L'Architecture Du Diable (11)
Le film Mama s'ajoute à tous ces films hollywoodiens anticatholiques, en effet, au regard de son principal producteur, Guillermo Del Toro, dont les réalisations précédentes ont montré une fascination toute particulière pour l'horreur, fait ici le choix, via son réalisateur de designer le corpus catholique comme origine du désordre. Rien n'est dit explicitement, la méthode consiste à donner la part belle aux ténèbres en exaltant l'attachement au personnage maléfique. Mama, dont l'enfant qui lui a été enlevé à la naissance par les services sociaux de l'époque, à savoir le clergé catholique, apparaît comme une figure maternelle, qui sous la forme d'une furie nocturne finit par susciter la compréhension relativement et conjointement à son désir de protéger les fillettes qu'elle a fini par adopter. Cette combine scénaristique permet de confondre le bien dans le mal et le mal dans le bien, le téléspectateur moyen ne réalisera pas forcément toute la mesure du processus et ayant pris fait acquis pour l'histoire ne pourra que produire de la confusion. On est pour ainsi dire face à de la subversion satanique car il faut prévoir que ce type de consentement que l'on cherche à susciter dans le public est essentiellement une affaire d’originalité. En effet il apparaît clairement que le spectacle de lui-même pour lui-même motive suffisamment leurs auteurs qu'ils adhérent volontairement à la moindre idée un peu subversive. Ils sont souvent incapables de comprendre réellement ce qui est en jeu, et ne réalisent pas à quel point la confusion des genres entraine une acatalepsie morale dont l’effet principal est d’ôter au mal sa nature réelle. Hellboy, réalisé en 2004 suffit à démontrer tout cela, le film vise avant tout à entretenir l’idée que le mal peut également faire le bien. En effet, ce démon cornu incarné par Ron Perlman, qui est la représentation fidèle du diable comme on l’entend dans l’iconographie chrétienne, tient à la taille un chapelet dont le crucifix est la preuve que la confusion a réussie. Dans le même registre, Diablo des X-Men, mutant qui évoque déjà le transhumanisme et l’hybridation des natures, est un autre symbole culturel populaire qui confond tranquillement le bien et le mal. Adepte également du chapelet, Diablo fait figure de symbole chrétien anti-chrétien.
Antoine Carlier Montanari