Titanic Economique (5)
Je m'étonne encore moi même, après ce que je peux raconter des médias actuels, d'avoir cru que ce magazine puisse développer des convictions autres que celles martelées à outrance. Baigné d'avantage des sentiments de l'espérance, j'ai cru à tord ,des bonnes volontés qui auraient pu se faire jour. Croyant par le sujet évoqué sur la couverture, que l'implication journalistique apporterait une vision décalée de la masse médiatique. Le sujet concocté abordait le plan économique du front national par une analyse et une interview de sa tête de proue. Cette ambition à vrai dire, m'a pousser à l'achat et je me suis donc installé à bord afin d'y rencontrer tout ce petit monde. On ne pourrai enlever l'agréable français qui est utilisé au fil des pages, d'une tenue presque bourgeoise et qui entretient une certaine complaisance avec le savoir vivre. Assez feutré on se sent vite baigné dans une atmosphère plaisante et qui tente, par le choix des sujets, de rassurer le lecteur dans ses convictions numériques. L'on ne peut comprendre l'ensemble de la dialectique utilisée, sans mesure des dogmes monétaires. Les journalistes manient bien la rhétoriques et font honneur à la belle langue qui est la nôtre. Apparemment mesuré, ils parsèment une certaine prose et construisent l'ensemble de l'édifice avec une certaine rigueur. L'on est à même ensuite de consulter l'univers qui nous ait présenté et d'y voyager sans souci que le monde s'écroule. Je m'arrêterai bien là, ce qui satisferait amplement ces esprits érudits, toutefois à la lumière que je désire faire mienne, je ne peux concéder l'offense au bon sens et à l'esprit critique. En effet, comme toute analyse demande une part de remise en question, j'ai vite compris que les lignes qui ont habitées un certains temps mon esprit, se sont assemblées et m'ont portées à la conclusion habituelle. Au regard du dossier Marine Le Pen, l'inévitable discours s'est mis en place, l'on ne pouvait attendre de la part de Vincent Beaufils, David Bensoussan, Thierry Fabre et Dominique Perrin de se mettre debout sur le bureau. L'éloignement de la mesure n'est pas à leur portée, les effets de l'économie sur leur mental les rends inapte à la compréhension de la nature humaine, en sachant qu'à aucun moment ils ne considèrent les paroles de l'interviewé comme envisageable. Il est certain qu'au compte des équations qui les animent, ils ne conçoivent plus la variable humaine qui se fait jour dans la rencontre d'un personnage avec l'histoire. Ils puisent inlassablement les mots dans un vocabulaire froid et chiffré et reproche au candidat de ne point se souscrire à l'édifice monétaire. Le langage courageux les inhibe, ils se placent en moutons et conservent l'idéologie dominante en affublant leur réflexion d'une cartographie étroite et aveugle de la marche humaine. Leur enthousiasme est navrant et sans restriction de celui-ci, ils continuent naïvement à croire que les taux d'intérêts et autres bénéfices prévaudront au bonheur de l'homme. Ainsi affublé d'une image peu élogieuse, Marine Le Pen n'a pas de solution mais son rêve de grandeur nationale, de vision alternative, de remise en question et de courage, des paramètres qui ne se configurent pas à la norme économique ambiante, ne semblent pas les concerner. Bien sûr, pour eux le monde se vit avec une Rolex au poignet, un séjour à Deauville dans une chambre à 260 euros, et à cette étendue verbale l'on saura se satisfaire d'une virée tout terrain à 25000 euros. Il serait utile de comprendre l'orgueil de ces hommes, que Dante nomme les visages collés au sol, par la raison qui est la leur, à savoir une croyance implacable dans les valeurs des temps modernes. Le dossier est donc à l'image de la revue, elle se veut fragmentaire et idéologue, sans capture de l'idéal humain à savoir Dieu et l'amour et l'on se voit affublé d'informations qui ne sont que reflets d'une élite en manque de coeur et qui se voit contraint d'offrir au lecteur le prisme de la monnaie reine. La grille de lecture ne se forge pas d'une construction de l'ensemble des composantes humaines qui garantirait à la compréhension, l'acuité nécessaire à la recherche de la vérité. Et pour cela il suffit de lire l'éditorial d'André Comte-Sponville qui ne soumets pas au lecteur l'éventualité que Dieu ou le système HAARP soient à l'origine des catastrophes naturelles, ce qui le pousserait à conclure à un besoin urgent d'amour et de miséricorde. Mais je vois déjà affublé d'une étiquette en prononçant ces mots et à l'aveuglement qui est le mien je pourrai aisément appartenir à une secte. Il est donc impératif que mon rôle s'arrête là ou je commence à menacer la tranquillité qui est la leur. De mes croyances et de mes rêves, à n'en point douter, ne sauraient permettre la réévaluation de leur doctrine. Je m'empresse donc de leur expliquer que ce qu'ils prennent pour acquis, à savoir leur système de valeur qui assujettit toute l'activité humaine, ne saurait tenir compte de leur importance car celui qui les domine n'est autre que Néron et il lui tarde de voir brûler Rome. Je leur prédis donc un effondrement de leur système par la mise en place d'un autre. A ces mots je ne puis attendre une quelconque compréhension de leur part car leur perception est à la mesure d'une échelle qui n'est pas la mienne et je m'en vais donc boire au lac qui est limpide. Les vertus propres aux grands hommes et qui se caractérisent par le courage, l'envergure et le don de soi ne sauraient les encourager à remettre en cause leurs convictions . Car à la responsabilité qui est la leur, à savoir l'influence qu'ils ont par l'écriture, l'histoire saura rappeler la complicité qui était la leur au jour où le dollar et l'euro entraîneront à leur chute le bien-être des peuples. Il leur est possible de permettre la mise en demeure de ceux qui nous enchaînent à César, d'édifier les mentalités en les éclairants sur les éventuelles alternatives à l'idéologie dominante. Je ne m'attarderai pas plus sur ce que je nomme la désinformation, mais comme mon esprit m'appelle à la mesure, je conclurai en remerciant Marc Baudriller qui a fait preuve d'une belle écriture pour évoquer une certaine vision du monde. Je rappellerai, à la lecture de son article, qu'à l'image de Balzac, cancre en économie, que le génie se passe bien des ces exigences là. Il serait bon que ces hommes pleins de projets lucratifs se concentrent d'avantage sur l'oubli du gain et de ses schémas, ils y trouveraient peut-être les semences d'une nouvelle pensée.
Antoine Carlier Montanari (commentaire suite à la lecture du numéro 252 de la revue "Challenges")