Un Livre Que J'ai Lu (19) : Brûlures (Dolorès Prato)

 Il y a ce soleil qui brûle, ce soleil dont les rayons ont eu raison de la peau de Dolores Prato, ce même soleil, qui s’est concentré sur l’âme de la pauvre orpheline comme un Dieu aimant dont la grâce est pareille à ce soleil exposé au Saint Sacrement. Cette énergie descendue est l’image de la grâce, autant elle nous élève, autant elle nous consume, à l’image de la sainte catholique en extase reprise sur la couverture (1). A vrai dire, il faut lire les fragments de Simone Weil sur Dieu, le soleil c’est l’image de Dieu, il brûle d’un si précieux feu que le bien qui s’y produit est pareil à une souffrance langée de pureté. L’extase est telle qu’elle poigne l’âme d’un bonheur ô combien ruisselant. Avec Dolores Prato la suggestion orgasmique est proche de cette fameuse réalisation du Bernin dont les paupières à peine entrebâillées de la sainte témoignent de la fièvre amoureuse qui l'a submergée. Aussi cette célèbre transverbération de Thérèse d'Avila présente sur la couverture du livre, manifeste idéalement cet embrasement causé par le soleil et qui de l'extérieur mue de l'intérieur la pauvre âme dont l'ostension est pareil à ce coté de la terre au solstice d'été.

 Dans ce petit monde, très italien et très catholique, il n’est pas étonnant de mêler la chair et l’âme, la morale de l’histoire est une bien belle parabole dont la leçon a de quoi faire réfléchir le plus épicurien des hommes. « On prend plus de mouches avec une goutte de miel qu’avec un baril de vinaigre. » Au regard de cette sentence de saint François de Sales, cette goutte de miel est un bienfait perfide (p41). Nous devons donc bien nous garder de devenir comme ces mouches !

Antoine Carlier Montanari