Le Phare (3)
En son lieu plongé dans les eaux, châtié par la tempête qui ne cesse de le provoquer, il guette le front soigné, les malheureux retournant de leur labeur. Un long frisson couvre son corps, mais rien de tout cela ne lui ravit sa droiture, il s’en moque et continue d’étendre sa gueule comme un loup qui hurle. Là, il conduit dans les dédales de la mer, où l’enfer tente par ses moyens d’en retirer un bénéfice, chacune des âmes que Dieu lui a confié. Le voilà, crie le guetteur du haut de son mât, il est là surgissant comme un géant de terre, le poitrail luisant, le poing serré, n’entendant pas céder aux assauts de sa maîtresse. Les cieux qui en sont témoins, ne seraient dire clairement comment l’œuvre des hommes bouscule leur certitude. Jamais sans doute, les pierres qui le soutienne n’ont jusqu’ici trouvé autant de rage, mais si elles étaient restés cloîtrées dans leur première demeure, jamais elle n’auraient connu autant de mérite. Mais il vrai, que parmi les bienfaits accordés aux hommes, celui-là reste le plus humble car jamais il ne bronche et ne rechigne à l’ouvrage. Sans craindre le sort qu’on inflige aux grandes cités, du haut de sa tour il embrase le ciel et rejoint celle qui lui porte conseil chaque nuit.
Antoine Carlier Montanari