Harry Potter à l'école de l'argent
L'on a tendance à idolâtrer ce qui a du succès, devenu dogme aux racines tentaculaires qui s'incruste à tous les niveaux de la société. JK Rowling a mis au sommet des cités un héros à lunette. Préposé à enrichir les générations qui arrivent, celles-ci se l'accaparent à bras le corps, une démonstration flagrante d'un succès sans précédent. Ainsi exaucé des mortels désirs, l'auteur propose une histoire à une planète friande de magazine people. Son enthousiasme s'émancipe des racines littéraires et s'accapare en toute sincérité des mythes et des légendes aux variations entremêlées, sans toutefois les organiser de la manière à leur rendre justice. Une sorte de patchwork qui se tisse en fonction des aventures du personnage principal et qui a pour but de matérialiser les peurs de l'auteur. Un pessimisme marqué sur le devenir de l'homme et qui conjure ses incapacités à régler les problèmes par la présence d'une caste aux pouvoirs magiques. Une illusion qui efface Dieu de la société, du moins l'espérance qu'un monde meilleur attend les hommes. JK Rowling attribue à ses espoirs des êtres aux aptitudes secrètes, qui cachés de l'homme révèlent des manigances susceptibles de l'entraîner vers une destination ténébreuse. Point de salut proposé à la race humaine, elle subit sans sourciller la volonté de ces dieux aux aspirations démesurées de leur nature. Un équilibre qui se détourne des commandements de la profondeur humaine et qui se caractérise par une absence totale de providence supérieure. Une plaie ouverte aux ramifications sombres et douteuses qui s'incruste dans l'oeil du lecteur ou du spectateur comme une fascination du mal. L'hégémonie des ordres sombres devient le fil conducteur du roman et s'affiche volontiers comme un pôle magnétique. L'univers décrit une société dévolue aux sorciers, celle-ci n'ayant pas évolué aux cours des siècles s'apparente à une parcelle temporelle fermée sur elle même et qui s'échine à éviter le monde des hommes, qui eux mêmes sont appelés moldu soulignant ainsi le peu de considération de la race humaine. Une sorte de revanche sur l'inquisition et qui démontre que dans l'ordre naturel, l'homme a perdu sa place. D'ailleurs il n'est pas difficile de voir que ceux décris sont généralement grotesques et ridicules (les parents adoptifs d'Harry Potter), et dans cette reconstitution qui voit la magie l'emporter sur l'humanité, l'homme n'étant plus le héros, il devient l'objet, la raillerie et l'inutile. Ainsi tout au long du récit l'on voit la part humaine décapitée de sa noblesse, soumise aux volontés de sorciers qui dans leur grandeur savent ce qui est bon pour nous. Cette caste à l'histoire nuageuse prend le rôle principal et s'évertue à ériger un monde soumis à des puissances obscures. L'assemblage de cette volonté est manifeste lorsque l'on comprend qu'il faut les moyens de la magie pour résoudre les problèmes, le coup de baguette suffit pour éteindre les flammes et les incantations s'élèvent comme un appel aux forces occultes sans que personne ne comprenne l'essence de ce qui anime l'ensemble. A l'heure Le floue qui s'installe distille un doute qui tend à amalgamer les forces du bien et du mal, l'on a peine à identifier les deux et la mesure se veut instable lorsque l'on s'aperçoit que ce qui anime les deux camps est une appropriation de la magie. Ici le bien se veut le garant de la stabilité des forces et non de l'amour, il subtilise ce qui animent toujours le héros, c'est à dire la quête de la vérité et le retour à l'ordre moral (La légende du Roi Arthur, Le Seigneur des Anneaux...). L'on est confronté à un dilemme que les jeunes générations affriolent, l'émancipation des valeurs transmises et l'édification de leur volonté sur le monde qui vient. L'importance que donne JK Rowling à son personnage est à la hauteur de ce que les jeunes désirent. Harry joue de la baguette et participe sans chercher à faire surgir de lui même le bien qui doit l'élever, une transcendance profonde qui justifierai l'amour de son prochain. Il se fit naïvement aux incantations en tout genre qui lui permettent de détruire le mal sans qu'il ne s'aperçoive qu'il utilise les mêmes armes que son adversaire. Reflet de nos sociétés modernes qui affriolent ces activités (le spiritisme, la voyance, le new age etc...) et qui sans restriction comprennent que pour réussir il est normal d'en faire de même. Le rôle du sacrifice, du don de soi, de l'amour pour cause principale et de la détestation du mal ne paraissent pas surgir naturellement. L'auteur privilégie les incarnations magiques, sous forme théâtrale afin d'amadouer les jeunes aux désirs les plus instinctifs. Son oeuvre déploie avec arrogance un univers d'images et de diverses manoeuvres visuelles tendant à faire oublier un sens qui aurait pu être profond. Côtoyer le mal et ses engeances de manière assez séduisante en employant la fascination des éléments qui peuvent le constituer et qui tend à montrer que le mal à quelque chose de bon. Un doute que l'auteur ne parvient pas à extirper car ses conceptions sont désolidarisées des concepts littéraires classiques. Le floue qui s'installe entre le bien et le mal contribue à éliminer les frontières pour ainsi rendre le spectateur arbitre de ce qui est bien de ce qui est mal. L'élément architecte du récit s'évapore en une suite d'actions et de réactions, sublimées par des éléments à forte impression visuelle tendant à extirper de l'esprit le vide de l'histoire. La quantité de détails, de gadgets, d'incantations et d'objets s'empilent jusqu'à combler des centaines de pages et ramènerait le livre à un simple feuillet sans leur présence. Maupassant avec le Horla en a dit plus que notre auteur, point d'artifices ou de détails sans importance, JK Rowing amasse du superflu et tente de nous convaincre que la vie se règle par une baguette magique et des lunettes, de toute manière au regard de l'argent qu'elle a amassée sa formule a fonctionné. A méditer dans cette société qui prône l'égalité et les valeurs humanistes, l'on s'aperçoit bien rapidement, à la condition que l'esprit critique soit encore présent, que devenir riche aussi rapidement est devenu une vertu qui ébranle bien les valeurs citées plus haut. Elle n'en fait mention nulle part mais sans doute par dépit elle s'inscrit comme tous les milliardaires, certainement par souci de ménager certains facteurs qui viendraient troubler sa conscience, sur la liste de ce que l'on appelle les philanthropes. Une démarche qui peut lui paraître saine car finalement c'est vous qui l'avait enrichi et vos choix littéraires et cinématographiques l'ont bien engraissée et c'est dans cette mesure qu'elle atténue ses éventuelles culpabilisations. Sept livres plus tard, avec componction elle se veut soucieuse des malheureux. Désirant régler les problèmes des hommes par une magie que l'on pourrait appeler l'argent à la condition que l'on puisse en avoir, tout comme son héros. L'éviction des valeurs sacrificielles qui font que le plus humble est à même de pouvoir offrir l'essentiel, c'est à dire l'amour et le don de soi, à l'image de Mère Thérésa par exemple, place évidemment JK Rowling au pinacle de la société. Une diva monétaire qui entretient des liens étroits avec les ressources financières, et se verra contrainte de faire prospérer son reflet dans des ouvrages à caractère illusoire dans le but évident de fournir d'avantage les caisses de César. Il serait important de replacer certaines évidences comme son effrayante ascension sociale qui en comparaison place Mozart, Molière, Léonard De Vinci, Michel-Ange, Pasteur ou encore Marie Curie dans une situation précaire et qui fait de notre auteur une parodie du talent à qui le destin a sourit pour son plus grand malheur. Il y à ici un vice, une problématique qui se caractérise par l'enrichissement démesuré, évidemment au profit des autres d'une richesse bien mâle acquise.
Antoine Carlier Montanari