Monsieur Clint
L'on pourrait admirer l'homme sans mesure et sans complexité, de cette part que la plupart ne révèle jamais et qui se montre louable aux yeux de tous pour sa capacité à révéler la pertinence de ce qui nous entoure. Monsieur Clint s'approche de la condition humaine et tente, dans un regard teinté d'altruisme, de montrer avec justesse les dérives de celle-ci. Il peut faire preuve, d'une certaine manière, au regard que pourrait avoir un homme saint sur ses frères, mais se serait arrogant tant le personnage semble forgé à la trempe de Mars. Rugueux et fier, peut-être magnanime, terme plus idoine à l'homme vertueux, mais monsieur Clint témoigne au regard de la miséricorde. Si l'on considère l'élan sensible qui le caractérise mais également son talent, il faut donc considérer l'arbre à ses fruits. Au regard du dernier opus, d'une oeuvre qui se veut compatissante à la blessure humaine, Monsieur Clint libère un thème, qui trop souvent est considéré comme inintéressant aux besoins immédiats de la société. A ce moment, vous vous demandez peut-être les causes qui m'ont vu choisir cette expression pour le nommer, Monsieur Clint. Je pourrai tenter de l'expliquer sans pour autant qu'elle ne puisse vous satisfaire. Je suis conscient que certains la trouveront non adéquate mais ce choix provient d'avantage d'une admiration de ma part en lui gratifiant par ce patronyme, quelques lauriers, un titre qui je pense lui attribue le mérite que je crois lui devoir. Donc, Engagé dans les tensions psychologiques et des tournants qui parachèvent l'humanité, le réalisateur pour ne pas dire Monsieur Clint, se veut confiant dans ce qu'il montre. La recherche constante de ce qui anime l'homme traverse ses choix et permet la mise en lumière de ce qu'il conçoit comme essentiel à l'existence. Une manière singulière brode une tapisserie qui se veut lumière pour ses congénères et tente inlassablement d'identifier l'ordre qui régit le monde. Au regard de l'histoire qui se déroule, pris dans une réalité pesante, Monsieur Clint trace la ligne qui lie les protagonistes. L'érosion du quotidien s'avère essentielle pour raconter son histoire, le réalisateur nous parle de la domination des forces qui nous maltraites ou qui nous sauvent et dessine une succession d'images illustrant le message qu'il veut faire passer. L'au delà et ses interrogations, envisagés de la manière la plus simple, épurée des artifices spectaculaires, et remis dans le contexte qui est le nôtre à chaque instant. Les scènes sont dilatées, comme le déroulement du temps, afin de souligner la pesanteur terrestre et d'extirper le voyage de l'âme. L'interrogation du devenir à la réalité présente, confère une méditation existentielle et scinde en deux groupe l'humanité. La question est fort appréciée de ceux qui cherchent une raison à leur condition terrestre, d'une certaine mesure de l'éternité et les autres plus soucieux des affaires du quotidien. Le regard ainsi posé ne prend pas forcément cause, il souligne le choix que l'on peut faire et selon la direction que l'on prend, la vie prend alors un sens différent. En quête ou non de transcendance, les évènements de la vie nous renvoient toujours à la mort. L'on peut évidemment faire fi des questions qui sont gênantes et souvent désagréables pour ceux qui ont le visage collé au sol, mais le fait de l'histoire et de la culture nous pousse à chercher la vérité.
Le refus de ce qui anime profondément le personnage principal, souligne notre désarroi face à la mort. La relation avec ses congénères ne lui apporte pas la paix nécessaire et démontre ainsi l'incapacité humaine à imaginer le monde sous un autre aspect. La perte des repères survient dans une société abstinente des questions spirituelles et la quête s'avère difficile pour ceux qui cherchent la vérité. De même, Le jeune garçon est ainsi contraint de fuir et bute sur un monde aveugle des demandes de l'âme. Personne ne semble le comprendre et les solutions matérielles qui lui sont proposées lui renvoit à l'impuissance des adultes sur les difficultées de l'existence. Forcé de constater qu'il ne peut effacer son chagrin, il se renferme et décide de trouver la solution par lui même. Un voyage qu'il entreprend pour trouver la paix, retrouver ce qui maintient l'équilibre de sa vie. Confronté à l'attitude de la multitude, qui enferme celui qui tente de comprendre ou d'envisager l'existence de la vie après la mort. En effet, la plupart affirme l'inexistence de ce phénomène et tente de se rassurer par des des suppositions d'ordre scientifique. Le rationalisme, l'arrogance, le déni de Dieu détournent généralement les gens vers une vie purement terrestre, effaçant ainsi toute conception supérieure de l'existence. Le rattachement aux valeurs matérielles imputent à l'esprit les consistances d'ordre intemporelle et l'homme nivelle sa vie en fonction des contraintes et des caractéristiques de son existence physique. Ainsi au personnage de la journaliste, la mise en demeure de ses nouvelles convictions, lui font comprendre la futilité de certains esprits. La quête de la réussite, du pouvoir et de l'argent lui démontrent l'endurcissement des coeurs. Ils s'émancipent à la mesure des trophées et comblent les frustrations par des rêves d'ordre temporel. L'arrachement aux obligations de ce monde est donc difficile lorsque l'on est soumis aux dogmes économiques et s'attendrir des faiblesses des autres est quelque peu compromis. Ceux, sans conceptions religieuses et morales qui placent l'existence dans un tout plus vaste et plus intense que le visible, se voient dépourvu au jour qui les soumets aux expériences cruelles. Le besoin de Dieu, de croire à un monde meilleur, est idoine à la nature humaine. Ce besoin s'affirme dans les contradictions de la vie et de son cheminement. Enfoui au plus profond de nous comme un gène qui tend à rappeler notre misère face à l'immensité. Il ne servirai à rien de dire ou de tenter de rationaliser cette pensée, de toute évidence elle se mesure en chaque être, à différentes proportions et se manifeste souvent lorsque celui-ci est soumis à une expérience particulière. Notre journaliste donc, soucieuse de comprendre ce qui lui ait arrivé, se voit contrainte de voir la vie autrement. De nouvelles interrogations apparaissent et rendent ainsi caduques les chimères du monde. Confrontée à cette logique qui oublie l'essentiel et qui ne peut répondre favorablement aux interrogations qui ratissent l'esprit et pour conjurer cette incapacité, elle durcit les coeurs et renferme l'innocence en subordonnant les êtres à des fondements matérialistes.
Monsieur Clint, donc, nous renvoie à la manière de Dickens, à des fantômes qui sont susceptibles de réveiller notre conscience. Révélant à sa manière la dualité qui nous anime, permettant la remise en question de ce qui est superficiel en essayant de retrouver l'essentiel. Il peut être rassurant de voir les protagonistes devenir meilleurs, en symbolisant à eux trois, la famille humaine en pleine reconstruction. Le sens de leur rencontre apporte à la raison le sentiment que certaines choses sont conduites pour le bien commun. La compréhension par l'esprit de l'existence d'une chose est dépendante du moyen par lequel l'on peut l'observer. L'oeil en est un mais d'autres instruments permettent se voir ce qui ne peut se voir par celui-ci. Permettre au regard qui est le nôtre de comprendre les interactions qui nous environnent, de prendre possession des éventuels concepts qui nous lient à l'existence. Le pourquoi des évènements, le prologue et l'épilogue de notre cheminement pour peut-être ainsi améliorer la condition des générations qui viennent.
Antoine Carlier Montanari