Réponse Ouverte à Maurice Ruben Hayoun
Ce que je dois dire, vous dire vraiment, que toute votre analyse paru le 12 août dans le figaro, freine quelques compréhensions plus savantes sur la situation dans la région. Il y a le temps de la lecture, de la compréhension puis de l’analyse; à multitude de points de vue, le vôtre, particulièrement, si lénifiant, qui transmets cette impression de superposition, m’a véritablement angoissé ! Vous avez, on peut le dire, donné une explication presque inutile de la situation iranienne, il y a pourtant d’autres gammes, certainement plus fouillées, plus pertinentes et surtout plus courageuses. Confus donc en lisant vos mots, qui jamais ensemble et dans un même sens ont pu honorer la subtilité, vaguement travaillée, sans halo pourtant et surtout décevante pour le titre que vous portez. Ce que vous ne dîtes pas, qui pourrait s’avérer juteux pour le lecteur, l’interaction entre l’Iran et les pays occidentaux peut-être diplomatiquement concevable que si il y a une reconnaissance mutuelle des intérêts de chaque puissance et jusqu’à présent les intérêts de l’Iran n’étaient pas pris en considération. Remonter l’histoire aussi jusqu’au Sha, et la volonté américaine de toujours montrer du doigt l’Iran pour protéger ses alliés dans la région comme Israël et l’Arabie Saoudite. Cet impérialisme souterrain, qui ne se cache plus trop d’ailleurs, tente par les moyens qui lui convient de mettre au pas les récalcitrants, le blocus économique, l’utilisation des drones et la guerre en dernier recours. Chavez et Kaddafi l’ont dénoncé, l’on sait aujourd’hui ce qu’ils sont devenus, l’on peut comprendre pourquoi désormais le bloc de l’Eurasie ou les pays de la BRICS veulent sortir de ce leadership américain. Le rôle de l’Iran, comme la souligné le docteur Rouhanni, il s’agit que chacun se maintienne sur ses intérêts, chacun défend son indépendance, chacun demande le respect d’autrui et par là même respectera les intérêts de chacun. C’est en sorte une république générale, une république des nations et ce qu’il faut dire que seuls ceux qui se prennent pour un empire dans un empire comme disait le philosophe Spinoza, ceux qu’ils veulent être un état dans l’état, ceux qui en réalité veulent que les autres se battent pour leur intérêt propre, c’est ceux-là qui sont justement à la tête du cœur contre l’Iran. Les négociations atomiques, les négociations sur tous les sujets en particuliers sur le retour de la paix en Syrie, tout ceci bien sûr doit se faire dans le respect des nations. La politique Syrienne de l’Iran a montré sa reconnaissance de l’état l’égal syrien comme pour mieux signaler que les autres nations se doivent à la même indulgence en ce qui concerne par exemple son droit à l’énergie atomique. Quant à l’état d’Israël, il ne veut même pas appartenir à l’organisation de l’AIEA, on parle ensuite des états voyous, l’Iran apparait le contraire de cela, il est le garant de son peuple et de ses intérêts même si ses intérêts ne sont pas ceux des Etats-Unis. Pensée virile, toute réveillée, toute sortie de l’esprit de Pierre Dortiguier, qui remet au moins en place certaines notions oubliées. Il faut être pion en effet pour donner foi à la vôtre, aussi, au diable devrais-je dire, cette pensée unique qui bouffe tout, tout comme le grand Cronos, qui remplit sa masse pour lui-même. Au-dessus, en dessous, insensée matière, qui engloutit toutes et tous pour vomir des pierres, des pierres pour Babel, monument de merveille, d’arrogance, qui tonne sa colère afin de régner sur les hommes et sur les dieux. « Plus c’est gros, plus ça marche » disait Edward Bernays, cette fabrique met en scène un ordre nouveau au service du capitalisme américain ou de l’internationale communiste, dont l’histoire nous rappellera sans cesse les effets du nazisme si nous décidions de nous en écarter. Un processus de culpabilisation mené comme un rituel dont le crédo est « plus jamais ça ! ». L’arme absolu pour certain, qui prendra malin plaisir à dire « demain le mondialisme ou le retour d’Auschwitz », à partir de là, l’Etat juif se voit auréolé d’une existence qui prévaut sur toutes les autres. Ce projet est rondement bien huilé, sacralisé de plus, comme son peuple d’ailleurs, avec l’idée même que tout devoir de mémoire passe par la Shoah. Nous y voilà donc, osé seulement souligner certaines pertinences du discours du nouveau président iranien, suffirait à se rendre coupable d’hérésie ou pire de traitre, mais peut-être aussi de résistant, c’est là un point de vue qui se choisi. Pour cela et pour bien d’autres choses, je suis donc un homme révolté, je suis las, pour reprendre Camus, des gens qui n’ont jamais mis que leur fauteuil dans le sens de l’histoire.
Antoine Carlier Montanari (commentaire suite à l'article de Maurice Ruben Hayoun, intitulé "Les déclarations du nouveau président iranien: une rhétorique inutile" paru le 12 juillet 2013 dans le Figaro)