Le Dessous Des Toiles : Le Bal Des Vampires (Roman Polanski)
Avant Rosemary's baby, Roman Polanski s'est essayé aux sociétés dites "secrètes". En effet Le bal des vampires qu'il réalise en 1967 annonce déjà les prémices de son chef d'œuvre précédemment cité et réalisé un an plus tard, en 1968. Dans une contrée lointaine, la Transylvanie sud carpatique, le professeur Abronsius et son fidèle assistant Alfred, joué d'ailleurs par Roman Polanski, sont persuadés que les dits "vampires" existent bel et bien. Un vieux château en pleine montagne et gardé par un bossu hideux va combler leurs attentes. Cette ancienne race d’hommes réclame une fois l’année du sang humain que le Comte Von Krolock se charge d’apporter. Ainsi le discours du comte qui ouvre le bal donne une idée assez précise de leur volonté. Depuis cette nuit anniversaire, ils veulent renverser l’humanité e sous l'autorité de Lucifer, la main gauche du comte fait le signe de la bête, l'auriculaire et l’index levés tandis que les autres doigts restent repliés sur la paume. Mêlés en habits de nobles, dentelles et perruques, l'assemblée, pieusement, écoute la prêche du comte. Le parallèle peut être effectivement fait avec Norman Castevet lorsque dans la scène finale de Rosemary's Baby il loue Satan devant ses fidèles. On assiste là au propre des sociétés dites "secrètes", à savoir une sorte d'élite emplie d'une science inconnue, désirant asservir le monde. On pourrait ici faire remarquer le parallèle du professeur et de son assistant avec Virgile et Dante, et sans aller jusqu’à comparer les deux œuvres on peut cependant dire que toutes les deux font l’expérience du mal. On sent véritablement là le crime et le vice où l’on voit remuer des horreurs sorti de quelques antiques sépulcres. Si la fin offre un étonnant parallèle avec Adam et Eve, le couple formé par Alfred et Sarah, la fille des aubergistes, rappelle en effet la genèse et la perte de l’innocence. En 1969, après que l’actrice qui incarne Sarah a épousé Roman Polanski, celle-ci est assassinée dans sa demeure alors qu’elle était enceinte. L’un de ses meurtriers, Charles « Tex » Watson dira pendant la tuerie, « Je suis le diable, et je suis ici pour faire son travail ». Roman Polanski semble donc faire partie de ces réalisateurs maudits dont la filmographie est d’avantage adressé à des initiés. Il est vrai qu’en raison des sujets abordés dans ses réalisations, il nous emmène dans ce que Conrad a appelé le cœur des ténèbres. En 1999, année avec trois 6 inversés, il réalise La Neuvième Porte, l’histoire rappelle bien évidemment les neuf cercles de l’enfer de Dante, où un expert en livres rares déniche un manuel d’invocation satanique.
Antoine Carlier Montanari