Le Phare (4)
Regardez bien devant vous, dans ce lointain paysage où règne la mer, là se trouve le plus grand des gardiens. Envoyé des hommes, il dresse sa carcasse au point le plus solide et demeure ainsi aussi droit qu’un mât afin d’attirer à lui toute la foudre des dieux. Superbe dans sa parure, fait pour rassurer ses maîtres, guidant ainsi leurs proues aux redoutables mouvements de l’eau, vers leurs cités où siègent d’autres comme lui, aussi magnifiques et puissants mais qu’aucun feu ne vient élever. Comme là-bas, les vents n’ont pas la même tenue, leurs tourments sont moindre mais ces frères de pierre sont autant désireux de veiller au grain. C’est de là qu’ils proviennent, de ces vastes collines qui suivent l’horizon entre leurs courbes. Parmi la terre et la boue, les hommes dissipent leur craintes et viennent y chercher les roches les plus dures, sans trembler et avec courage les soulèvent et les tirent. Ces bâtisseurs par lesquels passe un si grand talent, les taillent, les sculptent et les assemblent. L’ensemble, un ouvrage de grande dignité qui fait bien jalouser les montagnes, ne concède au temps rien d’autre que l’usure.
Antoine Carlier Montanari