Un Livre Que J'ai Lu (110) : Jésus Et Mahomet (Mark A. Gabriel)
Cet ouvrage est une analyse comparative du Christ et de Mahomet. L’auteur, qui avant de se convertir au christianisme, fut élève à l’université Al-Azhar du Caire. Il faut dire qu'il eut un sens critique assez prononcé qui ne fut pas du tout compatible avec l’esprit de la fameuse institution. En effet la conception éducative de cette grande université sunnite ne tolérait aucune sorte de discussion qui serait susceptible de remettre en cause l’Islam (p19). Les questions pertinentes qu’il se posait et qui étaient tout naturellement le fruit d’un esprit curieux furent immédiatement étouffées par ses professeurs. En fin de compte il eut de très bons résultats et sorti tout de même deuxième sur 6000 étudiants (p22). Mais il finit par conclure que l’histoire de l’Islam est une histoire de violence et de bain de sang (p23). Bien qu’il fut amère quant à la conclusion qu’il venait de faire, et qui fut bien plus une révélation qu’une réflexion, il rédigea un mémoire en faisant abstraction de ses pensées et qui lui valut les honneurs du gouvernement égyptien. Il fut donc promu assistant de l’université à 28 ans et bien qu’il dirigeait les prières et prêchait à la mosquée, il désirait toujours des réponses à ses questions (p24). En réalité il doutait que Mahomet eut reçu les paroles d’un vrai Dieu, celles-ci, pensait-il, étaient davantage produites par la pensée d’un homme (p28). A 35 ans, à la suite de maux de têtes persistants, il suit le conseil de sa pharmacienne qui lui donne sa Bible à lire afin de faire taire ses douleurs. Dans la clandestinité de sa chambre, il ouvre alors la Bible et tombe par hasard sur le sermon de Jésus sur la montagne (p38). Plongé dans la vie du Christ pendant plusieurs heures il ne put alors, au regard des 30 années qu'il avait passé à étudier l’Islam et la vie de son prophète, s’empêcher de comparer les deux hommes.
Ainsi pour rendre plus facilement compte de l’analyse comparative de notre auteur, nous allons nous aider de trois tableaux de synthèse. Le premier tableau concerne les événements communs aux deux personnages et le second et troisième tableau concernent les principaux thèmes abordés dans leurs enseignements, à savoir l’argent, le démon, le pardon, la guerre, la relation avec Dieu la femme et la nourriture. La liste n’est pas exhaustive mais elle suffit à mettre en évidence une divergence morale, laquelle, en réalité, éloigne fondamentalement Mahomet du Christ et plus généralement l’Islam du christianisme. D’autres thèmes sont bien sûr abordés par l’auteur, mais qu’il faut laisser découvrir au lecteur afin qu’il s’immerge plus profondément dans ce que l’on pourrait nommer, une démarcation radicale. Et pour faciliter cette différence trois couleurs vont servir à polariser la valeur morale de l’événement ou du thème abordé. Le vert pour bénéfique, le rouge pour pernicieux, le bleu afin de signaler ce qui est commun aux deux personnages. La conclusion sera sans appel et on comprendra alors les raisons qui ont poussées notre auteur à quitter l’Islam pour devenir chrétien. Bien entendu il faut préciser que les exemples choisi par l’auteur pour illustrer les thèmes, l'ont été parce qu’ils étaient les plus emblématiques et les plus caractéristiques du vécu de chacun des deux personnages. Si le musulman conteste le fait que l’exemple choisi est en la défaveur de Mahomet, il faut qu’il réalise que c’est justement cet exemple qui invalide l’exemple bénéfique. Il existe une expression pour caractériser ce fait, et cette expression est, "ce qu’a fait la main droite la main gauche la défaite", c’est ce qu’on nomme l’hypocrisie de moralité. Concernant le Christ il n’existe assurément aucun paradoxe entre sa vie et son enseignement.
Voici donc le premier tableau (ici):
Conclusion de ce premier tableau : si donc Jésus comme Mahomet étaient fils uniques et qu’ils naquirent tous deux sous le signe d’une nuit particulièrement étoilée, les deux se distinguent sur le fait que l’un, Mahomet n’a produit aucun miracle ni aucune guérison, il fut même incapable de guérir sa fièvre contrairement au Christ qui ressuscita et qui, durant sa vie public, réalisa un bon nombre de prodiges. De plus, l’auteur note à ce propos, à la page 153, que Mahomet n’a pas pu sauver ses deux fils de la mort tandis que le Christ a bien ressuscité deux enfants, la fille d’un chef de la synagogue et le fils d’une veuve. Bien entendu la conclusion de ce tableau ne s’arrête pas là, il faut noter que le rapport à la violence n’est pas du tout le même. Là où le Christ prône de pardonner et d’aimer ses ennemis, Mahomet lui préfère la lutte armée.
Maintenant voici le second tableau (ici):
Conclusion de ce deuxième tableau : A propos de l’argent, d’un point de vue marxiste, Mahomet apparaît comme un bon capitaliste tandis que le Christ apparaît comme un anticapitaliste. Il est certain qu’au regard de cette autre parole de Mahomet sur le mont Arafat, « Je suis descendu d’Allah avec l’épée à la main et ma richesse proviendra de l’ombre de mon épée », Mahomet apparaît davantage comme un commerçant que comme un prophète. Si le Christ avait dit cela, il ne serait tout simplement plus le Christ. A cela il faut ajouter, concernant Jésus, l’épisode où il chasse du temple les commerçants. Le Christ expose ainsi clairement l’incompatibilité du commerce et de l’argent avec Dieu. C’est le seul moment où Jésus est en colère et cette juste et saine colère en dit long sur sa psychologie, laquelle semble totalement incompatible avec l'argent. De plus, à aucun moment les évangiles nous indiquent qu'il ait, ne serais-ce qu'une seule fois toucher de l'argent. Pour l'anecdote, il faut préciser que Judas trahit le Christ pour 30 deniers, dans un sens plus direct, le Christ créait un tournant décisif dans le rapport que l'homme a avec l'argent. Ce mouvement émancipateur fait entrer l'homme dans une nouvelle historicité où le mot "don" fait croître le mot "gratuité" à l'échelle planétaire. Tout naturellement, sur la question du pardon, si Jésus est celui qui pardonne et qui demande de pardonner alors que Mahomet ne semble pas aussi zélé en la matière, il faut alors méditer cette fameuse sentence du Christ rapporté par Matthieu (6-21), " Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur". Il semble donc que Mahomet ait préféré la richesse qui provient de l'ombre de son épée. De plus, concernant le partage, Mahomet exige que l'on redistribue que le cinquième de sa richesse à Allah et aux pauvres, le Christ est quant à lui plus radical, il préconise au jeune homme riche de redistribuer la totalité de ses biens aux pauvres et loue le fait que la pauvre veuve a offert la totalité du peu qu'elle avait, cette offrande fut ainsi bien plus grande à ses yeux que celle du riche car bien qu'elle fut plus grande en valeur ne le fut pas en intention. Le dépouillement préconisé par le Christ révèle en réalité le degré d'attachement au monde, à ce jeu Mahomet serait donc considéré par le Christ comme le jeune homme riche qui bien incapable de donner aux pauvres toute sa richesse, se met dans l'incapacité d'entrer dans le royaume des cieux.
Voici maintenant le troisième tableau (ici):
Conclusion de ce troisième tableau : Le rapport à la femme va donc être essentiel ici. Le Christ élève la femme, la relève et lui redonne espoir, il est doux et apaisant, jamais ne porte sur la femme un regard moqueur ou inquisiteur, il invite la femme à la pureté de cœur et de chair et ne la condamne pas pour ce qu'elle est. Le cas de la prostituée qui va être lapidée remet même l'homme à sa place et le place dans la position de l'hypocrite. Sa mère, la Vierge Marie est l'exemple de la pureté, lui même n'a jamais eu de relation charnelle avec une femme ce qui le distingue radicalement de Mahomet qui lui a eu plusieurs femmes. Au regard de certains versets du Coran et des propos de Mahomet sur la femme, il est préférable pour cette dernière de rencontrer le Christ que Mahomet lui-même. Il n'est pas besoin d'en rajouter sur la question, l'Islam fait régresser la liberté de la femme et la maintient dans un état de servitude complet à l'homme.
Ainsi pour conclure cette fiche de lecture, nous allons placer maintenant les trois tableaux côte à côte (ici), afin de se rendre compte, grâce aux couleurs verte et rouge, de l'orientation morale de chacun de nos deux personnages. Pour rappel le vert est attribué au comportement bénéfique et le rouge au comportement pernicieux. Voici donc la vue d'ensemble. Cela donne une idée de ce qui s'est réellement passé dans l'esprit de notre auteur au moment où il a comparé les propos et les comportements du Christ et de Mahomet. Chacun tirera sa conclusion, si quelques observateurs ne sont pas d'accord avec cette comparaison clinique il est dans leur droit de s'y opposer, toutefois ils devront se rappeler que l'auteur, Mark A. Gabriel est avant tout un érudit musulman qui sorti tout de même deuxième sur 6000 étudiants de la prestigieuse université Al-Azhar du Caire. Du reste, à l'observation de ces tableaux de synthèse, il n'est donc pas étonnant que l'Islam apparaît comme la religion la plus mal aimée.
Pour finir, après la lecture de cet ouvrage, beaucoup comme l'auteur douteront sincèrement de la véracité du Coran révélé. Pour approfondir la question il faudra se poser deux questions fondamentales à propos de Mahomet et qui remettent en cause son autorité et sa légitimité. Voici ces deux questions,
La première: - Pourquoi Mahomet est le seul prophète monothéiste qui ne soit pas né juif ?
La seconde: - Pourquoi Jésus a t-il dit: "Mais il faut que je marche aujourd'hui, demain, et le jour suivant; car il ne convient pas qu'un prophète périsse hors de Jérusalem."? (Luc 13:33)
Les réponses à ces deux questions permettront d'y voir plus clair sur le fondateur de l'Islam, au regard de la notion de "Phylum" développé par Claude Tresmontant, la filiation hébraïque est celle qui a produite tous les prophètes d'Abraham à Jésus. Le monde musulman se détache clairement de cet arbre généalogique planté par Dieu depuis Abraham, puisque Mahomet est né non juif. Il n'est donc pas étonnant que ce dernier se soit rattaché à la branche abrahamique avec la Kaaba et qui selon le Coran a été reconstruite par la main d'Abraham et de son fils Ismaël. Cette reconstruction que ni la Torah et ni la Bible ne mentionnent, sert pourtant de socle symbolique a un Islam essentiellement arabe et fondamentalement opposé à Israël.
Antoine Carlier Montanari