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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

02 Mar

Un Livre Que J'ai Lu (219) : La Révolte Des Animaux (Nicolaï Kostomarov)

Publié par Alighieridante.over-blog.com

 

 Il faut rappeler, comme le précise la présentation que cette petite histoire est à mettre en relation avec la ferme des animaux du fameux George Orwell à qui l'on doit le très célèbre roman d'anticipation "1984". Notre histoire fut publiée en septembre 1917, un mois à peine avant la révolution russe, tandis que celle de Georg Orwell  fut publiée en 1945. Nikolaï Kostomarov (ici), qui est l'auteur de cette courte histoire, est un historien d'ascendance russo-ukrainienne qui naquit en 1817 et mourut en 1885. Il est l'auteur d'une étude sur Le sens historique de la poésie populaire ainsi que d'une mythologie slave. Il fut emprisonné à la suite de soupçons de participation insurrectionnelle à des tendances séparatistes. On comprend mieux alors ce qui a motivé cette courte histoire qui, à bien des égards, rappelle certaines fables de Jean de La Fontaine. 

 

 C'est donc l'histoire d'une révolte de bétail et d'animaux domestiques. Tout commença un soir quand un taureau entama une discussion avec les boeufs et les vaches sur leur condition. Le taureau sema alors l'idée d'indépendance et quelques sentiments vengeurs. Il leur expliqua qu'ils méritaient un sort meilleur que celui dû par la nécessité à endurer la servitude. L'homme, dit le taureau, est un tyran et par son intelligence supérieure à la nôtre, et de mémoire animale, il nous a réduits en esclavage. Il n'y a pas plus méchant sur terre que l'homme, poursuit-il, et ce tyran sans coeur est plus méchant que tous les animaux. Ainsi, pour s'extraire de cet état de servitude absolu qui se maintient de génération en génération, le taureau préconise de s'opposer à l'homme en lui donnant des coups de cornes et autres actions de ce genre-là. Ce discours véhément et insurrectionnel fit mouche et il se répandit dans tout le peuple animal.

 

 Je ne dévoilerai pas la chute de cette histoire pour laisser le lecteur apprécier la sévérité du réel. Toutefois, je ne conclurai pas cette fiche de lecture sans évoquer ce petit ouvrage de Trajan Boccalini (ici). L'écrivain italien du XVIè siècle fait référence à Nicolas Machiavel qui, la nuit, a été surpris dans une bergerie en train de greffer des dents de chiens à des brebis. Nicolas Machiavel dont les analyses reposent sur une approche pragmatique et réaliste de la politique, essaie d'aider le peuple des brebis à repousser les loups. Les unes, à savoir les brebis, ont le confort et de quoi se nourrir et les autres, c'est à dire les loups ont la liberté absolue mais doivent chasser pour se nourrir. Il y a bien entendu un message politique derrière cette histoire. Machiavel dit en creux que le peuple, c'est à dire les brebis, doit être capable de se défendre face à des tyrans ou des despostes. Cependant, il doit se défendre non pas avec des dents de loups mais avec des dents de chiens car le peuple doit non pas devenir un prédateur comme le loup, mais simplement conserver sa liberté en montrant les crocs au tyran. 

 

 Pourquoi je vous dit cela ? Pourquoi je compare ces deux ouvrages. Dans la Révolte des animaux, Nikolaï Kostomarov évoque par deux fois les dents. A la page 42 (ici, en haut) , il écrit : " Frères ! Vous n'avez donc ni sabots, ni dents ? Vous ne savez donc par ruer et mordre ? ". A la page 59 (ici, en bas), il écrit : "Et on va vous mordre avec nos dents ! ont-ils tous hurlé." Ces deux passages établissent un rapport direct avec la notion préalablement évoquée. Il est évident, que d'après ce principe et il y aurait tant de choses à dire à ce propos, l'humanité est en quelque sorte coincée, voire piégée. En effet, ce que l'on nomme oeil pour oeil et dent pour dent, est une disposition naturelle qui mène à la guerre de tous contre tous.

 

 Mais cette notion ou ce principe a été remis en question par le Christ que l'on compare à un agneau du fait de son innocence. Et cet agneau a été mis à mort sans broncher. Etant Dieu et ayant accompli moult miracles durant son passage sur terre, il aurait pu être loup mais il a choisi d'être brebis. Le christianisme nous a donc appris à préférer subir l'injustice plutôt que d'en être l'auteur. Le Christ a ainsi inversé l'ordre naturel en affirmant que les premiers, selon le monde, c'est à dire les plus forts, seront les derniers selon le Ciel. Et les derniers, c'est à dire les plus faibles selon le monde, seront les premiers selon le Ciel. Certes entre Nicolas Machiavel et le Christ il y a un fossé, toutefois, il faut rappeler que la jeune pucelle d'Orléans a sorti l'épée pour vaincre les anglais. C'est dire que le Ciel, parfois, recommande de devenir un loup. 

 

Antoine Carlier Montanari

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