Le Phare (5)
Pour chasser l’épais brouillard qui le recouvre, il tourne son flambeau, appelant de tous côtés le vent et ses bourrasques. Accroché à son rocher jusqu’aux pieds, tout tacheté d’écume et de crachats, molesté par devant et par derrière, il voit l’assaut final de la mer lui couvrir la tête. Il supporte ainsi cette peine sans quérir auprès du ciel le mérite de ses efforts, pourtant dans sa grandeur, celui qui veille là-haut, dégage un instant les nuages, guidant sa lumière à sa face. En regardant ainsi l’Éternel lui porter soutient, il cherche l’horizon dans cette mer affolée, exactement comme le ferait un guide dans le brouillard. Ainsi en se donnant à cette force, les éclairs le font tourner en rond, si bruyamment, que ses bords donnent en dedans de lui d’affreuses répercussions. A bien distinguer la profondeur de ses entrailles, découvrant que l’or et l’argent ne l‘on point garni, jusqu’à ce fond troué en ses extrémités, la soif le pousse à soupirer, l’on prétend de lui qu’il est revenu du royaume des morts.