Le Dessous Des Toiles : Vierge à L'enfant (Domenico Veneziano)

 Cette Vierge à l'enfant de Veneziano rappelle celle de Masaccio réalisé 20 ans plus tôt en 1426. La Vierge d'un chatouillement de la main accomplie ici l'étrange et mystérieuse alliance entre Dieu et les hommes. Cette caresse mariale annonce une théologie de l'illumination qui était annoncée par les premiers prophètes lorsque Dieu se fit amour en eux. Veneziano a donné corps à ce berceau de l'humanité qui sous le pied droit du petit Jésus forme à la fois  l'arche de Noé et le panier d'osier qui garda précieusement le petit Moïse sur les eaux du Nil. Ce bleu aquatique est donc la suprême espérance qui accompli toutes les prophéties concernant le messie. A côté de Jésus, Marie toujours Vierge, libère son amour fécond comme un fleuve descendu du Ciel et qui plénipotentiaire rougeoiera au moment voulu comme les eaux du Nil et jusqu'aux noces de Cana. Cette faveur cuirasse entièrement le Fils dont déjà dans les entrailles il fit savoir qu'elle est la Mère de protection contre le pourrissement universel. Parce qu’il fallait à cette Mère choisi de Dieu une humanité corporelle et tangible à aimer puis à consoler. Il est réellement Dieu, devenant le fondateur véritable du royaume céleste et sous l’effet d’une miséricorde acharnée, des héritiers par milliers presseront le pas à ses côtés, souvent solitaires et n'ayant rien gardé du monde. Ainsi, le fils de Dieu, au sortir du berceau, doux et tendre à la fois, conduit déjà sa mère au fiel de sa Passion dont les roses rouges qui ornent la peinture rappellent par 10 fois les multiples plaies de son corps. Ainsi, collée à cette poitrine, la main de la Vierge recueille chaque battement pour en extirper la moindre douleur. Dans le secret de ce tabernacle trois fois Saints, chacune des 12 roses blanches incarne chacune des 12 tribus d'Israël et chacun des 12 apôtres. Ces 12 empires portent au pied du trône du Juge Suprême l'église militante et souffrante qui retentit universellement sous les traits de la Vierge. Ici reparaît donc le témoignage parfaitement pur de la providence dont le rose trois fois ceint invoque la Trinité qui en flots verticales exulte un cantique de louange dont la résonance échafaude le piedestal de la Croix. Deux ans plus tôt, en 1445, Veneziano a peint la même Madone avec une débauche de rose parfaitement mise en lumière et qui ne trouve aucune analogie avec d'autres peintures. Cette coloration emprunté à la fois au blanc et au rouge des roses autour de la Vierge est avant tout un éloge à la Vierge dont le symbole est la rose "rose",  où par deux, elles brillent sur chacun des pieds de la Vierge Immaculée de Lourdes. Ainsi le manteau bleu de Marie qui longe les jambes de son Fils est cette source miraculeuse qui ne fait que dire lève toi et marche!

Antoine Carlier Montanari