Julian Onderdonk
J’ai vu ces toiles dévoiler de toutes parts le ciel et sa lumière, autant et presque d’avantage que le faisait ce barbu de Monet. Je suis tombé sur ces champs bleus, montrant avec puissance l’éclat du soleil, là, l’intrépide Pégase pourrait y arracher quelques herbes tandis que ses ailes planeraient avec lenteur, tout en caressant les fleurs, comme le ferait sans peine un papillon. Enfin, Endymion, qu’on surprendrait en pleine fin d’après midi reposant sur la verdure, pourrait y joindre à la brise ses plus beaux rêves et rendre à cette lande si lasse la splendeur d’un champs de bleuets. Me voyant rassuré par tant de talent, quelques pensées s’élèvent encore à moi quand mes yeux s’assouplissent sur ce torrent, restant ébloui devant ces brillants reflets que j’aurais voulu refaire s’il m’avait été donné autant de talent. Ainsi, ceux qui comme moi, trouvent que tout là-haut, celui qui domine tout, donne à voir le monde d’une bien belle manière, par les dons conçu pour notre bien, sait par une pensée très claire dévoiler le lieu de sa demeure. Me voici donc satisfait, le fait que je déborde de ces plaisirs qui poussent vers le ciel, libre de quitter la terre et voir le monde comme le voit Dieu. Cette soif perpétuelle de recevoir autant de beauté, qui nous fait arriver là où le soleil déverse ses rayons, et reste en même temps conforme à cette volonté si bonne qui garantit à ce grand univers, parfaitement uni, une éternelle destinée. Si le peintre enflamme ses toiles, rend par son pouvoir les espaces sombres aussi lumineux que leurs contraires, trace d’un habile geste l’aspect de l’atmosphère, c’est là que l’on peut rejoindre le mieux cette terre qui fut à son tout début le sein du ciel. Observez maintenant comme l’art du pinceau cisèle le temps et inspire à son tour le regard d’autres visions, cette ronde si bien menée anime la vie et tire de l’esprit les sentiments les plus nobles. Moi qui confesse ainsi la profondeur que peut refléter le talent lorsqu’il se laisse dominer par la vérité, distinguant au mieux ce qui doit constituer le regard lorsqu’il fait sienne l’admiration de cette dernière et qui émet comme unique désir de ne plus avoir envie de voir autre chose, ne cache point ce sentiment d’être placé si haut. A vouloir connaître pareille lumière soulage bien des maux et des désastres, et plus encore enjoint au cœur une paix bien profitable.
Antoine Carlier Montanari