Le Phare (2)
C’est là que j’ai entendu cette puissance me dicter sa loi, pour laquelle elle ne peut désobéir sans subir d’autres tourments. Source de son triomphe, en majesté furieuse elle pousse sa nature à la bataille, affrontant les vents et les éclairs, épuisant l’appétit des hommes qu’elle tarde de voir déguerpir de ses rangs. Pour en dire d’avantage, sa colère peut engendrer parmi tous les maux existant, la plus gracieuse des morts. Une dame bien noble pour le malheureux, s’il meurt en son sein, il mourra dans les mains du Seigneur. Honore-là comme ta mère, dit le marin, si le berger n'a pu t‘en sortir, cherche au dernier de ses mouvements la voûte des cieux. Combien de fois tu fus maltraité et débordé par ses reins, réveillant en toi des mots droits et vaillants, qui rendirent courage au cœur de tes compagnons? C’est là la peine du marin, il n’y a pas de vie plus lourde que celle-ci, sans louange pourtant qui ferait bien la gloire de ceux demeurant à terre. Ah si le ciel reste un guide, aucun homme ne peut porter autant de lumière que celui-ci, qui mène là-bas, sur l’autre rive, loin de la nuit éternelle, ceux dont le nom appartient au monde.
Antoine Carlier Montanari