Imploration I
Il me faut vous raconter une chose Sainte Mère, si commune à l'homme et à sa nature, mais que je ne peux ensevelir en moi sans vous en prier. Il est une grace que je vous demande, une grâce si utile à ce qui me reste de vie. Seulement hélas, mes mots sont insuffisants pour extirper ce qui me bouleverse, et s'il n'y avait pas en vous ce cœur si grand, que je sais si aimant, je me serai tû et aurait abandonné ce dessein. Prenez Sainte Mère en votre doux foyer, en cette demeure qui recueilli notre Seigneur, ma supplication. En vous que je sais pleine de grâce, ne désirant d'autre palais pour m'y reposer, puissiez vous écouter ma requête et la déposer aux pieds de votre Fils bien aimé. Sauvez-moi de moi-même et du démon!
Ô Sainte et tendre Mère, bien que mon être ne souhaite que vous enlacer, vous et votre glorieux Fils, je serre amoureusement votre chapelet et lui murmure les syllabes qui ont souvent épargnées à la misère humaine bien des désarrois. Pourvu qu'en mon coeur qui respire si maladroitement, vienne s'y pencher l'un de vos baisers, si précieux qu'aucun d'ici bas ne pourrait en mesurer sa valeur, la chaleur d'un soleil n'y suffirait pas! Il est bien concevable pour le chrétien, que vous soyez la Mère d'un Dieu, celle qui nourrit par sa chair une autre aussi flamboyante et qui sachant qu'il dormait en vous, puisait un amour qu'il savait éternel. Ces mots aussi savoureux soient t'ils, quand bien même il y en aurait d'autres plus justes ne pourraient rendre compte de cette gloire qui vous pare. Chère Mère, s'il me plaît de vous les susurrer c'est pour mieux donner au talent qu'il me reste une part de la vérité. Je veux témoigner par cette prière qu'en toute chose c'est vous qui rendait le bonheur tel qui doit être et c'est en cette circonstance que je vous implore de m'en allouer. Il y a en moi insuffisamment de grandeur pour que je puisse recevoir de votre Fils, celui que je considère comme mon maître, cet amour si puissant et si passionné. Donnez-moi cette exagération amoureuse qui fait dire qu'il faudrait mieux mourir que d‘en être privé. Qui de mes frères, témoignant de la volonté de Dieu, aurait pour vous un plus grand amour que le mien ne serait cependant m'ôter ce que j'éprouve. Et s'il plaît au Très-Haut de le voir ainsi, alors tendre Mère, prenez-moi en vos bras pour que j'y puise ce repos que l'on ne peut trouver ailleurs. À vous qu'un sang royal abreuve et qui a formé en votre sein le plus majestueux des rois, puissiez vous donner a mon âme alors, encore tout éperdue, ce bonheur qu'elle réclame. En cet instant qui manifeste autant que le peut ma volonté, cet intime désir, je vous prie douce Mère d'en consentir les modalités, une nécessité dont je ne peux me passer. Si haut que peuvent atteindre mes mots, je les porte avec vaillance pour en espérer l'éclosion. C'est en gageant à cet endroit du monde ma parole, par laquelle je m'en vais acquérir une lumière plus forte, que tout mon être attend votre sainte bénédiction. Atteindre un tel sommet est pour moi la seule façon d'assurer mon avenir et de rapprocher mon âme de la félicité.
Ô Sainte Mère, qu'il est doux d'en être ainsi et s'il peut naitre en ma pauvre carcasse un peu de la lueur qui vous pare, bien belle sera alors mon âme. Céleste Reine liez-moi à vos Coeurs et je vous rendrez autant de vos âmes tenues en purgatoire. Je remplirais ces carnets d'éloges à la passion de votre Saint Fils, plus même sans limite je multiplierai en nombre cette part qui le glorifie. Je vous fais ici la promesse de ne jamais m'en détacher , de ne point flancher dans cette tâche si besoin d'y verser mon sang et de ne point la signer. De plus j'enseignerai à ma descendance et à celle qui l'aura portée autant que ce qui m'a été donné, sans jamais me plaindre et toujours avec humilité.
Antoine Carlier Montanari