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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

23 Apr

Un Livre Que J'ai Lu (54) : Cette Maudite Race Humaine (Mark Twain)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu, #Mark Twain

 De toute évidence l’auteur de Tom Sawyer est tout aussi en colère que Charles Péguy. En effet, si vous avez lu; Nous vivons en un temps si barbare, vous ne pouvez pas être étonné de l’état dans lequel est notre monde un siècle plus tard. On apprécierait certainement la verve qui serait la leur pour le qualifier tant nous sommes tombés si bas ! La très bonne préface de Nancy Huston souligne le point de vue de Twain sur la nature humaine, d’où le titre de cet ouvrage. Tout comme le poète français Charles Baudelaire, Mark Twain fustigera profondément l’espèce humaine. La lecture de La terre de Zola ne fera que renforcer son intuition sur la question. En effet, l'oeuvre de Zola fera étalage de toute cette fange dans laquelle l’homme se vautre et ne viendra jamais contredire cette pensée que l’homme est véritablement un animal. On peut alors comprendre pourquoi Mark Twain inscrira ce pamphlet dans son ouvrage "Les lettres de la terre" où le mot "terre" a certainement été inspiré de l'ouvrage précédemment cité de Zola. Assurément notre auteur est remonté, on ne doute pas de sa fougue littéraire ni de sa verve caustique dont la fulgurance pourra rappeler la fameuse comète Halley dont il prédira qu’elle annoncera sa propre mort. Sous le regard de Dieu, la prophétie se réalisera en 1835, année à laquelle la comète passa à proximité de la terre.

 Dans le premier chapitre Mark Twain pose la question de savoir si le monde a été fait pour l’homme. Le ptérodactyle pensait qu’il était le dernier maillon de l’évolution, il ne vit jamais ce qu’il advint de son espèce, ni qu’elle était une esquisse d’un mammifère à venir (p27) dont l’existence allait nourrir une autre, celle de l’homme. Dès lors que l’homme se manifesta il ne cessera de décevoir. Dans Au tribunal des animaux, chapitre II, il qualifie l’homme, au regard de sa création, la machine, d’être imparfait. Celle-ci, la machine, en effet, est le reflet, en tous points, de l’imperfection morale de l’homme. Tout naturellement elle sera cause, comme le dit si bien Melville dans son Cocorico, de bien des malheurs. Ce postulat, s’il est commun à bon nombre d’auteurs, dont le très catalan Miguel de Unamuno, il peut être mis en parallèle avec tout le mépris que l’homme porte à la création de Dieu. Si la mouche, dans L’intelligence de Dieu au chapitre IV, représente effectivement l’une des plus petites créatures que le Tout-Puissant ait pu concevoir, elle n’en demeure pas moins beaucoup plus complexe que la plus impressionnante des machines humaines. Et pourtant l’homme ne semble faire aucun cas de cette machinerie de précision dont l'expression est incroyablement savante. Sans égard pour ce chef d’œuvre d’ingéniosité nous n’hésitons pas à la tuer (p49). Ainsi l’homme ne serait-il pas cet animal inférieur dont les actes sont bien plus ignobles que ceux des bêtes? L’exemple donné par Mark Twain détermine cette différence. L’homme, pour son propre plaisir peut abattre par exemple plusieurs dizaines de bisons pour finir par n’en manger qu’un seul, alors qu’un serpent, dans sa cage, n’engloutira qu’un seul veau parmi les sept qui lui seront proposés. L’expérience montrera que le reptile ne montrera ensuite aucun intérêt pour les autres veaux. La cruauté est donc bien établie, c’est le sens moral qui est ici le secret de la déchéance de l’homme (p66), la pagination est à souligner! En cela si l’homme, pour Twain, est l’animal inférieur, il jouit toutefois de l’intellect, et les animaux supérieurs ne peuvent pas l’atteindre à cet endroit-là (p73).

 Aussi, lorsque Mark Twain écrit ce pamphlet, en 1909, dans le volume Lettres de la terre, Charles Péguy, cette même année, publiera en France, Nous vivons en un temps si barbare (1). Le constat est le même, l'américain comme le français sont lucides à la veille de la première guerre mondiale! Il faut savoir également, pour la petite histoire, que Mark Twain et Charles Péguy ont respectivement écris sur Jeanne D'Arc. Le premier a publié en 1895 Le roman de Jeanne d'Arc et le second, Jeanne d'Arc en 1897 et Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc en 1910. 

Antoine Carlier Montanari

 

(1) Fiche de lecture du 04 mars 2018

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