Le Chemin De Gloire (12)
Je vis alors poindre un ciel si sombre, qu’une ombre bien plus menaçante m’encouragea à prendre peur. Ils ont lynché ce charpentier comme une bête, autour une cohorte vulgaire qui hurle comme des hyènes. Ces hommes marqués du sceau de la colère, s’écartent de ces sentiers qui glorifient l’amour et s’enrichissent des volontés de la vengeance. Bien insolents envers la dignité et la justice, virulents comme des singes, ils déracinent le pardon qu’ils dévorent sauvagement. Déjà un soleil noir transgresse le ciel et s’en vient se comparer à celui qui domine tout. Ils sont tous là à applaudir ce cirque, autour de ce César qui se cache encore, ne sachant pas que bientôt il enflammera les autres, les infidèles à l’empire. Allons, maudite forme, sort de ta tanière et vient au grand jour, qu’enfin tu oses affronter ce soleil si pur! Comme je te l’ai dit, c’est par ce seul chemin que je m’en irai le rejoindre, que par ce seul chemin que tu as fracassé! Je conterai bien mon déshonneur d’avoir cru comme toi, que la mort avait eu raison de celui que tu as crucifié, obtenant de moi que je traverse ce fleuve maudit dans lequel tu te glorifie. Mais cette gloire, bien piètre, qui n’éblouie que les pervers, jonche maintenant le sol comme une traînée, ne pouvant même plus supporter du regard cette croix qui fut l’instrument de sa vengeance. Comprendras-tu, dieu cornu, que beaucoup de mortels trouvent maintenant la mort plus douce, si bien que celui que tu as cru briser, dont le pied, dans son point le plus bas, domine si haut que chacun des côtés de l’univers ne suffit pas à le mesurer, trône au-dessus de tout!
Antoine Carlier Montanari (Posté sur le site " Viens, Seigneur Jésus!)