une résultante tendant à uniformiser un monde en le vidant de ses richesses multiples et variées. Ce qui me ferait dire qu'une image fabriquée en Californie tendra irrémédiablement à être singée par le reste du monde. L'on voit ainsi apparaître des clones visuels de ce qui se fait à hollywood et sans mesure de cet incidence, la singularité de chaque peuple et donc de chaque artiste se voit annihilé et promise à se dissoudre dans des studios qui répondent avantageusement aux actionnaires. L'on peut constater ainsi que la fabrication d'un travail artistique résulte non pas de la décision de l'artiste lui même mais de sa soumission à des valeurs monétaires. Il se voit donc contraint de perdre sa liberté et d'orienter son savoir faire à la manière de ceux qui planifient les recettes du succès. Ma conclusion est sans appel, les fautifs ne sont pas seulement ceux qui organisent ce tout, car finalement ils sont à vos ordres, ils suivent vos orientations culturelles et vous les appelez  à vous nourrir toujours plus d'une pâte insipide. Vous vous ruez dans les salles pour applaudir le énième "shrek" et vous ne faîtes aucun effort pour encourager par exemple "l'illusionniste" de Sylvain Chomet. Votre fourvoiement est à la hauteur de votre déracinement et votre allégeance au monde monétaire vous rappel l'insipidité qui peut vous caractériser. Vous encouragez la machine et vous videz l'homme de sa substance au fur et à mesure des choix culturels que vous faîtes. 

 Perplexe quand à l'avenir de l'image dans notre monde mais pour contredire ceux qui souligneront à mon égard un pessimisme mal placé pour ne pas dire réactionnaire, je m'appuierai sur l'exposition phare de l'année 2010 qui a vu Monet s'imposer comme l'artiste de l'année avec ses 900000 visiteurs ou encore de la nomination aux oscars de l' Illusionniste et du succès d'Arrietty au Japon avec 7 millions de spectateurs.  Quand à moi j'ai encouragé les deux premières et je me place donc dans la catégorie de ceux qui encouragent la main de l'homme et par conséquent cette même interrogation doit vous être posée ?

   Antoine Carlier Montanari

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