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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

27 Aug

Un Livre Que J'ai Lu (163) : L'évangile De La Nature (John Burroughs)

Publié par Alighieridante.over-blog.com

John Burroughs est un naturaliste américain du XIXème siècle (ici, à gauche) qui fut l'ami du poète Walt Whitman (ici, au centre). L'œuvre poétique de ce dernier forme la pierre angulaire de la littérature américaine. Quand bien même ce dernier est un géant dans une nation de géants, il faut assurément l'associer à Emily Dickinson (ici, à droite) pour comprendre toute l'amplitude de la poésie américaine du XIXème siècle. Dans la courte biographie du début d'ouvrage on apprend que ce grand poète encouragea John Burroughs à rédiger des essais sur la nature (p6). L'Evangile de la nature est  un petit texte rédigé à la suite d'une requête d'un ecclésiastique, qui prédicateur de l'évangile du Christ, souhaita pour ses ouailles, de la part de notre auteur, un hymne à la nature (p9). Ce texte soupoudré de mysticisme et alourdi d'espérances nihilistes apparait comme un voyage initiatique voire même un pèlerinage qui serait loin d'enchanter un certain Joseph Conrad qui lui décrivit la nature comme le réceptacle farouche et primitif d'une humanité ténébreuse (ici). Sous l'œil de notre naturaliste l'émerveillement que produit la nature et qui est proche du sentiment religieux (p14), a nourri cette vision béate de l'occidental qui idéalise la nature par dépit de la nature humaine. On retrouve cette empreinte idéologique qui veut détruire la figure cartésienne de l'homme maître et possesseur de la nature, suggérant qu'il faut éliminer la présence humaine pour épargner cette même nature. Pour Joseph Conrad cette nature est bien plus un tréfond lovecraftien qui tire des âges profonds de l'humanité des forces maléfiques dont la lignée la plus véhémente demeure dans les enfers. 

 

 Quoi qu'il en soit, notre auteur entend profiter de la nature, s'imprégnant de ses beautés et de ses charmes, comme Adam et Eve dans le jardin d'Eden. De son point de vue, la compassion et l'expérience émotionnelle sont les axes qui amènent à la connaissance exacte de la nature (p23). On comprend la démarche, la nature a cette présence réconfortante, qui dans nos contrées bien plus qu'ailleurs, du fait de l'aménagement rural, de la préservation du patrimoine naturel et du climat tempéré qui permet au monde végétal et animal de croitre abondamment, procure aux sens de véritables bienfaits qui émotionnellement apaisent notre nature profondément blessée par le péché originel. Les peintres impressionnistes ont laissé trace de cette nature bienfaisante et apaisante, offrant aux regards des fragments admirables qui nous permettent de la contempler comme au temps où elle fut peinte. Par opposition, Burroughs est très critique envers la ville, où dit-il, tout est supplice (p12). En effet, pour Burroughs, l'immense pollution sensorielle des villes forme une sorte de caisse de résonnance qui constamment oppresse l'esprit. Le sociologue George Simmel a traduit, dans son court essai sur les villes (ici), les effets concentrationnaires qui dérèglent et affolent les sens. La chose se conçoit davantage aujourd'hui, au regard des mégacités envahies de superstructures qui en tout sens grimpent vers le ciel et font tordre le cou pour se faire admirer. A propos de ciel, ce ciel où il y a deux mille ans le Christ y a pris place en chair, n'est mentionné que pour y être drapé d'ironie (p52). La phrase (ici), remet en question la foi dans le ciel,

 " Ou bien songez à cette obsession, plus inoffensive, chez nombre de braves gens qui croient au second avènement du Christ ou bien à la résurrection des corps physiques quand sonneront les trompettes du jugement dernier."

 Quand au mot "obsession", en début de phrase, il fait épanouir le jugement de l'auteur que l'on peut qualifier d'acerbe voire sarcastique. L'idée que John Burroughs se fait de Dieu est assez vague, le terme "Eternel" lui sert de faire valoir (p49, p50, p54 et p57) et n'hésite pas à mettre entre guillemets l'expression "la Grande puissance" pour railler davantage celui qu'il considère comme une notion (p52). Avec cette appréciation Burroughs a fait descendre d'un ton la puissance divine. Pour lui, Dieu est lointain et inconnu (p16), et penche sérieusement vers ce que l'on nomme le panthéisme quand il affirme, d'une part (ici, en haut),

"L'amour de la Nature possède clairement une valeur religieuse."

et d'autre part (ici, en bas),

"Si nous n'allons pas autant à l'église que nos ancêtres, nous allons davantage dans les bois et sommes plus disposés qu'eux à en faire un temple. Aujourd'hui, nous utilisons le mot Nature comme nos ancêtres utilisaient le mot Dieu." 

 

 

 Notez que le "n" de nature est en majuscule, et c'est le cas à chaque fois que le mot est usité. Burroughs baptise la nature et lui offre une sorte de personnalité abstraite qui a une autorité concrète sur les hommes. Cette autorité concrète Burroughs la met en évidence par opposition à ce Dieu qu'il suppose ne pas se soucier de nous. Ajoutant même qu'un peu de connaissance de la nature pourrait fort bien être fatal à toutes ces notions, entendez dogmes chrétiens (p52). Notez l'expression "fort bien" qui induit l'approbation. Notons au passage que l'adjectif indéfini "toutes", à propos des notions, est une marque négative, voire péjorative qui ôte aux croyances chrétiennes leurs spécificités et leurs distinctions, traduisant ainsi le relativisme intellectuel de l'auteur. En somme John Burroughs oppose la concrétude de la nature à la parole divine qui ne ferait que palabrer. Voici son propos, "La Nature enseigne plus qu'elle ne prêche." (p16). Incontestablement notre auteur est assez remonté contre le Dieu de ses pères. En effet quand il affirme à la page 27, "Force est de constater qu'ils étaient aveuglés par les préjugés de la théorie de la Création en six jours", et à la page 55, "La vie a tout l'air de n'être qu'un accident dans l'univers et, en aucun cas, une fin en soi.", Burroughs se désolidarise définitivement de l'idée de Dieu. Cette amorce naturaliste est constitutive de l'apriori kantien et de la philosophie des Lumières qui cherchent l'émancipation spirituelle de l'homme. Et le sentiment religieux dont parle Burroughs n'est ni plus ni moins qu'un panthéisme déguisé qui annonce cette écologie idéologique qui sévit aujourd'hui de manière brutale. Il faut dire, pour être un peu caustique, que les militants de cette cause, adeptes sévères du mercantilisme solaire et venteux, après avoir été tant gâtés par cette société, refusent aux pays pauvres, cette même société qui les a enrichi, sous prétexte qu'elle est la cause du réchauffement climatique. Ces escrocs verts, comme dit l'écologiste, Michael Shellenberger, dans un article de Valeurs Actuelles (ici), daté du 28 octobre 2021, encouragent en réalité une politique de domination de l'occident sur les pays pauvres en entretenant l'idée que ces derniers n'ont pas besoin de cette énergie abondante, bon marché et non polluante qu'est le nucléaire. En effet, ces escrocs verts professent l'usage des énergies alternatives quitte à saccager toute la beauté du territoire naturel. En poussant les pays pauvres à adopter un système dit écologique appesantissant, l'occident garde le contrôle sur leur production d'énergie et freine considérablement leur développement industriel et économique. Cette nouvelle croyance constitue  un moyen de domination des pays riches sur les pays pauvres, en somme, les premiers refusent aux seconds, ce modèle énergétique basé sur le nucléaire qui les a rendu prospère. Ce militantisme vert qui martèle que les énergies alternatives sont la réponse au réchauffement climatique, souhaitent inconsciemment, nous dit Michael Shellenberger, que les Africains, les Asiatiques, les Sud-Américains restent pauvres pour conserver un certain sentiment de supériorité. 

 

 Pour ma part, et pour conclure, John Burroughs, à travers cet évangile, accuse l'homme d'avoir créé l'idée de Dieu pour se rendre souverain de la nature et ne supportant plus cette souveraineté, notre naturaliste dérive, sans véritablement s'en rendre compte, vers l'idée dangereuse que l'homme est un être nuisible. Il faut en quelque sorte libérer la nature de l'homme. Cette âme en peine qu'est John Burroughs a en quelque sorte transféré dans la nature des propriétés magiques, une âme, des intentions propres laissant supposer qu'elle est une sorte de personne qu'on ne peut pas domestiquer. On flirte ici avec ce que l'on nomme l'animisme, c'est à dire une croyance en une force vitale qui personnifie la terre et la présente comme une entité presque divine. Dans un autre article de Valeurs actuelles (ici), daté du 14 octobre 2021, l'analyste en politique publiques Ferghane Azihari, qu'on voit sur la photo, précise que les écologistes sont animés par une profonde misanthropie, c'est à dire qu'ils méprisent le genre humain dans son ensemble.

Antoine Carlier Montanari

 

 

 

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