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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

08 Apr

Un Livre Que J'ai Lu (52) : Entretiens Avec Carl Gustav Jung (Richard Evans)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu

 La psychologie analytique de Carl Gustav Jung offre une très bonne alternative à la psychanalyse freudienne. En effet pour Jung l’homme n’est pas seulement mû par l’instinct sexuel (p17), l’instinct de nutrition est tout aussi important. Mais dans une époque où l’accès à la nourriture est assuré, la sexualité prédomine ainsi que la psychosexualité que la logique freudienne a préalablement libérée dans une époque encore bien encré dans le christianisme. En complément de cette puissance d'illusion, Nietzsche va produire une force motrice particulièrement nerveuse émancipant ainsi l’Europe d’un grand nombre de préjugés (p20). Jung, quant à lui, se concentre donc, sur le narratif, sur les récits mythologiques au potentiel allégorique. Ces images seront des modèles types qui nous montrent comment faire, comment vivre. Ce sont des archétypes, ils nous apprennent comment nous conduire (p43) et nous développer. Aussi, ce narratif allégorique, cette pensée graphique relie l’inconscient personnel avec l’inconscient collectif. Le « je » retrouve l'autre "je" présent dans le conte avec une prose cathartique capable de déplacer l'esprit sans se déplacer. Le transfert opéré réajuste les désirs tout en reconscientisant l'essentiel. 

 Jung fouille donc la psyché avec un regard analytique, il développe le concept de « persona » (p57) dont l’image la plus illustre est formée par la double nature du Docteur Jekyll. En effet, il y a l’homme tel qu’il est dans le privé et l’homme qui apparaît en public (p58). L’individu se fragmente en deux, deux images pour une même personne. Cette dissociation de la personnalité se retrouve dans la schizophrénie et entraîne la névrose. Ainsi si le psychanalyste devient celui qui guéri, il joue avant tout un rôle théologique que le patient doit rétribuer au prix du marché. Payer c'est donc guérir, le patient ayant alors transféré ses fautes vers le psychanalyste, ce dernier fait donc office de paratonnerre humain qui devra absorber toute la charge émotionnelle négative. Ce "paquet" ou cette "charge " est ainsi transférée dans une autorité, dont la nature rappelle bien évidemment celle du prêtre qui confesse, ainsi le patient peut dormir sur ses deux oreilles comme le malade qui a le ventre ouvert sur une table d’opération et qui remet sa vie entre les mains du chirurgien (p111).

 Outre l'accumulation de toxines qui s'entassent dans le patient au fur et à mesure qu'il avance dans l'existence, le traumatisme que provoque la mise au monde est à lui seul une charge monstrueusement négative qui  de l'intérieur pose la question de l'absurdité de la vie au regard de la mort qui vient. La réponse définitive à ce non-sens se trouve dans la transcendance avec l'archétype monothéiste du Dieu unique. Aussi, Jung corrige Freud en proposant comme vecteur sanctificateur pour l'âme les saints de l'église catholique dont les exemplarités existentielles proposent autant de possibilités de s’émanciper honorablement du non-sens de la mort (p43). Ainsi les héros grecs comme les saints catholiques ont le même pouvoir persuasif, ils intronisent des conduites qui ont fait leurs preuves aux yeux des mortels du passé. La phénoménologie mythologique et chrétienne agit comme un amplificateur d'énergie positive qui fait résonner harmoniquement l'inconscient. Le "moi" retrouve alors une totalité cosmique qui peut-être nommé "cercle" et qui tout en satisfaisant le sens offre à l'âme l'éternité. Du point de vue de l'instinct de survie, la mort n’apparaît plus forcément comme une fin mais comme un passage vers une zone où on a plus besoin de ce même instinct de survie puisqu'on devient immortel. Cette nouvelle condition arrache l'être à sa condition naturelle dont les instincts précarisent et affaiblissent en permanence, c'est en quelque sorte un retour dans la matrice cosmique originelle dont le ventre de la mère est une chambre d'écho extraordinairement ressemblante et bienfaisante qui rappelle le paradis perdu. C'est pourquoi le culte marial s'est magistralement développé dans tout l'occident et jusqu'en Amérique du sud dont la figure tutélaire fut la statuaire d'Isis allaitant Horus et qui fut adoré dans l'Egypte antique comme la Reine mère et nourricière du monde.

 L'importance émotionnelle de la conscientisation existentielle est presque inhumaine tant elle provoque un immense brasier dont la seul manière pour l'étouffer demeure, pour beaucoup, les remèdes baudelairiens. A ce jeu luciférien, l'instinct de mort est une religion  de l'autodestruction qui indubitablement supprime toute conscientisation du "je" où le crâne shakespearien rappelle que le verbe "être" peut-être lourd à porter. Aussi, pour parvenir à maîtriser ces forces centrifuges qui dérèglent l'être, Jung comme Freud ont théorisé, chacun à leur manière, des diagnostiques assez complexes sur la nature humaine dont les instincts naturels forment en réalité de puissants dictateurs.

Antoine Carlier Montanari

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