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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

25 Apr

Un Livre Que J'ai Lu (151) : Le Crépuscule De La France D'en Haut (Christophe Guilluy)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu, #Christophe Guilluy

 La France n’est plus la France, la république a désossé le corpus identitaire français et en a fait une démocratie inégalitaire et multiculturelle (p9). C'est à dire que la manière d'être du peuple français n'existe plus, sa vie, pour paraphraser Pasolini, n'est plus qu'un tressautement de marionnette. En peu de temps, tout au plus quelques décennies, nous dit l’auteur, la logorrhée mondialiste s’est appropriée les principaux axes civilisationnels de la France et a fait basculer l'ethos français dans une idiosyncrasie américaine, faisant du français un phénotype désuet. L’art de vivre à la française est dissout par un modèle libéral libertaire qui se soucie peu de l’identité et de l'enracinement très spécifique du peuple français. Ce basculement vers une démocratie à l’américaine a entrainé la mise au ban des classes populaires qui sont les véritables perdantes de la mondialisation. L’auteur, Christophe Guilluy, parle de chaos que la République tente de masquer à travers des valeurs qui sonnent de plus en plus fausses. A l’inverse, les gagnants de la mondialisation qui forment ce que Christophe Guilluy nomme la France d’en haut (p10), sont coresponsables des choix économiques et soutiennent des valeurs progressistes qui perturbent des classes populaires attachées à des schémas traditionnels de gestion de vie. Cette France d’en haut composée essentiellement de « bobos », a redéfini les espaces territoriaux à son avantage à travers ce que l’auteur a nommé les nouvelles citadelles, c’est-à-dire des fiefs aux frontières invisibles et où le prix du mètre carré a fait fuir les classes populaires qui séjournent désormais dans les petites et moyennes villes et les territoires ruraux (p11).

 La France d'en haut est donc devenu la classe qui compte, qui consomme et dont les revenus permettent d'influencer la politique de la ville à travers la gentrification (p20). Ce phénomène déjà abordé dans un des précédents ouvrages de notre auteur (ici), consiste à s'approprier l'immobilier d'un territoire urbain où le prix du mètre carré est bas. Cette colonisation rehausse financièrement le quartier à travers les investissements immobiliers opérés par les "bobos". Tout naturellement de nouveaux commerces comme des caves à vin, des librairies et des magasins bios s'installent et viennent grossir les dividendes de la municipalité. Mais cette terraformation ne s'arrête pas là, la politique de la ville concernant les logements sociaux attribués en priorité aux français issus de l'immigration et aux immigrés eux-mêmes et qui a fait fuir les français de souche pour des raisons de communautarisme et d'insécurité, permet aux "bobos" de trouver une main d'œuvre bon marché.

 Ces nouveaux territoires qui voient cohabiter des classes élevées avec des classes défavorisées, et qui semblent faire la joie de ceux qui prônent le vivre ensemble, ne révèlent hélas pas la fuite des classes populaires traditionnelles qui pour des raisons de délinquance essentiellement, ont déserté vers des territoires ruraux où le prix du mètre carré est abordable et où l'immigration et la délinquance ne sévissent pas. La fabrication d'un discours consensuel et positif masque une réalité de terrain où la communautarisation s'est développée sur le terreau de la mixité sociale imposé par la république (p15). Ainsi les « bobos » en trottinette qui circulent dans ces nouvelles citadelles médiévales, loin de cette classe ouvrière défavorisée qui a fui en province, et tout en profitant d’une main d’œuvre immigrée bon marché, ont reconstitué en quelque sorte une colonisation intérieure qui les font se sentir supérieurs moralement, intellectuellement et socialement. Ces « bobos » considèrent que la mixité ethnique, sociale et culturelle est une nécessité qui doit être imposé à un peuple français peu éduqué mais veillent à ce que leur progéniture ne se mélange pas avec les enfants des quartiers majoritairement issus de l’immigration. En réalité les « bobos » pratiquent l’entre-soi et le réseautage, opèrent une prédation sur l’ensemble du parc de logements privés tout en défendant un modèle social favorable aux cadres (p17).

 Cette classe supérieure se camoufle donc derrière la logorrhée qui prône l’ouverture et le vivre ensemble, les valeurs de partage et de tolérance tout en veillant à ce que ces principes républicains (p19) ne viennent pas détériorer leur cadre de vie. Cette France du haut bénéficie donc des avantages de la mondialisation sans pour autant vivre les effets pervers qu’elle engendre et qui font fuir les classes populaires qui n’ont pas les moyens de s’en protéger (p22), lesquelles sont souvent montrées du doigt pour leur prétendu manque de tolérance (p23).

 Cette France du haut qui pratique donc pour elle-même l’évitement résidentiel et scolaire vote à gauche pour se donner le visage de la tolérance et de l’empathie. C’est ainsi qu’elle maintient au service du marché du travail, une main d’œuvre issue de l’immigration peu qualifié et donc peu couteuse (p40). De la femme de ménage à l’ouvrier qui rénove les appartements, en passant par la nounou et le plongeur du restaurant (p72), ces métiers que l’on offre aux classes défavorisées issues de l’immigration, permettent aux « bobos » de ne pas trop dépenser, l’essentiel de leur budget est accordé à l’achat immobilier et à l’éducation de leurs enfants. Cette domination sociale est bien entendu accompagnée d’un discours anticolonial et antiraciste qui occulte le débat sur les inégalités sociales.

 Cette bourgeoisie « new school » (p28), est cette France privilégiée qui ne produit rien et qui influence tout. En permanence connectée, elle occupe ce que l’anthropologue David Graeber a nommé les bullshits jobs, c'est à dire les emplois à la con. Essentiellement occupé à des postes informatiques, elle est naturellement présente sur les réseaux sociaux, et pratique le « slacktivisme », c’est-à-dire un activisme fainéant (p79). En effet cette mobilisation virtuelle s’active pour les droits des immigrés, l’écologie, la libération des mœurs et toutes idéologies à caractère progressiste. Très active sur le net, et plus instruite puisque plus diplômé, cette France du haut, travaille au désarmement mentale du reste de la population. Son combat pour la défense des droits des immigrés est une façade publicitaire qui cache une dialectique de la culpabilisation dont les effets pervers sont subtilement incrustés dans les esprits des immigrés et des français issus principalement de l'immigration africaine et maghrébine. En effet en leur rappelant systématiquement qu’ils furent colonisés et mis en esclavage, elle maintient vivace un passé humiliant pour les ranger en tant que perdant. Elle les rend prisonniers d'une manière d'être qui peut être résumé par le mot "inférieur". Il se fabrique dans l'esprit de ces immigrés l’idée qu’ils sont congénitalement des perdants. Cet état d’être est réenraciné à travers tout un tas de commémorations et de discours afin qu’inconsciemment se perpétue le fameux complexe d’infériorité. Bizarrement cette politique de l’autoflagellation permanente du "blanc" produit inlassablement l’idée que les uns sont inférieurs parce qu’ils ont été dominés et que les autres sont supérieurs parce qu’ils ont dominés. Ainsi les immigrés sont estampillés esclaves, étiquetés victimes et catégorisés faibles. Bien entendu la classe "bobo" est souvent inconsciente de ce processus d'humiliation parce qu'elle se sait intouchable du fait de ses capacités budgétaires qui lui permettent d'échapper à tout moments à ces populations immigrées. 

 Mais désormais il résulte de toute cette politique d'immigration un communautarisme et des tensions culturelles et revendicatives qui fracturent la société française en autant de composantes qu'il y a d'origines géographiques et religieuses. La fanfare républicaine, nous dit Christophe Guilluy, à la page 118, ne fédère plus les différentes représentations ethniques qui aujourd'hui séjournent sur le territoire comme elles séjourneraient dans un hôtel. Chacune espère prendre une part du gâteau sans se soucier de l'intérêt commun, en somme chacune des composantes tire dans son sens parce qu'elle réalise que le peuple français est sur la pente du suicide et qu'à ce rythme il n'y aura bientôt plus rien à prendre. Les immigrés perçoivent que les français ne s'aiment plus en tant que français, ils sentent que ce grand peuple cesse d'être fier et de revendiquer son expérience d'être qui lui a valu tant de bénéfices, de prestige et de succès. En voyant ainsi les français avoir honte de leur passé, les immigrés, souvent très fiers de leurs origines ne peuvent donc pas respecter l'idée d'être français et encore moins l'idée de devenir français. 

 A la suite de la sélection de l'équipe de France de football en mai 2016 et qui a vu les joueurs d'origine maghrébines écartés, certaines voix ont accusé l'entraineur blanc Didier Deschamps d'être raciste. Cet évènement montra à quel point les communautés ont des revendications identitaires qui sont supérieures à l'intérêt commun. Cette chimie républicaine a fait de la France une terre multiculturelle qui voit la majorité tendre à devenir une minorité et des minorités devenir des majorités en puissance du fait de leur croissance démographique (p120). Cette juxtaposition de communautés sur un même territoire qui tend à se détacher du corpus d'accueil est une réalité qui a été constaté et révélé par des politiques comme David Cameron pour l'Angleterre et Angela Merkel pour l'Allemagne (p121). David Cameron parle de sociétés parallèles qui ne se développent pas selon nos valeurs et Angela Merkel admet l'échec du multiculturalisme. De même cette ancienne élue socialiste, Cécile Pina (ici), parle de connivence et de duplicité d'une partie de la classe politique sur les stratégies communautaires (p123). Certains élus s'engagent dans des relations incestueuses au niveau local avec des minorités tout en défendant les valeurs républicaine à l'échelle nationale. Cette ambivalence mène à une perte de confiance du peuple de français de souche dans l'institution, beaucoup réalisent l'ambiguïté de la logique marchande démocratique qui voit des élus politiques s'acoquiner avec des minorités en vue de faire pencher la balance lors d'élections locales. Cécile Pina ajoute que ces même politiques construisent leur carrière au détriment de l'héritage philosophique, religieux et culturel qui a fabriqué l'éthos français. La chose est particulièrement visible avec l'islamo-gauchisme, certains élus de gauche et notamment les écologistes, pactisent nous dit Cécile Pina, avec certaines franges de l'islamisme compte tenu du réservoir de vote que celles-ci peuvent apporter.

 De ce fait l'islamisme fait progresser ses revendications et profite de la politique libérale des pays occidentaux pour implanter sa doctrine. Ainsi, à cause de calculs électoraux de la part de politiques collaborationnistes, les islamistes bénéficient d'un certain nombre de budgets participatifs qui sont attribués à la construction de mosquées, de centre culturels, d'écoles et d'associations qui militent pour les intérêts des musulmans. En pratiquant ainsi une politique budgétaire accommodante avec les minorités, en leur donnant l'occasion de progresser en tant que communauté, l'état via les échelons locaux, pense circonscrire les problématiques aux banlieues (p131). Pendant ce temps, les couches populaires traditionnelles sont délaissées et relayées en marge, la question ethnoculturelle a pris le pas sur la question sociale. Les classes populaires modestes, c'est à dire les ouvriers, les employés et les paysans, sont devenus la France des invisibles (p136). La classe supérieure est quant à elle la véritable gagnante de la mondialisation, relayant même les cadres et les hauts revenus dans la case classe moyenne au même titre que les classe populaires modestes (p132). On a ainsi une classe riche ultra minoritaire qui est placé tout en haut, en dessous les immigrés, les plus pauvres et au milieu la classe moyenne majoritaire. Cette classe supérieure représente 1% de la population et détient 50% des richesses (p133). Mais comme nous l'avons évoquées plus haut l'hyper classe n'est pas la seule à profiter des bienfaits de la mondialisation. La nouvelle bourgeoisie composée de "bobos", conteste l'hyper classe qui trône au dessus d'elle. Cette posture contestataire est du théâtre marxiste afin de brouiller les signes de leur propre distinction de classe. L'opposition de façade au Capital n'empêche pas de soutenir les réformes économiques libérales nuisibles aux travailleurs mais bénéfiques pour son compte en banque. L'auteur parle de "barnum", c'est à dire de cirque (p139) car bien à l'aise dans sa communauté organisée autour et pour le mondialisme, cette France du haut composé essentiellement de "bobos" est devenu le relais, sur le terrain, de l'idéologie progressiste qui vise à enterrer le vieux monde rural chrétien. La presse écrite de gauche principalement, comme le journal Libération et le journal le Monde, ne mentionnent pas la misère sociale qui affecte cette France périphérique composée essentiellement de français de souche qui ont dû s'exiler en province (p152). Par contre cette même presse écrite focalise sur la misère sociale qui affecte les banlieues pour mettre l'accent sur le manque de moyens. De concert avec les "bobos", cette presse écrite se fait le relais d'un mondialisme multiculturel qui doit installer le règne d'une gauche universelle à défaut de la révolution mondialisée qui n'a jamais eu lieu. Cette préférence catégorielle met en évidence l'idéologie qui anime la gauche d'aujourd'hui dont le mot d'ordre est la préférence de l'autre. En l'état cette presse écrite a circonscrit la question sociale aux seules banlieues tout en dénigrant la France périphérique qu'elle assomme de qualificatifs de type pétainiste afin de participer à son isolement (p158).

 Mais les conséquences d'un tel modèle de société vont être désastreuses pour la France, nous dit l'auteur. D'un côté on a une France des banlieues minoritaire sous perfusion monétaire et de l'autre côté une France périphérique, très largement majoritaire et oubliée de l'état et qui crève à petit feu (p169). Le système qui a bien compris que cette France périphérique vote en grande partie pour le parti de Jean-Marie le Pen, actionne les leviers de l'antifascisme pour culpabiliser cette France qui désormais n'entend plus se faire dicter sa conduite. La critique systématique du parti de Jean-Marie le Pen ne mène pourtant pas à son interdiction de la vie politique française. Bien au contraire les institutions valident les résultats électoraux qui sont en sa faveur. L'excommunication du FN n'est que verbale et médiatique, comme l'a reconnu Lionel Jospin en 2007, affirmant que le Front National n'a jamais été un parti fasciste (p172). Cet antifascisme de façade est ce que Pier Paolo Pasolini avait déterminé en 1974 comme la théâtralisation d'un fascisme archaïque qui n'existe plus et n'existera plus jamais. 

 La grande majorité de la classe politico-médiatique appuyée par un certain nombre d’acteurs économiques et culturels pourfend le Front National, le réduisant à être un parti oscillant entre le pétainisme et le nazisme. Par ricochet les français qui votent le FN sont donc affublés des mêmes qualificatifs afin de dissuader tout nouvel électeur. En délégitimant et en amalgamant son programme à du populisme, on réduit alors le vote FN à un vote archaïque dénué de bon sens (p173, p174). Toute cette stratégie de culpabilisation ne vise qu’à protéger le processus de mondialisation qui bien que défavorable à cette France périphérique, doit absolument être mené à son terme. Le temps est compté et le vote contestataire tient bon parce que cette France périphérique n’entend pas mourir sur l’autel du Capital. Elle fait une guerre démocratique contre une France élitiste qui n’a pas d’autre alternative que d’user d’un vocable fasciste pour tenter de juguler les aspirations d’une majorité qui est en train d’être sacrifié. Et quand on sait que le FN est devenu depuis les années 1990, le premier parti ouvrier de France où vient se greffer une proportion de plus en plus importante de paysans, d’employés intermédiaires (p189), on peut comprendre l’état de panique qui séjourne dans l’esprit de la France du haut. Le Brexit et la victoire de Donald Trump (p11) ne font que révéler la perte de contrôle de l’hyper classe et des classes supérieures sur la majorité, c’est-à-dire le peuple. En réalité les classes populaires ne reconnaissent plus le droit des politiques, des médias, des universitaires et des intellectuels de leur donner des conseils et encore moins des leçons de savoir-vivre qu’ils n’appliquent pas pour eux-mêmes, eux qui vivent à l’abri dans leurs citadelles, protégés par le mur de l’argent et du réseautage (p77).

 En 2016, l’entreprise de sondage française Ipsos, révèle que près de 40% des jeunes, des ouvriers et des employés considèrent que d’autres systèmes politiques peuvent être aussi bons que la démocratie. A l’inverse, près de 80% des cadres et des personnes de plus de 65 ans pensent que la démocratie est le meilleur système possible et qu’il est irremplaçable (p200). Ce sondage ne fait que confirmer la fracture sociale entre la France du bas, la perdante de la mondialisation qui estime que la démocratie ne la protège pas suffisamment et la France du haut, la grande gagnante de la mondialisation qui ne veut pas que cela change. Cette remise en question par le bas de la mondialisation inquiète les élites qui dans cette affaire-là se retrouvent à la place du coupable. La logorrhée mondialiste ne séduit plus les couches populaires qui désormais préfèrent se recentrer sur leur héritage culturel et identitaire (p201,p217).

 L’identité française demeure donc une polarité essentielle sur laquelle se positionne les classes populaires qui au quotidien voient le multiculturalisme progresser et s’affirmer comme une expérience d’être aussi légitime voire supérieure que la leur. Dans une enquête de l’institut de sondage Ipsos, 70% des français estiment qu’il y a trop d’étrangers en France et 60% estiment ne plus être chez eux (p219). Ces chiffres sont bien supérieurs aux résultats électoraux du Front National et qui montrent combien les idées du parti de Jean-Marie le Pen, sur ce thème précis, sont majoritaires. Il est bien évident que les français ne veulent pas devenir minoritaires dans leur propre pays, en 2016, un autre sondage de l’institut Ipsos dévoile que 61% des ouvriers, 56% des employés et 58% des professions intermédiaires considèrent que le racisme anti-blanc est une réalité et qu’il est assez répandu en France (p221).

Au final, les gilets jaunes qui incarnent cette France périphérique qui est délaissée par la classe dominante, ont illustrés de manière passagère, l’idée de l’auteur selon laquelle une nouvelle lutte des classes a commencée (p250). Le crépuscule de la France d’en haut dont parle Christophe Guilluy, va certainement se terminer avec une révolution si la démocratie n’est pas capable de résoudre les effets négatifs engendrés par la mondialisation. Tant que le vote contestataire incarné par le Front National, sera délégitimé et servira de levier au parti adverse à chaque élection présidentielle, la démocratie française ne sera plus en mesure d’assurer sa pérennité. Le « bobo » en trottinette qui profite du télétravail en Bretagne ou à la montagne, tandis que les usines licencient, que les autoentrepreneurs s’endettent et sont mis sur la paille alors que les vieux meurent du Covid, ne peut demeurer l’éternel gagnant. Le « bobo » qui est la nouvelle bourgeoisie et qui rend visible cette France du haut, malgré ses opinions de gauche, sera finalement rendu responsable d’avoir encouragé une politique délétère. Ce qui se profile va être certainement dévastateur, les militaires de réserve qui ont signé une lettre d’avertissement, paru dans Valeurs Actuelles le 21 avril 2021, au président Macron et à l’exécutif français, annonce une probable guerre civile. Les 20 généraux précisent que l’heure est grave, que la France est en péril, que plusieurs dangers mortels la menacent. 

 Pour conclure, j'ai relevé les principales données chiffrées avec lesquelles Christophe Guilluy a construit son argumentaire (ici). Ces différentes statistiques témoignent d'une part d'un paysage social français fracturé et d'autre part de l'échec d'une mondialisation dont la forme moléculaire est la multinationale prédatrice et anthropophage. Ces 8 statistiques, placées dans l'ordre de progression du livre, en disent long sur la situation française.

  • Première statistique, 60% des immigrés vivent dans les 15 premières métropoles (p24).

  • Deuxième statistique, le prix du mètre carré à Paris, peut atteindre 15 000 euros (p37).

  • Troisième statistique, en 2016 6.1 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi, 8.5 millions de pauvres, 6 millions de personnes au minima sociaux, 3.9 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire, 2.3 millions de bénéficiaires du RSA, 3.8 millions de mal-logés, 900 000 personnes privées de logement personnel et 150 000 SDF (p44).

  • Quatrième statistique, en 2013 les cadres supérieurs représentent 57% des personnes qui prennent la parole dans les programmes de la télévision française, contre 2% des ouvriers (p64).

  • Cinquième statistique, en 2011 la part des jeunes issus de l’immigration est de 20% en France, atteignant 77% à Aubervilliers (p71).

  • Sixième statistique, aujourd’hui 91% des Français sont d’accord pour dire que les différences de revenus sont trop importantes, 92% des Argentins, 90% des Chinois, 73% des Suédois et 75% des Américains (p98).

  • Septième statistique, entre 2000 et 2010, 75% de la croissance en France s’est réalisée dans les 15 premières aires urbaines. Les métropoles représentent 55% de la masse salariale, 50% de l’activité économique et le PIB y est 50% plus élevé que dans la France périphérique (p99, p100).

  • Huitième statistique, en 2016, 72% des Français pensent que les hommes et les femmes politiques sont corrompus et 89% considèrent qu’ils ne se préoccupent que de leurs intérêts personnels (p188).

 Ces chiffres mettent à mal le vivre ensemble prônée par la République et ses nombreux relais associatifs et culturels. Au bout de 40 années de socialisme et de droite molle, les français sont très majoritairement mécontents des résultats, aussi bien sur la question économique que migratoire. Il n’est donc pas étonnant que le parti qui propose une alternative radicale à ces politiques délétères et qui est en passe de devenir le premier parti politique de France soit très mal accueilli par les partis en place et les grandes entreprises du CAC40. S’il a fallu la jonction des électeurs de gauche et de droite pour contrer Marine le Pen à l’élection présidentielle de 2017, la France périphérique, qui constitue l'essentiel de l’électorat du Rassemblement National, est en train de briser ses chaines (p181). L’auteur, Christophe Guilluy, emploie le terme « marronnage » pour qualifier cette nouvelle situation. En effet le mot désigne la fuite d’esclaves hors des plantations et qui par la suite parvenaient parfois à se regrouper en de véritables communautés clandestines organisées. Ce marronnage de la France périphérique inquiète la France du haut qui craint de perdre ses privilèges. Pour exemple, une bonne partie de la bourgeoisie catholique, en choisissant Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017, a clairement privilégié son porte feuille à ses principes moraux. Etonnamment, de l’autre côté de l’atlantique, le nouveau président américain Joe Biden semble avoir compris la misère sociale qui affecte son pays. Lors d'un déplacement, le jeudi 29 avril en Géorgie, il a déclaré (ici),

"Wall Street n'a pas construit ce pays. Vous l'avez construit". "Il est temps que les très riches et les grandes entreprises commencent à payer leur juste part".  

 En effet, son "Projet pour les familles américaines" vise notamment à relever le taux maximal d'imposition des 1% de foyers les plus riches mais aussi à taxer davantage les revenus du capital pour la tranche des 0,3% d'Américains les plus riches. Ce taux serait ainsi quasiment doublé pour les plus-values sur les ventes d'actions ou de biens immobiliers, passant de 20% à 39,6%. 

 En procédant de la sorte, le président américain vise à se rattacher en partie les classes populaires qui ont portées au pouvoir Donald Trump en 2016. De même, en 2012 quand François Hollande avait déclaré, "Mon adversaire, c'est le monde de la finance. ", tout le monde avait bien rigolé (p134). Joe Biden et François Hollande ont bien compris que quelque chose se passait, en discourant autour des inégalités et tout en accusant la finance, ils tentent de récupérer le vote populiste grandissant qui soutient respectivement Donald Trump et Marine le Pen. En opérant ainsi, les libéraux comme Joe Biden tentent seulement d'atténuer la colère grandissante de la majorité qui est la grande perdante de la mondialisation. Cette vaste mise en scène ne fait que retarder la grande révolution à venir des peuples qui sont en train d'être déposséder de leurs terres, de leur âme et de leur vie. En ce qui concerne la France, nous dit l'auteur à la page 220, et c'est peut-être là la conclusion la plus effrayante, le séparatisme social et culturel est si généralisé, que le score du vote FN est rendu dérisoire, autrement dit il n'y aurait plus de solution politique. 

Antoine Carlier Montanari
 

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