Artiste Gaga: Benjamin Bergery (7)
En approchant, voir, semble-t-il, une lente bénédiction, laisse l’impression sans clarté, sans preuve de ce que l’on pourrait attendre d’une grande œuvre. Tel est toujours le mécanisme de cet art que l’on dit conceptuel. La faculté d’observation et l’esprit critique ruineront facilement cette dite œuvre, si du moins elle se laisse examiner dans tous les sens. L’observateur assuré, sans extrême faiblesse du bon goût ou du bon sens, saura distinguer dans ces contours ses nombreux manquements à la grandeur du lieu. Les non-initiés ou les témoins peu exigeants, sauront faire preuve d’indulgence, l’inexplicable défaillance de la grandeur humaine pourra se justifier d’une manière subtile. Ce que l’observateur voit alors, ce n’est plus l’objet lui-même, mais l’image évoquée dans son esprit et précisément parce que sa forme semble si désuète face aux fresques de Delacroix ou de Signol. Si le témoin est victime de l’illusion, à la manière du corbeau, dès le départ de cette suggestion, toute évocation du sacré lui sera acceptable. Ce que nous avons intérêt à connaître, le baptême lui-même et commencer déjà par les deux bénitiers de Jean Baptiste Pigalle. Ils ont au plus haut point permis que des foules nombreuses viennent s’y bénir, se serait d’ailleurs là, de la part de l’évêché, une manière de faire redécouvrir ses trésors. Cependant on peut le comprendre, il est difficile aujourd’hui d’obtenir des changements positifs en art, parfois même pour ne pas dire souvent, le résultat reste affligeant voir déconcertant, il ne semble plus avoir d’élève capable de dépasser le maître. Benjamin Bergery ne porte son art que sur les choses tout à fait superficielles, en fait la technique semble suffisante pour exprimer tout le mystère du baptême. Si ici prévaut le concept plus que la forme et le fond, l’ignorance du symbole, le dévouement absolu à l’idéal numérique, on peut dire que jamais l’œuvre n’atteindra le degré de beauté des grandes réalisations du passé. On pourrait se plaindre qu’une si noble église enferme en sa demeure une si piètre image du baptême, semblant ignorer que ce qu’elle porte en majesté est tout dévoué au seul corps du Christ. Ce Dieu, qui tous les jours offre à la multitude sa chair et son sang, béni les foules et les embrasse, à l’intérieur comme à l’extérieur, répand lorsqu’il y pénètre, la puissance de son amour. Telle est la conviction religieuse, si forte qu’il a fallu aux hommes pour honorer leur Dieu un temple à sa grandeur et ce temple se nomme Saint Sulpice. Je me bornerai donc à dire que le peuple de Dieu mérite qu’on le mène à lui par des œuvres qui conçoivent en elle-même l’engouement à la doctrine et une fondamentale beauté qui lentement mais assurément rassurent sur l’importance réelle des sacrements. Car le travail de Benjamin Bergery est d’avantage une idée-image comme il en pleut actuellement et qui rappellera certainement aux foules quelques promotions pour douches, pas plus hélas, quand leur progéniture penseront eux être en présence d’une scène de jeux vidéo. Il faudra dire à l’artiste et à ceux qui lui ont ouvert les portes, que nombre d’idées diverses, au hasard du moment ou sous quelque influence d’esprits sans génie, ne peuvent prétendre être bonnes si en elle-même elles n’ont pas la prétention d’élever la nature humaine de la même manière que le ferait le baptême.
Antoine Carlier Montanari (commentaire suite à l'oeuvre d'art de Benjamin Bergery, nommée "Baptême", exposée dans l'église Saint Sulpice à Paris)