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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

22 Dec

Un Livre Que J'ai Lu (181) : Jésus De Nazareth, Roi Des Juifs (Roland Hureaux)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Roland Hureaux, #Un Livre Que J'ai Lu

 

 Pour ceux qui ne connaissent pas vraiment le Christ, cet ouvrage de Roland Hureaux, essayiste et ancien élève de l'Ecole normale supérieure et de l'ENA (ici), offre une bonne entrée en matière. L'auteur reprend les Evangiles tout en s'appuyant sur l'ancien testament et l'histoire de cette époque, pour dresser le portrait de cet homme qui a radicalement changé l'histoire de l'humanité. Napoléon disait de lui (ici, en haut),

 

" Tout de lui m'étonne, son esprit me dépasse et sa volonté me confond. Entre lui et quoi que ce soit au monde, il n'y a pas de termes possible de comparaison."

Quand à Ernest Renan, philosophe et historien français, qui s'est attelé à l'histoire des origines du christianisme, a dit de lui (ici, en bas),

" Tous les siècles proclameront qu'entre les fils des hommes, il n'en est pas né de plus grand que Jésus."

 

La généalogie du Christ dressé par l'apôtre Matthieu comprend 42 générations et celle de Luc comprend 56 générations, soit 14 de plus, parce que Luc commence à Adam, et Matthieu commence à Abraham. Le titre de Fils de David est communément donné à Jésus Christ. L'affiliation au plus grand des rois juifs n'est jamais contesté. Le recensement par le père adoptif de Jésus, à savoir Joseph, à Bethléem, n'est pas sans lien historique. En effet, le père du roi David, à savoir Jessé, de la tribu de Juda, avait vécu précisément à Bethléem (p38). La tenue de registres généalogiques était d'usage pour recenser, par tribu, la population. 1000 années séparent le Christ de David et ce dernier eut 22 enfants recensés, et par conséquent beaucoup de juifs furent des descendants de David. Quant à la conception de Jésus qui se réalisa sans le concours d'un homme (p39), dans le sein de celle que l'on nomme la Vierge, fut l'acte du Saint-Esprit qui fut annoncé, préalablement, par l'ange Gabriel quand il visita Marie. Celle-ci est cousine d'Elysabeth, mère tardive de Jean le Baptiste qui comme son nom l'indique, et avant de mourir décapité par ordre d'Hérode, baptisera le Christ dans les eaux du Jourdain. L'apôtre Luc nous conte leur première rencontre, avant même leur naissance, Jean-Baptiste a tréssailli d'allégresse dans le sein de sa mère tandis que Jésus est reconnu par Elysabeth comme son Seigneur. Les deux enfants se seraient reconnus donc dans le ventre de leur mère, comme si, sachant qu'ils baignaient dans le liquide amniotique, savaient qu'ils étaient destinés à se croiser dans les eaux du jourdain. Ce moment de grâce offrira au monde des mots qui annoncent le triomphe à venir de celle que les catholiques nomment, révérencieusement, la très Sainte Vierge Marie (ici)

 

"Oui, désormais, dit Marie en réponse à Elysabeth, toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses."

 

Joseph et Marie n'étaient pas très riche, et s'ils l'avaient été, certainement qu'ils auraient obtenu une chambre convenable en vue de la naissance de Jésus. Leur situation sociale n'encouragea pas l'aubergiste à trouver une solution d'hébergement. L'argent suffit à débloquer nombre de situations. Quoi qu'il en soit, Marie, épouse de Joseph, enfanta à Béthléem, dans une étable, en terre du père de David, de la tribu de Juda. La prophétie annoncée par Michée, le sixième des douze petits prophètes de l'ancien testament, est accomplie. Michée annonce que du clan de Juda, à Bethléem, sortira un chef qui sera pasteur du peuple d'Israël (ici),

 

" Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël."

(Michée 5,1 - rappelé par Matthieu 2,6)

 

 Jésus est donc né sous le règne d'Hérode le Grand et cette entrée dans le monde coïncide avec la Pax Romana, c'est à dire la paix romaine. Cette Pax Romana a permi aux hommes, s'ils n'étaient pas soldats, de passer toute leur vie sans connaître la guerre (p62). Le monde romain connait alors une période longue, sans troubles internes endémiques et sans grandes guerres d"invasion et où les confrontations avec des forces étrangères ne sont plus que défensives. Cette paix du monde reflète terrestrement et en quelque sorte la nature purement pacifique du Christ. Cette étrange coïncidence porte certains à lier le rôle historique de l'empereur Auguste à celui du Christ (p92). En effet, c'est avec le règne d'Auguste que débute cette Pax Romana. Après un siècle de tourments politiques, de dissenssions sociales et de troubles civiles graves qui ont agités tout l'empire, Auguste va apporter des réformes structurelles nécessaires à la résorption de ces agitations qui ont fracturées Rome.

 

 Avant d'aborder le Christ historique, nous devons contextualiser l'époque dans laquelle Dieu, peut-on dire, est entré de plein pied. A cette époque, le pharisianisme était en plein développement. La puissance du mouvement pharisien qui s'enracine dans la loi dictée par Moïse et dans la loi non écrite, faite de coutumes anciennes, se distingue à travers un légalisme exagéré (p78). Le mot pharisien, issu de l'hébreu "perushim" signifie, dissident, séparé. Sans doute, nous dit l'auteur, que cette dissidence s'opère contre l'hellénisation de la société juive. En effet, le pharisianisme exprime une réaction nationale contre l'hellénisme (p216). Le prestige de la civilisation grecque n'eut aucune peine à faire adopter, à une partie des élites juives, son mode de vie raffiné et confortable. Pour palier à cette hémorragie, le mouvement pharisien établit l'instruction de l'histoire du peuple hébreu comme pierre angulaire de l'identité juive. C'est un moyen efficace de ramener dans le rang les juifs corrompus par la manière de vivre des grecs. L'apprentissage de la lecture et l'apprentissage de l'écriture ont été imposées à tous les juifs mâles, de sorte que ceux qui ne cherchaient pas à s'instruire étaient coupables. Ce projet éducatif regénère le judaïsme par un retour aux sources (p218). Au point, précise l'auteur, que le niveau d'alphabétisation du peuple juif devint le plus élevé au sein des peuples sous le joug de l'empire romain. Ce contexte met en lumière le fameux épisode de Jésus adolescent écoutant et interrogeant des docteurs du temple tandis que ses parents le cherchait depuis trois jours. En effet, selon saint Luc (2.41-47), tous ceux qui entendaient le jeune Jésus étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses, il avait alors 12 ans. 

 

 Toujours selon saint Luc (2,52), Jésus croissait en sagesse, en taille et en grâce (p99). Il était exceptionnellement intuitif et avait cette retenue qui étouffe la familiarité et protège l'intimité. Il était également soutenue par une visible virilité, non celle commune qui s'exprime dans la sexualité et la guerre, mais celle comme l'entendait les romains, à savoir la capacité à supporter sans se plaindre, en faisant taire l'impatience, l'irrascibilité et la colère, les épreuves les plus dures (p104). A cette maîtrise parfaite de soi se surajoutait une autorité naturelle qu'il déployait avec cette sentence bien connue, "En vérité, je vous le dis." Mais Jésus, du haut de son mètre 80, avait un tempérament extrêmement passionné et sensible comme le démontre l'épisode des marchands du temple où avec un fouet il renverse leurs commerces et chasse leur bétail, accomplissant ainsi la prophétie de Zacharie (ici),

 

"Il n'y aura plus de marchand dans la maison de Yahvé Sabaot, en ce jour-là."

(Zacharie14, 21)

 

 Cette colère contre une injustice commise dans la maison de Dieu, est la révolte individuelle contre la passivité des prêtres qui avaient quelque intérêt à accepter le commerce au sein du temple (p109). Cette élite qui provient de la grande famille sacerdotale par la naissance, était corrompu et arrogante et n'inspirait plus vraiment le peuple, bien trop occupé à survivre. Ces masses de gens délaissés par une autorité divisée, étaient affligées et sans repère. Tout naturellement, dans ce contexte, Jésus est perçu, d'emblée - au regard de sa compassion pour les nécessiteux - comme un leader charismatique, un libérateur et un bienfaiteur. Ses paroles atteignent le coeur des hommes, elles n'ont rien des formules toutes faîtes mais sont l'expression d'une nouvelle vision des choses. Son message est un message de réconfort, de bonté, de pureté, qui prône l'humilité. Ses paroles font voir toutes choses sous un jour éblouissant de clarté. 

 

 C'est à dire que Jésus priorise l'homme sur la loi. " Le sabbat, dit-il, a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat.".  Jésus met en lumière la hierarchie des devoirs et fait passer le bien être humain avant la règle du sabbat. Le coeur de la loi, dit-il, est l'état de nécessité. La souffrance et la maladie sont légitimes et passent avant les traditions. Jésus recentre les faiblesses humaines et rappelle que le devoir de chacun est de veiller à ce que ces fatalités ne soient pas mises de côté. C'est ce qui mènent à une juste compréhension des commandements (p161, p169). Il ne faut pas annuler la parole de Dieu au nom de la tradition. Jésus qualifie donc les scribes et les pharisiens de guides aveugles parce qu'ils négligent la justice, la miséricorde et la bonne foi au profit d'un rigorisme religieux borgne qui nourrit l'égoisme et le narcissme (p170, p174). Cette parole de Jésus résume parfaitement sa pensée (ici),

 

"Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la loi et les prophètes."

(Matthieu 7,12)

 

 Cette nouvelle pédagogie interactionnelle bouscule les certitudes de l'époque, fortement ancrées sur les considérations sociales. En effet, Jésus explique que c'est du dedans de l'être que sortent les mauvaises choses qui souillent l'homme. Et non les choses qui du dehors pénètre dans l'homme parce ces choses du dehors ne pénètrent pas dans le coeur. Jésus déplace le centre de gravité de l'être en rappelant que le noyau de l'homme n'est pas son estomac, avec tous ses interdits alimentaires, mais son coeur. Débauches, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchanceté, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison sont ces mauvaises choses qui sortent du dedans. Le Christ rappelle ainsi que le péché originel est installé au coeur de l'homme et qu'il s'exprime à chaque fois qu'il en a l'occasion. La loi doit donc être sous le commandement de l'amour pour ne pas être perverti. Ce qui scandalise Jésus ce n'est pas tant la transgression de la loi que son observance zélée au détriment de l'amour. C'est cela la loi bien comprise, elle s'enracine, nous dit l'auteur, dans l'anthoropologie (p200).

 

 La réciprocité est donc au coeur de l'enseignement du Christ. Elle marque un tournant dans la compréhension de l'amour de Dieu. En effet, aimer Dieu, c'est d'abord aimer son prochain. Cette marque de considération conditionne l'amour que l'on a pour Dieu. Le premier commandement vit de ce prisme anthropologique, lequel, détermine, en quelque sorte, la qualité de l'amour que l'on porte à Dieu. Mais cette réciprocité est encore plus grande lorsque le bien que l'on fait à son prochain est réalisé sans attente d'un retour. Il est donc préférable d'être généreux envers les pauvres parce qu'ils n'ont pas de quoi rendre pour ce qu'ils ont reçu. Cette charité est une réciprocité qui se réalise dans le spirituel et où le Ciel rendra au centuple ce qui a été donné généreusement sans retour. Loi et amour, misericorde et compassion vont de pair. Car, nous dit saint Paul, celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. Et la charité est donc la loi dans sa plénitude (Epitre aux romains 13,8-10). Car la pratique de la loi seule ne peut sauver l'homme. La loi ne fait que donner la connaissance du péché pour permettre à l'homme de discerner le bien du mal. Elle instruit du péché et fait en sorte que le péché exerce toute sa puissance de péché afin qu'il ne soit pas considéré comme une chose bonne. La loi et la misericorde qui sont le fruit de l'amour, coagulent en une même entité en sachant que, à la fin, c'est cette dernière qui l'emportera (p212). La loi et l'amour sont donc inséparables et croissent comme un homme et une femme dans le mariage.

 

 Ce qui amène aux béatitudes, lesquelles sont un renversement des conditions de l'esprit du monde (p372, p375). Les pauvres sont élevés et les riches abaissés. Jésus énumère les consolations qui attendent les perdants de ce monde, qu'il appelle les derniers. En ce sens Jésus apparaît comme le premier révolutionnaire. Le philosophe allemand Nietzsche a vu dans le christianisme, à travers ces principes issus des béatitudes, une religion de la lutte sociale, des pauvres contre les riches (p375). Mais ce message évangélique a mis en germe la lutte sociale que le communisme et le socialisme ont portés en révolution pour abattre l'ordre bourgeois. L'attention porté par Jésus aux pauvres a laissé des traces dans les esprits modernes qui bien accrochés à renverser l'ordre social, ne mesurent pas que cet état d'esprit dévoyé s'enracine dans les béatitudes. Pour le Christ, il n'est pas question de dictature du prolétariat mais la nécessité de défendre les brebis contre les loups (p382). L'ordre social du monde n'est pas remis en cause par Jésus, car des pauvres, dit-il, vous en aurez toujours. Jésus est pragmatique, son royaume n'est pas de ce monde, il ne propose pas la félicité sur cette terre mais averti que ce qui est élevé pour les hommes est objet de dégoût devant Dieu (Luc 16,15). C'est pourquoi Jésus, en soignant les malades, en rendant la vue aux aveugles et en chassant les démons des esprits, agit comme celui qui aide et non comme celui qui est servi. Il sert les hommes et non les domine en leur commandant de faire telle ou telle besogne. A ce propos, saint Jean nous rapporte cette parole de Jésus (ici)

 

"Je ne suis pas venu pour condamner le monde mais pour sauver le monde."

(Jean 12,47).

 

 En ce temps-là, les juifs ne portaient pas de nom de famille. Ils attribuaient éventuellement, en complément du prénom, la désignation paternelle comme Jésus, fils de Joseph (p335). Mais à l'extérieur du village natal, le prénom était suivi du nom du lieu de naissance, soit Jésus de Nasareth. Jésus, en hébreu se prononce Yéchoua et signifie "sauveur" ou même "salut". Assez vite, Jésus est qualifié de Christ par ses partisans et notamment Pierre quand Jésus demanda à ses apôtres qui était-il.  Christ est un nom grec qui signifie "oint", c'est à dire celui qui a été consacré avec une huile bénite. Les premiers rois d'Israël, dès Saül, furent oints avec l'huile qui est signe de force (p338). Cette onction confère un caractère royal. Ponce Pilate, le gouverneur romain de Judée, questionnant la foule à propos du prisonnier qu'il fallait libérer, rappela, en nommant Jésus, qu'il est appelé Christ. Dans le psaume 132, il est dit que Yahvé a juré à David, qu'il mettra sur le trône le fruit de ses entrailles. L'évangile de Matthieu est assez explicite à ce sujet, évoquant l'annonce de l'ange à Marie (ici, en haut),

 

"Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin."

(Luc 1,31-33)

 

 Et quand Jésus parle de lui-même, il se qualifie de Fils de l'homme (p341). Car le Fils de l'homme, dit-il, est maître du sabbat. Il sera élevé dans le ciel tandis que les anges de Dieu monteront et descendront au-dessus de lui (p342). Et le Démon, curieusement, est le premier à l'avoir reconnu en tant que Fils de Dieu (ici, en bas),

 

" Et s'approchant, le tentateur lui dit : "Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains." "

(Matthieu 4.3)

 

Outre le Fils de l'homme, Jésus, selon saint Jean, se qualifie de Bon Pasteur (p344). "Je suis le bon pasteur, dit-il, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis." Cette qualification renvoie au psaume 23 où le roi David dit de Yahvé qu'il est son pasteur et qu'il ne manque de rien, Yahvé le parque sur des près d'herbe fraîche et le mène vers les eaux du repos. Ce pont temporel associe la figure royale de David au Christ pasteur. Cette double couronne représente l'autorité hiérarchique et l'autorité bienveillante. Ces deux rois sont les deux faces d'une même pièce, ainsi l'ancien et le nouveau testament sont reliés par ce que l'on nomme le phylum, c'est à dire la lignée.

 

 Concernant les circonstances qui ont menées à condamner à mort Jésus, il faut se référer à saint Jean qui conte la décision des dirigeants juifs de le faire taire. En effet, les grands prêtres et les pharisiens, ayant peur que Jésus emporte l'adhésion de tout le peuple juif, se réunirent pour discuter de la marche à suivre. Saint Jean nous dit que Caïphe, le grand prêtre, songe, pour l'intérêt du peuple juif, de faire périr un seul homme pour que le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière. Saint Jean conclue en affirmant qu'ils résolurent alors de le tuer (p461). La résurrection de Lazare, devant plusieurs dizaines de témoins, va faire apparaître Jésus, aux yeux des grands prêtres comme un homme dangereux, en ce sens qu'il entraînerait une réaction négative des romains, avec lesquels les autorités juives ont établi un fragile équilibre. Cette résurrection est le miracle le plus spectaculaire opéré par Jésus. Tout naturellement la vision de Lazare vivant, devient un objet de curiosité qui va entraîner beaucoup de ralliements. Jésus a défié la mort, il a annuler les effets de celle-ci. C'est un point de bascule dans la mission évangélique et publique de Jésus. A partir de cet événement, les foules vont s'agglutiner à lui, se détournant en parti de l'autorité juive, laquelle, comme le pensait Pilate, voulait livrer Jésus par jalousie. C'est pourquoi, l'arrestation de Jésus se fait la nuit et non le jour, lorsqu'il prêche devant les foules qui l'écoutent attentivement (p465). Au grand jour, la foule aurait pu s'opposer à cette arrestation inique et par la même occasion, aurait peut-être porté Jésus au pouvoir, qu'elle considérait alors comme le Christ, c'est à dire celui qui a été consacré.

 

 Mais voilà, son arrestation et son jugement opérés rapidement par le sanhédrin jusqu'à sa lapidation ordonnée par Ponce Pilate, vont montrer un Christ captif, affaibli et amoché, loin de l'idée que s'était faîte la foule quand celui-ci ressuscita Lazare. Voir le prétendu Messie dans un tel état d'humiliation, dans une déchéance presque ridicule, force la foule à constater l'incapacité de Jésus à se sauver lui-même (p488). Celle-ci, sensible au rapport de force, nous dit l'auteur, va être impressionnée, voire terrorisée, c'est pourquoi, elle basculera du côté de l'autorité en choisissant Barabbas au détriment du Christ. Mais il n'était pas dans l'intérêt de Jésus de s'opposer à cette arrestation. Il ne désire par un pouvoir obtenu par la force mais sur l'adhésion libre du peuple (p469). En s'opposant à Pierre qui dégaine son glaive pour le défendre, Jésus le rappel à l'ordre en lui spécifiant que si il le souhaitait, il pouvait faire appel à son Père qui lui fournirait sur le champ plus de douze légions d'anges (Matthieu 26,53-54). Sa logique n'est pas celle du monde, elle est celle de Dieu et celle-ci surpasse le cours naturel des choses et défie l'entendement des hommes. C'est pourquoi, en acceptant d'être arrêté et jugé pour être condamné à mort, ce qui est absurde pour le commun des mortels et notamment ses apôtres qui jugent cette situation incompréhensible, Jésus rend toute chose nouvelle. Il annule la vieille programmation animale qui guide les hommes. Et cette dernière, ne voulant pas mourir, va tout naturellement condamner à mort celui qui veut l'affaiblir. 

 

 C'est une grande déception pour ceux qui ont suivis Jésus. Sa déchéance qui suit son arrestation est une humilation difficile à assumer mais c'est dans cette apparente absurdité que Dieu va dévoiler sa puissance. Déjà, Jésus avait refusé au diable les royaumes du monde que ce dernier voulait lui donner sous condition de se prosterner pour lui rendre hommage. Si Jésus avait voulu être roi de ce monde, il aurait pactisé avec Satan. Mais ce n'est pas le cas. Quand il demande à Pierre de rengainer son glaive, en arrière plan, il rejette une nouvelle fois l'offre de Satan. Les armes qui sont les siennes ne sont pas celles du monde. Sa conquête à lui se fait sans armes. L'empire romain basculera dans le christianisme sans conquête militaire de la part des chrétiens. Ces derniers sont même morts crucifiés et dévorés par les lions dans les colisées romain. La propagation de la foi chrétienne s'est répandue rapidement dans tout l'empire parce que les esclaves qui représentaient une population importante au sein de Rome, se sont convertis au Christ qui était vu comme le Dieu des perdants, des pauvres et des misérables. Il a fallu trois siècles pour que Rome devienne chrétienne. C'est au quatrième siècle, sous le règne des empereurs Constentin et Théodose, que le polythéisme est interdit et que le christianisme devient la seule religion autorisée dans l'empire. Mais le royaume dont parle Jésus, se construit d'abord en soi et à travers l'humilité. C'est un royaume parallèle et intérieur où séjourne le Saint-Esprit et c'est dans cette intériorité que se situe son trône. Quand l'être a fait place nette en nettoyant sa demeure intérieure, il intronise en lui-même le Christ. Ainsi, les âmes se libèrent petit à petit, de toutes leurs soumissions envers le monde et ses voies perverses. Cette intronisation diminue le pouvoir de Satan et par extension, son pouvoir dans le monde. L'empire romain s'est christianisé parce que les chrétiens ont d'abord intrônisé en eux, le règne du Christ. 

 

Il faut préciser, pour se rendre compte de la souffrance qu'a subit Jésus lors de sa Passion, que l'armée romaine était impitoyable et cruelle. Celle-ci, pour punir d'une mutinerie ou de désertions répétées, imposait un châtiment collectif appelé décimation et qui consistait à exécuter les soldats tirés au sort. Ce châtiment inspirait une grande peur dans les légions romaines. De plus, cette armée romaine n'hésitait pas, par vengeance, à brûler des villages et à exterminer, hommes, femmes et enfants. En ce qui concerne la punition de la flagellation, celle-ci n'était pas limité à trente coups de fouets comme chez les juifs mais à une bonne centaine de coups avec une lanière de cuir où était fixé à son embout des crochets métalliques destinés à déchirer les chairs. La plupart des suppliciés n'y résistaient pas (p481). Jésus fut donc condamné à cette sorte de flagellation et, certainement, nous dit l'auteur, elle a contribué a accèlérer sa mort sur la croix (p489). Et lors de sa crucifixion, Jésus a été fixé au bois de la croix avec des clous. Un tel supplice poussait le condamné à mourir étouffé par les efforts qu'il devait faire pour se redresser afin de respirer. En faisant cela, le supplicié subissait alors une souffrance plus grande puisqu'il devait s'appuyer sur les clous (p487). Jésus fut crucifié à 12 heures pour mourrir à 15 heures. Jésus a donc souffert sa passion de manière pleinement humaine (p494). Ce passage douloureux était nécessaire pour amener les hommes à vérifier que Jésus était bien le Fils de Dieu. En effet, après la mort de Jésus, le centenier romain et les centurions présents sur place, nous rapporte Matthieu, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent : Assurément, cet homme était le Fils de Dieu (Matthieu 27:54). Outre les événements qui surgirent après la mort de Jésus sur la croix, seule sa résurrection pouvait manifester la pleine puissance de Dieu. En rescussitant son Fils Jésus, Dieu témoigne de lui-même et témoigne ainsi que la mort n'a pas d'emprise sur Lui. De la même manière, c'est en voyant Lazare ressuscité que les témoins crurent en la puissance de Jésus. 

 

De manière synthétique cela donne (ici),

1) Jésus dit qu'il est le Fils de Dieu, en tant que tel il ressuscite Lazare pour le prouver. Il valide donc l'affirmation selon laquelle il est investi d'une puissance supérieure.

2) Et comme aucun homme n'a ce pouvoir, on peut raisonnablement penser que Jésus est vraiment investi d'un pouvoir divin. 

3) Pour confirmer définitivement cette affirmation, sa résurrection nous fait concevoir qu'elle a bien été provoqué par une puissance supérieure. Le Christ, ne pouvant pas par lui-même se ressusciter, nous fait alors concevoir l'idée que cette puissance de résurrection est donc bien autonome et en dehors du monde. Sa résurrection manifeste donc cette puissance supérieure. 

4) Ceci valide ces paroles du Christ rapportées par saint Jean,

" ... mais le Père demeurant en moi fait ses oeuvres."

 (Jean 14,10)

" Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ; dès à présent vous le connaissez et vous l'avez vu."

(Jean 14,7)

"Maintenant le Fils de l'homme a été glorifié et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même et c'est aussitôt qu'il le glorifiera."

(Jean 13,31-32)

5) Ayant lui-même annoncé sa propre résurrection, Jésus affirme en creux qu'il est bien le Fils de Dieu, parce que connaissant son Père, il sait qu'il le ressuscitera. C'est en ce sens que l'unité se réalise sous les yeux des hommes. Saint Jean le confirme,

" Le Père et moi ne sommes qu'un. "

(Jean 10,30)

6) Dieu étant Vie et uniquement Vie, si Jésus affirme qu'il est Dieu, il doit prouver que la mort n'a pas d'emprise sur lui. Sa résurrection, qui défie les lois de la nature, vient le confirmer définitivement. 

 

 Juste avant de mourir sur la croix, Jésus a dit : "Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as tu abandonné?". Cette question fait surgir la nature humaine du Christ, qui, à cet instant très précis, semble avoir prit le dessus. Tout comme au jardin de Gethsémani où, dans une grande détresse, il demande à son Père d'éloigner de lui cette coupe. Son identité messianique et divine côtoie son humanité, sa nature divine est jumelée à sa nature humaine. C'est en devenant homme que Dieu s'est inscrit dans l'histoire de l'humanité et cette intervention a reorienté l'échelle du temps historique en incrémentant sa naissance comme la date universelle du temps nouveau. Dès lors, l'humanité est en régime de développement nouveau qui la porte à s'émanciper progressivement de ces vieilles programmations animales transmises génétiquement et inscrites dans le paléo-cortex.

Antoine Carlier Montanari

 

 

NB : Pour la petite histoire et pour achever cette fiche de lecture, il est noter que Hérode Antipas, qui fit décapiter Jean le Baptiste et Ponce Pilate, préfet de Judée qui condamna Jésus à être crucifié, se seraient tous deux éxilés en Gaule. Le premier au pied des Pyrénées, dans un petit village nommé Lugdunum Convenarum, aujourd'hui Saint-Bertrand de Comminges et le second à Vienne, commune au confluent du Rhône et de la Gère (p476, p477). On peut également ajouter 

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