L'architecture Du Diable
Je me vis obliger de voir une fosse toute entière hurler toute sa haine du ciel et si ici je ne peux en révéler toute l'étendue sans risquer d'atteindre la beauté de l'âme qui l'entendrait, il me semblerai indigne et égoïste de garder cela secret. Dans cette abomination qu’est l’enfer, que jamais je n’aurais pu concevoir ici de la manière que notre monde l’entend et qui défigure d’une manière si abjecte l'âme, la mort prend alors son véritable sens. Cette cuisante horreur atteind tellement la vie qu’elle en marque l’âme d’une manière indélébile. Il faut emprunter à Dieu bien des manières de voir et si le crucifix accroché au cou n’apportait pas toute l’aide dû à sa nature, les yeux rendraient certainement à la vie de grands tourments. Avoir compris cela, porte témoignage de la vérité; un grand mépris de Dieu, ce que l’orgueil enfante de mieux et qui s’incarne sous la forme la plus abjecte, déforme l'âme dans une horrible courbure. Ne croyez pas sincèrement que les ouvrages visuels qui multiplient les images dans des mouvements hallucinatoires peuvent vous préparer à cela, rien dans votre imagination ne peut nourrir une telle existence ni vous en préparer à la vision. Cette fosse où règne le diable n‘est pas à envisager sans l‘apport de ceux qui en ont parlé le mieux, se nourrir de Goethe et de Dante permet d'en voir le reflet, et bien plus pour celui qui saura en voir toute la profondeur. La littérature vraiment fut très bien inspirée lorsqu'elle en évoqua les principes et les ramifications. Sans amoindrir son importance, ne l'a surtout pas mystifier pour la rendre caduque et inopérante aux yeux de tous. C'est là un gage qui assure aux êtres cohérents et intelligents une plus grande maîtrise de la vérité. Toute cette charpente, vecteur d'une force redoutable qui taille volontiers dans la matière divine pour progresser, ne peut cependant se soustraire à la volonté de cette dernière. Pour en visiter le cœur et tenter d’en apporter quelques lumières, il faut avant tout porter à la poitrine l’ornement de cette noble dame qui se nomme la vierge. Aucun objet, à part bien entendu celui que j’ai cité tout à l’heure, n’est plus digne d’intérêt que celui-là. De plus et c’est surtout-là le plus important, il convient, avant d’aller plus loin, de prononcer les prières de louanges nécessaires à la protection de l’âme et d’en apporter le cœur et l’amour qui les rendront fécondes en grâce et en bénédiction. Car au cours de cet écrit, il se peut que certains se trouvent fasciné par celui qui règne en bas, la nature humaine se berçant volontiers d’illusions, cache en elle-même des fissures que le mâlin aime à emprunter. Il se fraye un chemin comme l'eau d'un torrent, contournant le moindre obstacle sans difficulté, qui de plus par ailleurs lui permet le plus souvent d'emprunter d'autres voies. Habile en ce domaine comme un jongleur avec ses boules, il percute si adroitement notre pensée que le désespoir devient vite notre seul interlocuteur. Tâchez donc de bien suivre ce précepte de façon à ce qu’il arrête à votre porte les méfaits de sa volonté, celui dont on parle et qui maintes fois à tenter de me nuire, sait habilement s’infiltrer là où on ne l’attend pas. La providence à charge de veiller sur tous, de plus elle se rend efficace lorsque l’on en demande les bienfaits. Que le monde le sache et plus encore car ce qu’il advient de celui qui s’en détourne, paraîtra redoutable pour les yeux du lecteur qui peut en imaginer toute l’étendue! L’angoisse qui s’applique à la conscience, concasse tellement la raison et les sens que l‘esprit peut devenir fou. L’horreur qui émerge ainsi, s’abreuvant de toute une fosse, profite bien de l’ignorance des hommes et forme aisément une couche si épaisse que l’ordre tout entier peut sembler impuissant devant elle.
Antoine Carlier Montanari