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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

12 Dec

Un Livre Que J'ai Lu (211) : La Peur qui Rôde (H.P Lovecraft)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #H.P LOVECRAFT

 

 George Bennett et William Tobey, les deux compagnons du narrateur, avaient disparu. Aucune trace et nul n'a plus jamais entendu parler d'eux. Cette nuit-là, au moment de leur disparition, le narrateur observe l'ombre sur la cheminée. Une anomalie prodigieuse, un blasphème vivant, sorti du fond de l'enfer. Une abomination sans forme et sans nom que l'esprit se refuse à concevoir et que la plume, selon le narrateur, est impuissante à décrire. J'amais la présence du mal ne l'avait oppressé à ce point et à cause d'une multitude de démons moqueurs il crut descendre dans un abîme de terreur inconcevable. Cette ombre, cette hideur insondable venue de je ne sais quel coin de l'univers et dont l'apsect défiait la raison, l'avait curieusement épargné. Il fallait donc retrouver les traces de cette chose, de cette peur qui rôde et qui avait déjà anéanti un bon nombre d'hommes du village et des bêtes sauvages. Arthur Munroe, un journaliste qui accompagna le narrateur dans ses recherches, fut, lors d'une obscurité exceptionnelle provoquée par un orage infernal, atomisé au niveau de la tête. Celle-ci fut rongée et creusée, ne laissant plus rien du visage.

 

 Nous n'en dirons pas plus sur cette première nouvelle qui nous mène à faire la connaissance d'une étrange famille qui était tout aussi maudite que la demeure dans laquelle elle s'était installée. Dans la seconde nouvelle H.P Lovecraft fait mention d'un certain Edgar Allan Poe qui, lors de ses promenades, passait devant une maison qui se dressait comme un symbole de tout ce qui est indiciblement hideux. Cette maison était maudite et on y mourrait comme des mouches. De ce fait, la maison devînt la proie des superstitions les plus folles. Manifestement, un mal s'était installé. Cette influence maléfique buvait le souffle des dormeurs comme le sang de personnes décédées. Quoi qu'il en soit, l'entité démoniaque retourna de là où elle était venue, à savoir ce lieu qui sous terre est l'infernale demeure des démons et des damnés. 

 

 Dans la troisième et dernière nouvelle, c'est une autre histoire de malédiction qui nous est contée. En effet, un certain Denys Barry, un ami du narrateur, vivait dans le vieux chateau hanté de Kilderry. Cette vieille bâtisse demeurait près d'une tourbière où gisait en son centre une petite île sur laquelle trônait une étrange ruine dorée semblable à un spectre. Une nuit, sous la lune, le narrateur observa un cortège de naïades, c'est à dire des nymphes des eaux, qui se dirigeait vers la tourbière. L'étrange spectacle nocturne était accompagné d'une ombre luttant contre d'invisibles démons. Cette ombre, selon le narrateur, n'était plus que le spectre de ce Denys Barry, une inconcevable carricature de cauchemar, une effigie sacrilège.

 

 Ces trois nouvelles ont en commun la demeure hantée que l'auteur enrichi avec des visions absolument ignominieuses et nourries de superstitions anciennes et cachées. Comme nous l'avons mentionné dans la dernière fiche de lecture, à savoir "Celui qui chuchotait dans les ténèbres", la démonologie lovecraftienne génère des images terribles et une horreur étrangère qui s'empare de nous en exhalant je ne sais quelle vague sensation d'incomplétude, comme si notre auteur avait retenue sa plume. Bien que d'antiques forces surgissent devant nous avec une répugnance absolue, compte tenu du sort réservé à certains personnages, elles ne se dévoilent jamais au grand jour. Le lecteur en tirera quelques bénéfices, en effet, cette retenue le préserve d'une surenchère d'horreur qui aurait pour effet d'affaisser la qualité du récit. Son imagination est d'autant plus solliscitée. H. P. Lovecraft tient donc à conserver une part de mystère à sa mythologie.

 

 L'univers monstrueux qu'il décrit est certes parfois compliqué, du fait de l'insuffisance narrative, mais les situations terribles qu'il met en scène ont ce caractère si singulier et si pesant qu'elles produisent en nous une sorte de désenchantement, voire de désillusion. Et on peut dire que cette férocité et ces monstruosités échelonnées avec justesse, peuvent rappeler les furieuses esquisse de Goya. On peut parfois, même rapprocher certaines obscénités décrites par notre auteur comme provenant du terrible bestiaire de Jérôme Bosch. C'est vrai, H. P. Lovecraft ne consent pas à nous rassurer. Sa plume nous rend témoins d'abominations plésiomorphes qui viennent de coins reculés et indéfinissables de l'univers. En ce sens, dans ce monde post chrétien, une telle démonologie, développée, je le rappelle, il y a un siècle, nous fait entrer dans un savoir essentiel et mystérieux. C'est en ce sens que H. P. Lovecraft est pertinent, sa manière de voir le monde nous plonge au coeur de très vieilles ténèbres, celles que Dante et Milton ont décrit artistement. 

 

Antoine Carlier Montanari

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