Cake Ispahan : Pierre Hermé
Impitoyable rose qui materne cette épaisseur obstinément bedonnante en son centre et qui comme une baronne bien nourrie a la physionomie d’une brioche. Cette femme accomplie, saupoudrée et maquillée, luit comme une glace crémeuse dont les adorables bourrelets grossissent les bords déjà fortunés d’une couche bien sucrée. Cette source de volupté pâteuse dont le cœur maternel renferme bien des délices sirupeux délivre impétueusement quelques fragments de framboises et d’amandes. Il y a dans cette dame une bonhomie féconde qui monte de ses reins jusqu’à ses seins et qui comme un grandiose escalier invite à y monter les marches. Ainsi au cœur de cette demeure soigneusement garnie, l’énigmatique Ispahan parfume, de sa fraîche essence, l’intérieur de son ventre et qui jusqu’à sa peau en est gouaché impeccablement. Cette très haute naissance qui porte, en guise de chapeau, quelques macarons cerclés comme des broches royales, ressemble à une capucine feutrée qui inspire tour à tour l’austérité et la frugalité. Il ne faut pas être coquin pour la connaitre, sans négligé le peignoir qui lui sert de déshabillé, rien ne tourmente plus la bouche que la friandise qui se cache en dessous. Mais la courtoisie l’exigeant, le maître nous a laissé une échancrure invisible sous la coiffe, évidemment la bienheureuse, quoique qu’encore légèrement sèche, est prête à offrir ses ravissements.
Antoine Carlier Montanari