Le Dessous Des Toiles: L'homme Au Parapluie (Chagall)
Que reste t’il à l’âme endormie, morte des élans de l’amour et de l’espérance. Vidée d’une substance qu’elle n’a jamais comprise et qui rend aux maux des tendres caresses. La poésie décharge sa formule la plus belle pour apaiser le cœur endolori et comme le peintre qui magnifie de la plus belle manière l’effusion de la vie, elle s’encre sur le cahier pour mieux accompagner l’homme dans son existence. A Chagall qui a su adroitement réunir les deux, j’allais voir cette demeure pleine de trésor et qui a ravi mon cœur de nobles visions, tirant des larmes que je n’aurais jamais cru pouvoir surprendre, aussi, ai-je voulu adresser à qui veut l’entendre une pensée de son œuvre. L’homme au parapluie de 1940 semble s’imprimer aussi merveilleusement que j’en arrivai à ce que mes yeux s’irritent de plaisir. Cette recherche qu’ils ont immédiatement entrepris pour mener ma pensée à une glorieuse image. M’abandonnant au consentement de la raison sans toutefois laisser mon cœur sans avis, je lorgnais les traits et les couleurs en donnant à chacun d’eux une signification que beaucoup n’auront pas forcément vu. Qu’il en soit ainsi et comme l’astronome qui découvre une étoile, ne sait pas encore le soleil qui s'y cache mais le devinera par les connaissances qu’il possède en cette science. De regarder en se souciant de ce qui enracine le peintre, une religiosité hébraïque qui définit en son pinceau des éléments de l’ancien testament. Si bien que ce savoir nous apprend l’origine du monde, l’on peut se référer à cette dialectique biblique d’Adam et de Eve afin d’établir le lien de l’œuvre à ce thème. Oui, l’âme de Chagall est fidèle à ses racines de manière à ce que l’œil athé n’en soit convaincu. Que savons-nous donc pour le croyant? Qu’aux déductions symboliques représentées dans son œuvre, l’arbre, l’homme, la chèvre ou le bouc et le fruit représenté comme un soleil puissent s’entendre sur un périmètre commun, deviennent autant d’éléments suspects à l’histoire du paradis perdu. Ne devrions nous pas formuler l’idée d’une superposition évidente si ce parapluie ne venait pas tout chambouler. Si Chagall parvient à éblouir le regard du contemporain il sait adroitement enfiler à la pensée moderne ses propres illusions. Quand l’homme témoigne de sa filiation céleste, même inconsciente, il enracine dans sa chair l’art de ne pas se prendre pour un dieu, ce qu’il symbolise par le parapluie, objet solaire et glorieux qui place l’homme sous sa protection. Donc si le bouc confondu à l’arbre, représente le malin celui qui entraîne les faibles sur une mauvaise voie, le satan à tête de bouc de l’imagerie chrétienne, Chagall construit une image véritable, une image qui sortait en dedans de moi, provoquant l’invariable plaisir qui fait dire à l’âme le bonheur d’être ici. Que rien ici bas puisse chanter autant que la poésie, emprunter une telle vision réclame un feu que même le soleil ne pourrait fournir.
Antoine Carlier Montanari