Une Fable: La ruse la mieux ourdie peut nuire à son inventeur
Là, des pleurs, des soupirs, des lamentations et bien plus que je ne pourrrais ici citer sans provoquer le dégoût et la honte. Je vais vous mener vers celle qui en est la cause et qui sans crainte vous dira, aisément d’ailleurs et avec fierté, qu'elle est digne de régner. Car j’ai bien vu et entendu cette hyène me compter ses affaires pour parvenir à prendre la place du lion. Pendant qu’elle me racontait tout, je vis ses yeux de braise et sa gueule poisseuse prendre tour à tour les indiscrétions de son âme, la trahissant par de subtiles mouvements. Qu’elle aurait aimé, je pense, prendre place plus honorable encore, mais déjà qu’elle s’était rassasiée de ce cadavre royal, elle savourait l’étendue de son territoire. Promptement, puisque comme elle me l’a dit, sa méthode a été si efficace qu’il aurait fallu à ce roi plus que sa force pour s’en sortir vivant. Grâce à l’appui de celui qui vole et qui se nourrit comme elle, mêlant adroitement leur talent, l’un en observant par les airs la mise en chasse du roi et l’autre en prévenant ses futurs proies, si bien que lorsque la faim se fit sentir, il ne resta plus rien pour le nourrir, lui et son clan. De tristes sépultures combla l’appétit de ces comploteurs, entraînant ainsi la vie à prospérer sans qu’aucune domination vinrent les déranger, mais la hyène ne se contenta plus de cet arrangement avec le vautour et distingua de sa pensée une adroite combinaison afin de l’en chasser. Ce n’est pas sans raison qu’elle accomplit tout cela, du moins qui veut entendre ce que l’orgueil a de plus abominable et qui rend pitoyable la créature qui en use, la volonté de tourmenter et de dominer et qui comme toute raison inique finit par provoquer des tourments encore plus grands. Cette bête maudite, car elle l’est devenue par ses actes, a repris à sa cause la plus vil manière de commettre un crime. Elle invita à sa table le vautour et sa lignée et tout en ayant pris soin de répandre sur des cadavres encore chauds un poison, elle permis à l’antilope d’en être témoin afin que son dessein puisse distiller la crainte. S’il est vrai qu’à la suite toute la région en prit acte, chacun su qu’il en coûterait cher d’être l’ami ou l’ennemi de la hyène. Mais cette dernière oublia dans son forfait, que lorsque la peur s’installe, on voit surgir le besoin de fuir, ce que fit toute la faune et quand il en fut ainsi la hyène déjà incapable de chasser se trouva dépourvu de nourriture.
Antoine Carlier Montanari (commentaire suite à l'article publié dans le Point intitulé " Sarkosy:"Ces accusations sont une infamie", daté du 29/04/2012. Commentaire non publié par le Point)