Ecrit Epistolaire (10): Camus et Sisyphe
Camus, à la manière de Nietzsche d’ailleurs, sans querelle, ne refuse pas la souffrance. Ce prix splendide à leurs yeux, qui fut d’abord initié par Prométhée, ouvre outrageusement la voix à l’abnégation et à toutes ces vertus qui délogent l’homme de la chair. Cela plait à l’âme de s’en faire maîtresse, qu’elle s’affranchisse de ses faiblesses, les acceptant pour se purifier et grandir, après tout n’est-ce pas là le même enseignement que professa Paul aux Romains : - "En effet, sous l’emprise de la chair, on tend vers ce qui est charnel ; sous l’emprise de l’esprit on tend vers ce qui est spirituel ; et la chair tend vers la mort, mais l’esprit tend vers la vie et la paix." Sagesse qui perce les hommes sans les faire périr, retourne inévitablement les effets négatifs de la souffrance. Si tous deux, Camus et Nietzsche refusaient au Christ son exemplarité, ils n’en demeurent pas moins de dignes échos.
Antoine Carlier Montanari (commentaire suite à l'article paru dans le Figaro le 07/11/2013 et intitulé "Sisyphe, l'homme heureux qui rappelle Albert Camus", commentaire publié sans les modifications de cette publication)