Lady Gaga : Chronique (1)
En parler, d'une manière à partager les sentiments qu'elle provoque en moi. Une certaine ambivalence alimentée par sa rigueur professionnelle et sa vocifération débridée des comportements sexuels. Attributs des grands artistes, souvent fondateurs d'oeuvres majeures, qui soulignent avec exactitude les forces qui tiraillent la nature humaine. Pourtant loin de conférer la dignité qui donne à l'homme sa position de saint, elle incrémente son art aux désirs les plus exacerbés, des fantasmes de jeunes femmes qui deviennent des odes à la concupiscence. Faisant preuve d'adresse et de maîtrise, elle graine ses talents à l'orientation de son art, développant sans cesse des concepts modernes qui ont pour effet de sacraliser sa personne. Il est indéniable, idiot celui qui penserait le contraire, de voir l'énergie qu'elle développe pour mettre à jour le fruit de son travail. Loin de ces jeunes artistes, popularisés par les médias et qui s'affrontent sans profondeur dans les arènes télévisuelles, elle élève son art et rend la chose plus intense. L'on comprend vite, à qui possède la connaissance qu'elle même a obtenu dans son enfance, de la catholicité, et qui fait d'elle, comme d'ailleurs Marilyn Manson, une rebelle christique. Usant à profit de la symbolique de la croix, rendant la gloire des démons par ses cohortes masculines qui déambulent en l'etreignant comme une reine. Il n'y a point en elle de subjuguation religieuse, sa foi prive son coeur des contemplations qui libère. C'est aux enfers qu'elle a promis son âme, non pas comme Orphée qui voulu sauver Eurydice, sachant qu'au palais qui abrite les dieux, l'on a voulu arracher de la mort ceux qui y allaient. Loin de ces volutes mythologiques, la belle Gaga s'en va contempler la folie des insouciants, traînant à sa suite sa horde de mâles, qui sans consistance prennent à corps la mesure de sa gloire. Et pourtant à lui pourvoir la beauté du démon, usant de séduction et de charme, effaçant ainsi toute innocence qui la rendrait excusable, elle se joue de notre regard et tente de nous fasciner pour mieux nous mordre au pied. Je ne pourrai évidemment rester sur de telles accusations, il me reste quand même les sentiments du chrétien et là peut se mesurer la souplesse de celui qui n'a pas le coeur endurci pour dire qu'il faut bien que jeunesse se passe.
Antoine Carlier Montanari