Un Livre Que J'ai Lu (104) : Un Furieux Désir De Sacrifice, Le Surmusulman (Fethi Benslama)
L'auteur, Fethi Benslama, psychanalyste, professeur de psychopathologie clinique à l'université Paris-Diderot et membre de l'Académie tunisienne, aborde la notion du sacrifice au nom d'Allah. Il a publié un certain nombre d'ouvrages sur la question islamique tout en se spécialisant sur la souffrance psychique des enfants. En 2002 et en 2017, il publie respectivement La psychanalyse à l'épreuve de l'Islam et Le djihadisme des femmes, ce qui forme une arche narrative singulière sur le sujet.
Avant d'aborder l'ouvrage de Fethi Benslama, nous allons donner quelques définitions de mots appartenant à un vocabulaire propre à l'Islam (ici) :
Mahomet : Prophète et fondateur de l'Islam (570-632)
Islam : la soumission et la sujétion aux ordres de Dieu, est une religion abrahamique s'appuyant sur le dogme du monothéisme absolu et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le réceptacle de la parole de Dieu (Allah) révélée à Mahomet.
Oumma : est la communauté des musulmans, indépendamment de leur nationalité, de leurs liens sanguins et des pouvoirs politiques qui les gouvernent. Le terme est synonyme de ummat islamiyya, « la nation islamique ». Le concept est similaire à celui d'« Eglise » (ecclesia en latin) chez les chrétiens, étymologiquement l'assemblée des fidèles.
Djihad : En arabe, ce terme signifie « abnégation », « effort », « lutte » ou « résistance », souvent traduit à tort par "guerre sainte". Le mot jihâd est employé à plusieurs reprises dans le Coran, et qui peut se traduire par « lutter avec vos biens et vos âmes ». Ainsi, le djihad peut aussi être défini par l'expression « faites un effort dans le chemin de Dieu ». Selon Averroès, l'islam compte quatre types de djihad : par le cœur, par la langue, par la main et par l'épée.
Sunnisme : est le principal courant religieux de l'Islam représentant 90 % des musulmans du monde.
Chiisme : constitue l'autre principale branches de l’islam. Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la population iranienne.
L'ouvrage de Fethi Benslama a cette particularité d'aborder la psychologie du radicalisé sans jamais quitter des yeux l'idiosyncrasie musulmane. La substance dont est fabriqué l'islamiste provient de certains versets du Coran dont l'expression est prise sans aucune interprétation. L'idéal du guerrier musulman s’appuie sur l'histoire vécu du prophète dont les scènes de la vie sont imbibées de guerre et de conquête militaire. Tout commence alors par ce sentiment de ne pas être assez musulman, ce qui suscite un besoin de recourir à l'expérience extrême de la religiosité musulmane, à savoir le martyr au nom d'Allah. L'auteur appelle cela le surmusulman (p9). Le terme a cette connotation nietzschéenne qui fantasme l'homme avant de le déifier. Cette figure est donc sanctifié dans un Islam originel et universel dont la figure héroïque est le prophète Mahomet en train de faire la guerre aux ennemis d'Allah. L'auteur pose la question de savoir qui détient le pouvoir de définir le véritable musulman (p11). La question demeure donc fondamentale sachant qu'aucun clergé n'a ni la légitimité, ni l'autorité pour en donner une définition qui peut-être accepté par tous les musulmans. Notre auteur va donc dresser un portrait psychologique de ce surmusulman en devenir et tâcher de définir les raisons d'une telle orientation.
Dans un premier temps, la société du spectacle aidant, le terrorisme islamiste va promouvoir sa quête existentialiste par une apothéose de l'horreur et de la terreur. Cette nouvelle communication de la violence toute azimute va susciter chez un certain nombre de jeunes en quête d'une identité enracinée, un moyen de légitimer la violence qu'ils ont contre une autorité et une identité en place qu'ils ne reconnaissent pas. Le désir sacrificiel est alors porté à son extrême par la promesse d'une sainteté immédiate obtenu dans le sacrifice immédiat. Certains théologiens musulmans vont définir le zèle maniaque comme le stade de l'affranchissement suprême. On peut citer à ce propos l'essayiste Sayyid Qutb (ici) qui a profondément influencé le djihadisme apocalyptique. En effet, cet idéologue égyptien, qui est né en 1906 et mort en 1966, exécuté par pendaison par le régime en place, a défendu un islam conquérant et violent pour faire face à un Occident colonial guidé par les juifs (3). Son livre phare, A l'ombre du Coran, et écrit en prison, va servir de manuel djihadiste à des millions de musulmans endormis dans un Islam modéré et conciliant.
L'Etat islamique qui s'établit sur une lecture stricte du Coran, va alors formé, dès 2014, un proto-état dont la vocation sera de devenir un califat. Les groupes identitaires islamistes vont donc se joindre à cette grande entreprise djihadiste afin de rappeler la volonté du prophète au moment même où la plupart des nations musulmanes sont devenues laïcs et intransigeantes avec les factions radicales de l'Islam. Pour cela le terrorisme va devenir le fer de lance d'une armée universelle dont les soldats sont autant de métastases en formation et répandues à peu près partout sur la planète. Ces entités radicalisés deviennent alors une hormone de croissance pour l'Islam qui voit là une forme de progression et de propagation de l'identité musulmane. Il faudra toutefois préciser que les premières victimes, en nombre, sont bien les musulmans eux-mêmes. Ce mécanisme de propagation s'appuie essentiellement sur les versets 95 et 96 de la sourate 4,
" Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux - sauf ceux qui ont quelque infirmité - et ceux qui luttent corps et biens dans le sentier d’Allah. Allah donne à ceux qui luttent corps et biens un grade d’excellence sur ceux qui restent chez eux. Et à chacun Allah a promis la meilleure récompense; et Allah a mis les combattants au-dessus des non combattants en leur accordant une rétribution immense; des grades de supériorité de Sa part ainsi qu’un pardon et une miséricorde. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. "
L'adhésion à cette entité radicale parait donc inévitable pour un certain nombre de jeunes qui auront passées des heures sur des sites internet appropriés (p25). Le processus d'engagement individuel dans cette carrière radicale, trouve matière à réflexion dans les écrits d'Abu Musab al-Sûri (ici), un théoricien du jihad lié à l'organisation terroriste islamiste al-Qaïda, dont on retrouve sur le Web son Appel à la résistance (p29). Cet écrit qui comporte pas moins de 1600 pages prône une guerre civile en Europe, menée essentiellement par la jeunesse musulmane immigrée qui devra enclencher la dislocation finale de l’Occident, préalable au triomphe mondial de l’islamisme. Cette reconversion de la jeunesse est tout naturellement profitable aux cellules souches invisibles qui tentent de trouver une armée de réserve héroïque afin de déstabiliser l'occident chrétien et laïque. L'auteur précise, quelques pages plus loin, que cette période correspond à une zone moratoire de l'adolescence, c'est à dire une zone conflictuelle provoqué par la conscientisation du monde et les affectes naissant. Cette temporalité juvénile (p41) est très longue dans le monde moderne, l'identité de l'adulte est alors sans cesse repoussé et installe le jeune dans une phase que l'on appelle "adulescence", ce qui retarde encore l'enracinement et les principes de responsabilité.
Ces mêmes jeunes, nous dit l'auteur à la page p38, sont dans un état psychologique de "dépression d'infériorité" qui les pré-disposent à l'offrande sacrificielle, laquelle leur propose une orientation de vie qui a du sens tout en les invitant à quitter enfin honorablement ce monde ingrat et humiliant. Cette jouissance immédiate et éternelle du Ciel peut seulement être atteinte par les promesses sacrificielles du Coran. Cette rencontre offre indéniablement, en proportion d'un zèle maniaque à l'Islam, un moyen salutaire de sortir de la société consumériste, athée et ultra-compétitive occidentale. L'omniprésence du "nous" musulman, l'oumma, qui efface le "je" musulman, s'oppose radicalement au "je" helléno-chrétien qui est le héros humilié. Le "je" musulman est un "je" instruit par les sourates du Coran et alimenté par l'idée d'un Orient mystérieux et romantique puis fantasmé à travers le pèlerinage Mecquois (p52).
Aussi le djihad agit comme l'idée d'une croisade où le jeune radicalisé va faire l'expérience d'un double voyage, celui du chemin de la guerre et celui qui mène au paradis. Ce double voyage est le ré-enracinement dans l'idéal islamique (p54) et qui doit être restauré par le Califat afin de revitaliser les nations musulmanes empêtrées dans la société de consommation occidentale. Ainsi le jeune radicalisé devient précisément un noyau en formation et qui a besoin de faire graviter autour de lui autant d'individus que possible. Ce magnétisme naissant produit alors un courant alternatif à celui du père en rappelant alors à la famille toute entière, qui ne pratique plus qu'un islam culturel, les préceptes les plus contraignant de l'Islam. Il devient alors à la fois redoutable et redouté (p55), il est passé de l'état de racaille à l'état d'islamiste, de raté à guide et de fils à père. Il conserve la violence et abandonne les paradis artificiels de la société occidentale au profit des jouissances paradisiaques décrites par Mahomet. Le passage au djihadisme est en quelque sorte un moyen d'ennoblir ses pulsions criminelles (p56) par la promesse d'une jouissance paradisiaque absolue (p57). Ce spectacle fantasmé d'un paradis sensoriel offre-là un moyen efficace d’appâter le jeune délinquant dont les hormones sont en pleine croissance, aussi, la possibilité d'y accéder le plus rapidement possible est offert par l'autosacrifice qui est une forme voilée du suicide (p60) mais qui est également une manière de purifier par le sang versé, les erreurs du passé.
L'islam propose donc une nouvelle identité purifié des désirs déréglés de ce monde tout en promettant un paradis de jouissances éternelles dont la figure tutélaire a montré, par son exemple, que jouir d'une jeune fille était permis. Le véritable désespoir du musulman se trouve en réalité dans l'absence d'une théologie purificatrice absolue qui rejette entièrement la violence et le crime et fait sienne l'amour inconditionnel. L'orientation hormonale est un moyen pratique et essentiel dans la captation des jeunes esprits nouvellement soumis à leurs besoins naissants. Indéniablement, si le chrétien ne se radicalise pas de la sorte, c'est que son modèle, le Christ, prône la chasteté et la non violence absolu, l'amour de l'autre et le mérite par la miséricorde.
Pour l'auteur, l'islamisme est un mouvement théologique anti-occidental inventé par les musulmans (p67). L'Islam en question, qui signifie "soumission", a sa représentation politique à travers l'islamisme. Dans le monde musulman, jusqu'à la révolution iranienne, nous dit l'auteur il n'y a pas eu de théocratie, les oulémas et les mollahs constituent respectivement un corps de clercs sunnite et chiite (p69). Ils sont en quelques sortes des fonctionnaires d'états attachés aux questions théologiques. C'est pourquoi, en 1979, la révolution islamique iranienne joint le politique et le religieux (p70). Ainsi le guide suprême appelé ayatollah, est à la fois le gardien du droit théologique et le chef des armées, de plus le président de cette République islamique lui est subordonné (p70). Par opposition à ce monde musulman chiite, l'Arabie Saoudite qui représente le monde musulman sunnite n'est pas une théocratie, c'est une monarchie familiale qui fait office de gardien du temple. En 2014, la proclamation de l'état islamique (Daesh) a pour but de reconstituer un paradigme islamique dont le messager, Abou Bakr al-Baghdâdi a pour vocation de devenir le chef politique mondial de l'Islam (p71). Daesh est la réalisation du royaume d'Allah sur terre, parallèlement à celui de la République Islamique d'Iran et du royaume wahhabite. La compétition pour la première place est une question de stratégie à grande échelle, si la République islamique tente de s'accaparer la bombe atomique afin d'éradiquer Israël et d'amener à elle l'entière communauté musulmane, le royaume des princes saoudiens ne chôme pas en finançant abondamment des projets économiques et terroristes afin de fragiliser l'équilibre mondial tandis que Daesh, de son côté, très impatient, joue la carte de la sauvagerie cinématographique en invitant les musulmans du monde entier à massacrer les mécréants là où ils se trouvent.
A ces trois forces islamiques il faut ajouter les volontés expansionnistes turques et la célèbre organisation des frères musulmans en Egypte (p89). Bien entendu tous ces protagonistes éveillent chez certains jeunes musulmans, dans les banlieues françaises, quelques furieux désirs sacrificiels. Le passé colonial français s'est muté de nos jours dans les cités où les minorités sont tenues par la main et conduitent à suivre la même destinée que le colon. Ces espaces intérieurs sont des nouvelles colonies où la sauvagerie et le barbarisme peuvent parfois être comparés au monde brutal et sauvage des anciennes colonies. Indéniablement ces déshérités comme les nomme l'auteur, à la page 90, n'ont pas trouvé dans le modèle républicain des droits de l'homme une véritable alternative à leur héritage culturel et cultuel. La solution ultra-religieuse apparaît alors pour eux comme un moyen d'identification absolu pour accéder à l'émancipation véritable à travers le martyr et la mort qui les font accéder au paradis d'Allah (p90). L'adhésion à cette matrice spirituelle débarrasse donc le jeune d'une responsabilité vis à vis du pays d'accueil et de sa morale laïco-chrétienne.
Cette fenêtre de tir est donc un stade de développement accéléré pour devenir un "surmusulman", en écho au "surhomme" de Nietzsche (p92). L'auteur, Fethi Benslama, se sert de ce terme pour définir cette transformation à l'oeuvre et qui fait ainsi passer le musulman moyen pour un mécréant. En effet le "surmusulman" est en quelque sorte un super guerrier qui a synthétisé et assimilé tous les versets véhéments et belliqueux du Coran. C'est le musulman exemplaire qui est capable d'accomplir l'offrande suprême à travers la violence et le martyre. Pour lui, les paroles de Mahomet, dans son sermon sur le mont Arafat, sont à imiter (1),
" A partir d'aujourd'hui, il n'y aura plus deux religions en Arabie. Je suis descendu d'Allah avec l'épée en main et ma richesse proviendra de l'ombre de mon épée. Et celui qui ne sera pas d'accord avec moi sera humilié et persécuté. "
Tout naturellement le Hadith n°3,087, raconté par Abu Haraira viendra confirmer la chose (2),
"J'ai entendu le messager d'Allah dire : "J'ordonne au nom d'Allah de combattre tous les hommes jusqu'à ce qu'ils reconnaissent qu'il n'y a d'autre Dieu qu'Allah et que je suis son messager. Celui qui dit cela sauvera lui-même et son argent."
Si Mahomet est donc le musulman exemplaire, l'identification à ses messages et à ses actes doit être complète si le musulman veut devenir un bon musulman, à savoir un surmusulman. Ce que confirme le Coran, sourate 33, verset 21,
" En effet, vous avez dans le messager d'Allah, un excellent modèle à suivre, "
Le mimétisme parfait consiste donc à manifester à la face du monde la même foi et les mêmes pratiques que celles de Mahomet et avec une insistance et un zèle particulièrement visible et sonore. Ainsi l'expression, Allah Akbar, est devenue la forme verbale d'identification à la radicalité tout en offrant une sorte de sainteté guerrière. Cette oralité est la synthèse mémorielle de l'Islam, celui qui ne sait pas quoi dire, crie cette formule pour anéantir immédiatement celui qui remettrai en doute sa foi. Ainsi le délinquant, le hors la loi des quartiers s'anoblit et s'élève au nom de la loi d'Allah (p94). Quand ce dernier conscientise la supériorité des lois coraniques sur celles de l'état républicain, il n'a pas d'autres choix que de vouloir s'affranchir de ces dernières, c'est pourquoi, à ses yeux, le musulman du quotidien, intégré et travailleur, est tout autant considéré comme un apostat au même titre que l'occidental. Ce musulman du quotidien est alors qualifié d'islamoïde ou d'occidenté (p98). L'auteur, Fethi Benslama, précise que cette perception fait entrer le surmusulman dans une suridentification (p102), à cela s'ajoute l'inidentification, à savoir le refus de l'espèce humaine. Ce concept participe d'une destructivité complète dont l'attentat-suicide à l'explosif représente cette déchirure de la figure corporelle humaine qui a défiguré l'identité visible de l'homme (p103). Ce furieux désir de sacrifice est à la recherche d'une autre identité que celle du corps dont la nature est si fragile. L'âme devient donc le seul vaisseau indestructible qui puisse garantir la sécurité, l'explosion de la chair est donc le moyen sûr de ne plus jamais retrouver cet état de souffrance permanent.
A propos du corps, l'auteur, Fethi Benslama, à la page 114, fait mention de cette fable écrite par un certain al-Hanafi au XVIème siècle, et qui met en scène un Satan qui profane la chair en s'y infiltrant par ses orifices. C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner que le musulman soit obsédé par une certaine hygiène excessive. Si le diable donc s'amuse à se faufiler dans les différents orifices du corps humain, la femme, qui possède par son vagin un orifice supplémentaire, forme certainement un plus grand terrain de jeu pour le diable. De ce fait la femme est perçu comme une identité du touché qu'il ne faut pas toucher. Le corps de la femme est une entité du désir qu'il faut maîtriser aussi bien que respecter, toutefois si le voile est censé préserver la femme du toucher, le regard imaginatif du musulman éveille aussi bien sa curiosité que sa frustration, assurément la femme intégralement voilée est un signe explicite de la volonté de neutraliser le corps. Cette vision de la femme définit en réalité la psycho-politique du musulman dont il faut rappeler ici que le principe matriarcale nommé l'oumma (p144) forme une sorte de mère nourricière. Ainsi la femme entièrement voilée de noire, comme on peut le voir dans de nombreuses régions où l'Islamisme est fortement implantée, est une sorte d'image vivante de la Kaaba, la pierre noire à la Mecque où des milliers de musulmans qui gravitent autour, forment en quelque sorte l'image des spermatozoïdes autour de l'ovule. Ainsi ces corps maternels que forment l'oumma et la Mecque et qui excitent la polarité phallique de l'homme musulman, fécondent en réalité l'âme musulmane.
Le sujet mérite davantage d'explications, pour cela nous approfondirons prochainement le thème avec l'ouvrage de Peter Sloterdijk, La folie de Dieu (ici), où le philosophe allemand décortique les trois religions monothéistes et notamment la fonction guerrière et conquérante de l'Islam qui lui offre médiatiquement le titre de la religion la plus mal aimée. Avec cet autre ouvrage, Jésus et Mahomet, de Mark A. Gabriel (ici), nous verrons, d'un point de vue purement clinique, ce qui distingue ces deux personnages emblématiques. L'auteur, ancien professeur à l'université Al-Azhar, au Caire, a procédé à un comparatif assez complet de la vie de Jésus et de celle de Mahomet et en a tiré une conclusion qui ne peut laisser indifférent tant les contradictions sont largement en défaveur du fondateur de l'Islam. Quoi qu'il en soit, le phénomène de radicalisation au sein de l'Islam ne viendra pas confirmer le contraire, la tendance belliciste des groupes islamistes est bien issu de la lecture du Coran dont un certain nombre de versets sont assez explicites en matière de violence. Si toutefois le musulman moyen ne fait pas sien ces versets, il demeure alors, pour le surmusulman comme l'entend Fethi Benslama, un mauvais musulman. Toutefois, à travers cet ouvrage écrit par l'émir d'Abdel Kader (ici), nous aborderons une figure musulmane d'une très grande exemplarité dont la vie reflète un islam bien compris et plus inspiré. Et bien qu'il soit contesté à tord par un certain nombre d'algériens, il demeurera toujours pour la France un homme d'honneur et un humaniste. Son livre, Lettre aux Français, est un appel à la fraternisation du peuple algérien et du peuple français.
Antoine Carlier Montanari
(1) JESUS et MAHOMET, Mark A.Gabriel, Ed.OURANIA, p115, Ibn Hîcham, vol.3, pt.6, p.8
(2) JESUS et MAHOMET, Mark A.Gabriel, Ed.OURANIA, p171, Al-Nisai, vol.3, pt.6, p.5, hadith n°3,087
(3) La folie de Dieu, Peter Sloterdijk, Ed.Pluriel, p57