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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

29 Dec

Un Livre Que J'ai Lu (213) : Un Parfum à Sentir Ou Les Baladins (Gustave Flaubert)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Gustave Flaubert

 

 Lire Flaubert c'est épouser le style français, qui, je crois, seul peut donner à la pensée une compréhension singulière de la vie. C'est à dire une appréciation d'une certaine manière d'être, on peut parler d'existence flaubertienne. Les personnages de Flaubert, dans ces deux nouvelles, sont associés à des couleurs qui soulignent l'infortune ou son contraire. Par exemple, dans la première nouvelle, "Un parfum à sentir", le rouge est associé à cette femme nommée Marguerite que les années ont flétri. Elle avait les cheveux rouges, la taille grosse et le pied large. Flaubert ajoute, une femme rouge aux joues épaisses. Quelques lignes plus loin on peu lire, son visage était couleur de pourpre, ses yeux tout violets et pleins de sang, et ses veines gonflées. Trois pages plus loin elle est surnommée, La Rouge Laide. Ce rouge est opposé au blanc. Ce blanc est associé à une autre femme, aussi jeune que belle et nommée Isabellada. Sa taille était fine, svelte, et se pliait, et s'abaissait, et se dressait comme le cou d'un cygne. Un léger jupon blanc venait serrer sa taille. Et sa gorge si blanche, blanche comme du marbre le plus blanc. Quelques pages plus loin on peut lire, qu'Isabellada est plus jolie que Marguerite, son sein palpite avec grâce et comme ses mains sont blanches.

 

 Dans la seconde nouvelle, "Passion et vertu", le blanc, le rouge et surtout le noir, s'immiscent pour se concilier avec la mort. Le noir et le rouge, voluptés flaubertienne qui débauchent le blanc pour se faire marbre. Draps noirs, gants noirs et voiles noirs accompagnent le convoi du mort, le char funèbre, le cortège, les chants des prêtres, le lit mortuaire, les fossoyeurs et les tombes et tout cela durant l'hiver, lorsque la neige tombait. Le blanc est ici désigné par les bougies, le linceul et le froid tandis que la pâleur se fait cadavre, damnation et fantômes. Le rouge se retrouve dans le soleil couchant, le sang et les veines. Au chapitre IX, on peut lire, ses yeux étaient encore bien rouges de pleurs, les meubles étaient couverts de drap rouge, ses joues étaient pourprées et le sang allait lui sortir par les pores. Dans l'avant dernier chapitre, Flaubert écrit, elle ... prit quelques gouttes de poison qu'elle avait versées dans une tasse de vermeil. C'est là que tout se mèle. Flaubert se fait vigneron pour vendanger la mort avec cet art baudelairien aussi funambule que théâtral. 

 

 Ces couleurs fabriquent l'atmosphère flaubertienne. Ces femmes consumées par l'amour finissent par haïr Dieu et maudire la vie. Cet élan morbide est appuyé par une série d'expressions très baudelairiennes comme l'oeil d'un damné qui vous regarde, Elle aimait rien et portait de la haine à tout, elle appelait l'enfer à son secours et se roulait en demandant si Satan enfin n'arriverait pas. Au chapitre IV, Flaubert est véritablement Baudelaire (ici),

 

"Mazza aspira cet air de corruption à pleine poitrine, elle le sentit comme un parfum et pour la première fois ; alors elle comprit tout ce qu'il y avait de large et d'immense dans le vice, et de voluptueux dans le crime."

 

 Flaubert traite de la passion amoureuse qui dévore la femme et qui respire en elle comme un air empoisonné. Finalement la femme serait destinée à n'être qu'objet de concupiscence à l'image de Salomé qui par la fraicheur et la jeunesse de son corps envoûtera Hérode Antipas qui un instant délaissera son épouse Hérodiade, elle-même mère de la jeune danseuse (ici). L'éphémère et puissante volupté de la femme est un appât infernal qui piège les hommes aussi sûrement que le miel piège les mouches. Ce réservoir d'amour, aussi hormique qu'obsolescent, perturbe intensément l'homme, au point, parfois, de devenir le jouet de la femme qu'il convoîte. Ca finit souvent mal, nous dit en creux Flaubert. En effet, la passion amoureuse est un souverain remède à nos vies las et qui comme la plus forte des essences nous prépare aux infernales voluptés.  

 

Antoine Carlier Montanari

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