Paul Krugman
Je vous demande, vous qui parlez comme un socialiste européen, comment votre plume peut autant ne rien dire? A l’aise avec cette opinion qui sert encore ce cadavre rouge et qui crache sur celui qui reconnaît Dieu comme son maître, je vous lis avec l’angoisse au ventre et bouche le nez afin de ne pas sentir ces vapeurs qui égorgent encore mon pauvre pays. Vous ne savez pas ce que c’est d’être nourri par ces hommes de gauche, qui vous inculquent des morales abjectes avec une habilité démoniaque, vivants comme des marquis préconisant à ceux d’en bas les valeurs égalitaires. Leur seule envie est de déraciner le vieux monde dans tout ce qu’il représente, la tradition, la religion et la morale, nulle place est faîte pour la patrie, la famille ou encore toutes ces dispositions issues du décalogue, de sorte que tout ce qui se trouve organisé dans cet ordre devient leur ennemi. A la place, ils trouvent plus honorable le mariage homosexuel, l’avortement, le divorce, la rentabilité, la productivité et toutes ces choses imparfaites qui donnent à la valeur de l’homme une piètre mesure. En cela, vous qui lorgnez de ce côté-là, pensant que le bien ne découle pas d’une valeur supérieure, il est donc inutile de vous dire que la qualité de vos « vertus » suffiraient à rendre fou les maîtres des siècles passés. Pour gagner le salut, en plus de l’humilité et de l’innocence, car c’est bien là la seule conclusion valable d’une vie réussie, nul doute que toute votre idéologie est dépourvu d’élan pour mener au ciel. Je suis de France, comme Balzac, Proust ou encore Verlaine, sans fin je pourrai ici citer la gloire française et rendre ridicule cette langue qui sert vos mots, car j’en ai assez de voir votre arrogance prendre le monde pour un poupée. Cette Amérique qui prend les nations pour des putains, renvoie une image si laide que je suis ravie de ne pas être un de ses fils. Belliqueuse société, qui sait troubler l’eau mieux que l’orage et le vent, ne sait donner au monde autre voix que celle de la guerre et de l’argent. C’en est assez monsieur Krugman, vous et vos frères et celui qui vous sert de président ne valent pas mieux que ces républicains que vous pointez du doigt! De grâce, tel que je me trouve ici, au milieu de la foule, tournant tantôt à droite et tantôt à gauche, me dégageant à force de promesses, je sais reconnaître celui qui ment! Pourtant, c’est bien celui-là que les gens demandent: comment se peut-il donc que leur espoir soit vain? Et si l’on veut y penser d’un esprit reposé on dira qu’il est pauvre le peuple qui écoute le renard. Alors dîtes-moi si vous participez de cette honte qui consiste à cacher la vérité, et faire croire dans les offices publics que l’on peut résoudre les problèmes par la croissance! Vous que des lauriers couvrent les épaules, si puissamment comblé par l’élite et leur pouvoir, vous ne voyez pas ce rivage qui calme la furie du vent et la violence de la mer, ces hautes contrées ravissent bien le cœur des humbles. Ne croyez pas mériter plus que ce qu’ils vous ont donné, car ce que vous choyez n’est rien de plus qu’une auréole de mots qui si elle porte en elle les caractères de la gloire, contient tout autant les prémices du mensonge. Entendre autant d’allégeance à cet ordre en place, criant ses mérites et sa dignité comme si le monde se complaisait de tout cela est abjecte et si ma verve pouvait pourfendre la vôtre, elle le ferait de la manière la plus franche et la plus redoutable! Qu’avec plus de vigueur, après avoir lu vos articles dans ce journal si zélé, je penche mon visage à l’eau clair pour lui susurrer tout mon désarroi et lorsqu’elle me montre cet amour qui fut le premier à descendre, alors je me dresse vers le soleil et je lui prie de vous sauver! Si pourtant vous me lisez, car en cela je n’en suis pas sûr, à cet esprit français que j’honore et qui me sers de demeure, vous y verrez cette volonté de s‘affranchir de ses tortionnaires. J’entends par là, autant qu’il est permis à l’homme de se constituer libre et fils de Dieu, que cette qualité qui sert les grands hommes engendre bien plus que des palais et des titres honorifiques et si vous daignez voir plus loin que le bout de votre nez, vous y verrez ce coin caché entre nos pierres. Là, si désiré par celui qui règne là-haut et convoité par son contraire, trouve en vous de si divers génies que rien ensuite ne vaut plus que l’amour de l’Amour. Mais la nature humaine montre bien des faiblesses qui freinent l’élan du cœur à la miséricorde, prier est quelque chose d’honorable et celui qui en use bien vous dira de vous taire pour faire silence. Car du haut de votre tour vous n’avez pas connu ces révolutionnaires français qui ont tranché la tête à ce pauvre peuple aimant, lui inculquant des lumières qui vont si bien à l’enfer et qui préconisent pour être libre de prendre pour déesse cette doctrine malfaisante qui s’appelle matérialisme. En tout cela je vous cracherai bien les rancoeurs de Chateaubriand et de Rimbaud, les pensées de Simone Weil (la philosophe) ou les leçons de Balzac et si je m’arrêtais là sans évoquer Dante, la raison me le reprocherait. J’ai parlé de façon que vous puissiez comprendre, et que ceci vous serve à fondre la cire qui bouche vos oreilles afin qu’elle ne rentre pas farder ma pensée. Vous avez de cela des preuves évidentes mais vous avez le visage collé au sol, incapable de le relever pour voir les splendeurs éternelles et entendre ce divin cantique de ce grand roi que l’on nomme David et qui étiole l’argent et le monde. Alors monsieur Krugman, si l’éclat qui servit à former cette croix abreuvée de sang ne peut vous atteindre, votre substance propre ne peut scintiller de cette liberté qui grandit l’homme. Oui, car celui qui crie sa joie parce qu’on meurt sur terre pour vivre au ciel, se moque bien des théories de ce monde, et s’il vient à les entendre il saura que leur portée ne dépasse pas la course d’une flèche lancée par un arc. Cependant l’ardeur qui me nourrit, pareil à un feu puissant, faisant qu’on le distingue des autres par sa clarté, comprendra qu’il ne faut point abandonner la valeur de l’autre et si je dis cela c’est pour bien mettre en mesure l’expression de la vérité. Et pour mieux entretenir la sainte charité, la seule qui vaille les besoins de mon âme et qui m’apporte le plus doux des trésors, je continuerai donc la lecture de vos écrits, tel qui le faut pour distinguer les jours malheureux des jours heureux.
Antoine Carlier Montanari (commentaire suite à l'article de Paul Krugman intitulé "Républicains: le syndrome du conservatisme sévère", paru dans l'édition du New York Times du Figaro le 18/02/2012) Commentaire envoyé à Paul Krugman par l'intermédiaire du site du New York Times.