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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

02 Sep

Un Livre Que J'ai Lu (204) : Jeunesse (Joseph Conrad)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu, #Joseph Conrad

 

 Ce vieux bateau, nommé la Judée était ancré dans le bassin de Shadwell depuis fort longtemps. Il avait pour devise "Vaincre ou périr". La rouille avait fait son oeuvre, la poussière et la crasse également. Et pourtant la Judée quitta Londres pour Bangkok chargée d'une cargaison de charbon. La traversée s'avéra difficultueuse jusqu'au jour où face à l'Orient monstrueux et sauvage, elle rendit l'âme dans un brasier éclatant. C'était l'Orient si vieux, si resplendissant et sombre, plein d'archaïsme et de violence. C'est là que le conquérant Occident, armé de ses capitaines et de ses navigateurs, et fier de sa puissance, apportait avec lui plus que ce que lui offrait ses savoirs et ses découvertes, c'est à dire, une manière d'être charpentée par le christianisme et qui fait la différence des races en bien ou en mal. 

 

 C'est donc dans un brasier infernal que la Judée s'enfonça dans la mer. Image dantesque que Josepf Conrad décrit avec une phraséologie qui pointe quelques élans mystiques et parfois miltonien quand il fait appel à d'anciennes divinités maléfiques. Des fils du chaos aux filles de la nuit, non loin du coeur des ténèbres, son oeuvre phare, Joseph Conrad trace la voie vers des contrées, au delà des mers occidentales où demeurent encore de vieux mondes primitifs. Ce retour aux sources ténébreuses n'est pas sans rappeler l'oeuvre d'un certain H. P. Lovecraft dont les histoires s'inspirent de cet enfer dantesque que l'on vient d'évoquer. C'est dans cette atmosphère que Joseph Conrad ouvre la voie du monde marin, de l'Occident à l'Orient en soulignant certains contraires comme la jeunesse et la vieillesse, l'eau et le feu. Ces contraires, avec insistance, serpentent notre lecture pour y imprégner une signalétique que l'on peut qualifier de conradienne. 

 

 L'essence de cette histoire peut être symbolisée par cette Judée qui brûle, c'est l'image de la consommation du temps. La jeunesse c'est cette mer qui bouge, qui se renouvelle, qui ne se laisse pas dompter et qui ne fait pas de cadeaux. Mais pour la vieillesse, la jeunesse est un enchantement douloureux. Bien plus tard, pour les marins de la Judée, le souvenir d'un tel désastre est avant tout l'évocation du bon vieux temps. La Judée ne fut pas leur tombeau mais elle évoque l'image d'un cercueil. C'est le spectacle d'un glorieux triomphe, écrit Joseph Conrad. Ajoutant que la Judée a remis son âme lasse à la garde des étoiles. Quoi qu'il en soit, la jeunesse est une longue suite d'épreuves nécessaires avant d'atteindre le cap de la maturité. Ce cap, la jeunesse doit en prendre conscience pour espérer arriver à bon port, elle doit faire preuve d'audace, de panache et de volonté. Pour conclure, je me dois de citer un certain général qui dans ses Mémoires de guerre avait écrit que la vieillesse est un naufrage. 

 

Antoine Carlier Montanari

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