Le Dessous Des Toiles: Minerve et le Centaure (Boticelli)
Minerve et le Centaure, au sein de ce couple navigue l’image de Moïse et de Dieu. Subjugué devant la présence de son Créateur, sa toison crânienne s’immole comme le buisson ardent, la main de Minerve, image de l’ange, fournit au feu sa puissance. Les doigts de sa main droite, la main bénissant emblème de l’autorité sacerdotale, comme la main de justice l’est du pouvoir royal. Signe de la domination de Dieu sur les hommes, qui couvre sa créature, lui parle comme l’ange Gabriel qui parle à la Vierge, le messager, l’expression verbale de son Dieu, un verbe qui s’inscrit dans l’esprit et qui grave sur la pierre les lois à suivre. La main de Minerve, de l’ange, que le Centaure, Moïse s’incline par soumission, reçoit de celui-ci la connaissance de Dieu. Le geste dessine l’expression, si noble d’une main qui écarte la mèche obstruant le regard. L’esprit ouvert aux choses du ciel, voit en son âme une vision merveilleuse du Dieu Créateur. Attendri et aimant, humble, son visage rayonne d’une âme éprise qui brûle d’un éclat saint et mystérieux, le feu du buisson ardent illumine sa face l’enveloppant comme pour le transfigurer à une autre réalité. Le royaume céleste se lie au monde des hommes par l’intermédiaire de Moïse, qui trouve ici son expression au bras du centaure. L’arc permet à la flèche de suivre une trajectoire précise, une destinée qui passe par l’ascension de celle-ci, mais préfigure aussi des risques inéluctables de la chute. C’est pourquoi les tables de la loi, voûte céleste qui assure à l’homme sa continuité, dominent au dessus du Centaure comme une protection contre les catastrophes de la vie, la flèche bien que finissant par tomber trouve en ces commandements le moyen d’éviter de se briser. En tant qu’archer le Centaure ou plus précisément Moïse garde en son carquois les âmes fidèles, il est le maître de leur destin et sera le bras qui les guidera. « Celui qui habite sous la protection du Très Haut reposera à l’ombre de Dieu . » (Psaume 90). Ainsi se manifeste Minerve miroir de Dieu, messager divin , par la végétation le long de son bras représente la naissance de la création et des choses créées. L’alpha donnant au monde son créateur puisque ici en forme de X allongé présent sur le tissu du vêtement, apparaît comme le signe de son existence première: « -Quel est l’auteur de cette geste? Sinon celui qui appelle les générations dès l’origine, moi Yahvé qui suis le premier et serai avec les derniers! »(Isaïe 41,4). Et, ensemble ils causent de ce qui est bon pour l’homme, la visite de Dieu à sa créature prend en la peinture une dimension visible, louant le rattachement à l’absolue. Boticelli accorde sa pensée sous un visage si beau qu’en le contemplant s’anoblit l’image de Dieu et qu’il frappe la mémoire pour l’élever à lui.
Antoine Carlier Montanari