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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

11 Feb

Un Livre Que J'ai Lu (197) : Abrégé Du Traité De La Nature Humaine ( David Hume)

Publié par Alighieridante.over-blog.com

 

 David Hume nous explique que la perception est constituée par les impressions et les idées. Les impressions sont alimentées par les passions et les émotions tandis que les idées sont le fait de la réflexion qui se pose sur un objet, un phénomène ou une passion. En somme, l'impression signifie sentir et l'idée signifie penser ou concevoir (p25). Dans le cas de l'impression on peut parler d'introjection et dans le cas de l'idée on peut parler de transfert. En effet, l'impression c'est l'extérieur qui nous travaille alors que l'idée c'est l'intérieur qui se pose sur l'extérieur. David Hume nous dit que les impressions sont innées, elles sont le fruit de la nature, c'est à dire du biologique qui ressent instinctivement le sentiment de bien-être, les effets de la douleur, de la fatigue et de la maladie. Que ce soit de manière interne ou de manière externe, à l'aide des sens, la perception est automatique et immédiate. Ce sont donc les impressions, nous dit David Hume, qui précèdent toujours les idées. On pourrait parler d'intuition, c'est à dire un sentiment qui s'impose à la conscience. C'est le point de départ de la formation de l'idée. En somme, l'idée se développe à partir de l'impression. Par exemple, l'idée de l'âme provient de ce sentiment d'immortalité. Ce sentiment nourrit l'idée qu'après la mort la vie continue sous une autre forme. Tout naturellement l'âme est l'idée de cette immortalité (p67). L'âme survit à la mort, elle est ce qui permet la continuité de la vie. 

 

 L'esprit, précise David Hume, opère selon l'observation attentive des effets et des causes. L'esprit constate que les phénomènes sont mûs par des lois naturelles. Par exemple, une pomme tombe de l'arbre sous l'effet de la gravité ou l'eau s'évapore sous l'effet de l'air et de la chaleur. Ainsi l'esprit s'appuie sur ces constations pour déterminer d'autres effets, David Hume parle alors d'inférence. C'est donc la connaissance de ces règles et la constatation de la répétabilité de ces mêmes règles qui constituent l'expérience. On peut alors parler de vérité préalablement établie. Et toute idée qui ne s'appuie pas sur des vérités préalablement établies, est une idée théorique, hypothétique, conceptuelle voire abstraite (p31). L'observation et la compréhension des faits et leur répétabilité, à cause des lois immuables qui les déterminent, solidifient ce que l'on appelle l'entendement, c'est à dire l'aptitude à raisonner. Si donc des causes semblables dans des circonstances semblables produisent toujours des effets semblables alors l'esprit est en mesure d'anticiper les phénomènes (p32). La météorologie est un bon exemple. Ainsi quand les causes et leurs effets générés par les lois naturelles sont assimilées par l'esprit, celui-ci est en mesure de déterminer la perpétuité ou la continuation des phénomènes. Par conséquent, nous dit David Hume, c'est la coutume ou l'habitude et non la raison qui est le guide la vie (p34)

 

 Nous devons toutefois conserver, nous dit David Hume, notre scepticisme dans tous les événements de la vie (p58). La raison fausse c'est comme ne pas avoir de raison du tout. Le scepticisme est donc nécessaire pour ne pas rester emprisonné dans une raison fausse. Il faut donc fixer son attention hors de soi-même pour ne pas développer des croyances que nous formons à partir de l'imagination et de l'expérience incomplète. Ces croyances peuvent former des cloisons étanches qui rendent impossible toute introjection de la vérité. En effet, l'individu bien installé, riche et honoré, ignore l'expérience de la pauvreté et des maux en tout genre que celle-ci engendre. Il aura tendance à voir les choses d'une manière très spécifique, selon son expérience de vie incomplète. Tout naturellement son point de vue sera biaisé (p65). Sortir de soi-même est donc essentiel, l'individu bien installé doit donc tenir compte de l'expérience de la pauvreté pour compléter sa propre expérience de vie. Car s'il demeure trop en lui-même, il sera le prisonnier d'une perception qu'on qualifiera d'égocentrée. On pourra dire de lui, en reprenant un certain prophète, qu'il est insensé, il a des yeux et ne voit point, il a des oreilles et n'entend point. 

 

 Etant donné que la plupart des hommes ne voient les choses que sous l'angle de leur propre expérience incomplète, ils paraissent donc entièrement indépendants et séparés les uns des autres (p68). C'est pourquoi, affirme David Hume, qu'il n'y a dans l'esprit de l'homme aucune passion telle que l'amour de l'humanité en tant simplement que telle (p70). Ainsi, poursuit-il, le sens de la justice qui apaise l'humanité provient uniquement des conventions humaines. Toutefois, quand on considère l'histoire de l'humanité, on peut observer qu'à partir de l'enseignement du Christ, l'homme a commencé à développer un véritable amour pour son prochain et même de la compassion pour ses ennemis. A partir du Christ, nous pouvons dire que le regard de l'homme sur l'humanité a changé. David Hume n'en traite mot, mais pour celui qui a contribué à sortir le célèbre Emmanuel Kant de son sommeil dogmatique, la chose n'est pas étonnante. La critique de la raison pure s'est délesté de la Révélation judéo-chrétienne. Claude Tresmontant (ici) a intelligemment traité cette problématique en montrant comment Emmanuel Kant a ôté à la raison l'expérience humaine de Dieu. 

 

 Ce petit ouvrage est parfois confus. On peine à discerner la position intellectuelle de l'auteur tant la structure narrative dérive plus qu'elle ne dirige. Ce n'est pas une analyse philosophique limpide, le lecteur peut très bien se perdre dans ce labyrinthe intellectif où s'égrainne tout de même quelques passages plutôt intelligibles. Quoi qu'il en soit, la notion de Dieu et celle de l'ordre de l'univers, évoquées ça et là sans véritable fil conducteur, doivent assurément être confrontées à la réflexion d'un autre penseur dont on vient d'évoquer le nom. En effet, Claude Tresmontant, professeur de philosophie, helléniste et hébraïsant a travaillé longuement sur la question du discernement qui guide la foi. Claude Tresmontant explique que la raison et la foi sont complémentaires, elles s'alimentent, et ne doivent jamais être séparées. On ne peut pas se contenter d'analyser la notion de Dieu selon la raison seule, indépendamment de l'expérience. L'expérience est fondamentale, c'est à travers l'histoire du peuple hébreux et du peuple chrétien que se vérifie l'existence de Dieu. C'est donc l'observation attentive des faits et des phénomènes qui mène à comprendre l'action divine dans notre monde.

 

 Prenez par exemple la résurrection du Christ. Cette resurrection est invraisemblable en ce sens qu'elle va à l'encontre des lois naturelles connues et c'est parce que c'est invraisemblable que sa concrétisation questionne l'esprit. En effet comment un homme peut-t-il rescussiter ? Ce phénomène défie, comme on vient de le dire, toutes les lois naturelles connues. Seule une force exceptionnellement supérieure est en mesure d'accomplir un tel miracle. Sans cette force supérieure il ne peut y avoir de résurrection. Je rappelle, pour les scéptiques, que le Christ, durant son ministère, ressuscita plusieurs personnes décédées dont le célèbre Lazare. Episode essentiel puisqu'il va considérablement accroître la popularité du Christ tout en attirant sur lui les regards politiques du moment. Cette résurrection démontre qu'une force supérieure a agit. Ainsi, l'existence de Dieu à partir de la résurrection du Christ s'entend, et elle s'entend car l'entendement relie l'une à l'autre. Le Christ qui est visible aux yeux des hommes de son époque rend visible Dieu. Dieu agit à travers le Christ. C'est comme observer le vent remuer le feuillage d'un arbre. Certes le vent est invisible mais sa présence se révèle dans le mouvement du feuillage. L'entendement c'est comprendre cette liaison. Même si on ne voit pas le vent, le feuillage en remuant nous indique sa présence. Il en est de même pour des marionnettes. Les enfants ne voient pas les personnes qui agitent les marionnettes, ils croient véritablement que ces marionnettes sont autonomes et qu'elles agissent plus ou moins par elles-mêmes. Mais en grandissant ils comprennent le truc, que ces marionnettes sont maintenues par des fils et que ces fils sont remués par des personnes cachées. L'entendement s'appuit sur l'expérience, c'est à dire que l'entendement a fait une mise à jour en découvrant la relation entre les marionnettes et les personnes qui les manipulent. On peut parler de déduction.  David Humme nomme ce principe l'inférence. Cela consiste à admettre une proposition en raison de son lien avec une proposition préalable dite vraie. Et c'est à partir d'une proposition dite vraie, par exemple la résurrection du Christ, que l'on tire une conclusion auquelle on ne peut pas accéder directement, c'est à dire l'existence d'une force supérieure qui se nomme Dieu. Au moyen de ce principe, les faits et les phénomènes constatés rendent l'assertion, c'est à dire la proposition de Dieu, vraie. Autrement dit, on détermine la cause par les effets.

 

Antoine Carlier Montanari

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