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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

20 Jun

Un Livre Que J'ai Lu (126) : Fractures Françaises (Christophe Guilluy)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu

 L'ouvrage de Christophe Guilluy sera amer pour le lecteur de gauche ivre de l’idéologie du vivre ensemble et bien que persuadé d'être sur la bonne voie - résiste perpétuellement aux faits qui le contredise. Si l'auteur se revendique de gauche, son analyse déconstruit le discours socialiste sur le vivre ensemble. En effet l'égalitarisme républicain est une formule qui coûte très cher à la France et souvent au détriment des français de souche. Le lecteur attentif s'apercevra très vite que la vision idéologique du vivre ensemble ne se concrétise pas de manière positive sur le terrain. L’auteur, même si il n'emploie pas la formule, a compris le triangulation de Karpman en relevant le rôle victimaire joué par les banlieues-ghetto tandis que les partis politiques en place, ceux par qui le problème est venu, s'attribuent le plus naturellement du monde celui du sauveur face au parti de Jean-Marie le Pen qui tient celui du bourreau. Cette ingénierie politique fut initialement usitée par François Mitterrand du temps de l'affaire Carpentras mais fut dénoncé par un certain Lionel Jospin, en 2007, sur les antennes de France Culture (p173). Notre auteur, géographe de profession, a également écrit (ici),

  • Atlas des fractures françaises, en 2000
  • Atlas des nouvelles fractures sociales en France, en 2004
  • et La France périphérique, comment on a sacrifié les classes populaires, en 2014

Bien que ces ouvrages démontrent l'échec des différentes politiques qui se sont succédé durant ces 40 dernières années, les analyses de l'auteur confirment le naufrage du modèle de société actuel qui met en avant l'immigration et l'ethnicisation de la France. Dans un entretien accordé à la REVUE DES DEUX MONDES, en mars 2019, il accuse ainsi  directement une certaine minorité (ici en bas),

"La nouvelle bourgeoisie met en avant banlieues et minorités et nie l'existence d'une France périphérique."

 Christophe Guilluy structure donc son analyse autour de cette spécificité géographique qu'est la banlieue (p18) en sous-entendant qu'elle va servir de théâtre d'opération à une vaste politique d'ethnicisassion du territoire pour le seul profit du parti socialiste. Lequel ayant perdu son électorat traditionnel s'est vu contraint de s’approprier cette nouvelle catégorie issue de l'immigration en jouant la carte de l’antiracisme institutionnalisé. C’est donc la constitution d’une armée de réserve afin de remplacer les ouvriers partis au Front national - lequel est devenu le premier parti ouvrier de France. Les émeutes urbaines de Vaulx-en-Velin, en 1979, et celles une année plus tard de Villeurbanne (p19) vont s'imposer comme une nouvelle réalité sociologique. Les jeunes français issus de l'immigration maghrébine, tantôt appelés « jeunes » et tantôt « racailles », ont incendiés des voitures tout en affrontant la police. Ce mode opératoire va se banaliser durant les décennies qui suivront avec la complicité des médias qui auront à cœur de valoriser une pseudo-détresse pour atténuer la violence commise. En effet, la large couverture médiatique ne fera qu’amplifier le problème tout en l’éclairant de manière à non pas culpabiliser les fauteurs de trouble mais l’état français et par extension les français eux-mêmes. La banlieue est donc devenue un paysage social à part entière, au point d’enregistrer, selon le quotidien le Monde, pour l’année 2008, 174 déplacements ministériels (p21). Entraînant ainsi la politique de la ville à devenir beaucoup plus généreuse et beaucoup plus tolérante vis à vis de la banlieue. Dans un même temps les territoires tout aussi concernés par le chômage et la précarité - parce que n’ayant pas été classés « sensibles » par l’état, se voient minorés par la politique de la ville. Ainsi, nous dit l’auteur, les banlieues se retrouvent privilégiées grâce à une discrimination positive qui ne dit pas son nom. En effet entre 2004 et 2013, les quartiers sensibles ont reçu environ 40 milliards d’euros (p26). 

 Cette surexposition médiatique des quartiers tend à faire croire aux français, que la pauvreté et la précarité sévissent essentiellement dans les banlieues tout en amalgamant les émeutes urbaines à des revendications de type sociale. Christophe Guilluy précise que dans un même temps on occulte le fait que 85% des ménages pauvres ne vivent pas dans les quartiers sensibles (p31). De plus, les espaces les plus concernés par la précarité nous dit l’auteur,  sont situés en dehors des grandes métropoles (p32). Dans cette histoire les médias tentent de faire croire que cette singularité territoriale que constituent les quartiers est la somme d’espaces concentrationnaires qui ne favoriseraient pas l’intégration sociale. La gauche française n’est pas pour peu de chose dans cette affaire-là, en effet en travaillant ardemment à effacer la conscience de classe derrière la conscience ethnique - de prioriser l'immigré au détriment de l'ouvrier - elle a fourni au marché libéral globalisé une main d'œuvre bon marché pour remplacer progressivement la classe d'ouvriers qualifiés, biens payés, travaillant dans l'industrie française. Ce déséquilibre va faire diminuer d'une part la compétence professionnelle à cause de la politique de discrimination positive qui privilégie les critères ethniques plutôt que le savoir faire, et d'autre part le communautarisme dans un pays qui avait su constitué avec les siècles une société homogène et pacifiée. Cette fameuse politique de discrimination positive (p35) qui favorise les habitants des quartiers à l'origine d'émeutes urbaines ou susceptibles d'en provoquer, est établie en vue d'obtenir la paix sociale. Sachant que les dits quartiers sensibles ne représentent que 7% de la population, c'est donc grâce à leur vivacité revendicative exprimée avec violence qu'ils siphonnent les budgets territoriaux. La complaisance étatique est bien sûr favorisée par des phénomènes de culpabilisation de la population blanche française en rappelant systématiquement les côtés négatifs des croisades et de la colonisation tout en l’accusant perpétuellement de racisme à chaque occasion possible. Placé donc dans la position du bourreau congénitale, le peuple français de souche est humilié en permanence au profit d’une population immigrée qui, à travers sa représentativité associative, n’hésite pas à actionner ces leviers culpabilisants mis à sa disposition. 

 Cette complaisance étatique amorcée par la gauche française et reprise par la droite molle a pour vocation de changer ce que l’on appelle l’Ethos français qui est indissociable de la figure de Jeanne d'Arc. L'immigration massive est une axialité des masses pauvres à l'économie-monde via le système social français qui désormais prend en charge l’intégralité de l'immigration présente sur son sol. La France est devenue une plateforme associative destinée à produire une armée de réserve à la mondialisation libérale avec l'aide de toutes les richesses nationales. Cette vampirisation entamée avec Giscard d’Estaing et amplifié avec François Mitterrand et tous ceux qui l'ont suivi, est la résultante d'une politique impériale qui se concrétise avec la construction européenne et qui s'achèvera avec un ordre mondial placé sous le régime de l'unité universelle despotique (p105). Quoi qu'il en soit, l'immigration à l'échelle de la France constitue un facteur d'insécurité dans les banlieues où elle est surreprésentée. Les violences urbaines qui coûtent chaque année beaucoup d'argent aux assurances et à l’état, participent à faire augmenter l'insécurité tandis qu'une économie souterraine s'est installée. L'auteur rapporte une enquête qui spécifie que dans la seule ville de Grenoble le trafic de haschisch peut rapporter aux gangs 40 000 euros par jour tandis que dans un quartier sensible de Sevran, les sommes générées par le trafic de drogue pouvaient rapporter jusqu'à 3000 euros par jour et par cage d'escalier (p47). Avec la montée de ce commerce souterrain c'est la dépréciation du travail ordinaire qui s’étend dans les quartiers. Cette économie informelle génère donc des emplois annexes qui font sortir du système scolaire un certain nombre des jeunes des quartiers. L'empoisonnement moral et comportemental que génèrent ces marchés rend la vie impossible à une majorité d'habitant (p47). Cette insécurité permet de lier l'immigration à la violence et à la délinquance tout en formant dans la conscience nationale l'idée que le jeune maghrébin et le jeune noir ne sont pas naturellement disposés pour les études et pour le travail salarial (p51). Cette représentation négative de la banlieue va faire croître le sentiment de méfiance à l'encontre des minorités ethniques et qui ne pourra être atténué du fait que les agressions physiques ne cessent d'augmenter. 

 Cette nouvelle norme démographique avec laquelle la république peine pour rétablir la cohésion nationale, demeure une variable réfractaire qui s’amplifie au fur et à mesure que les revendications communautaires progressent. La représentation ethno-culturelle va donc devenir une problématique ingérable tant la politique employée pour tenter de la résoudre est muselé par sa propre autorité morale incarné par tout un tas d'associations et principalement par la plus célèbre d'entre-elle, à savoir SOS racisme. Ainsi il n'est plus possible de discuter de l’ethnicisassion de la France en public et presque tout autant dans le privé en raison de la pression pénale et médiatique qui s'exerce sur le citoyen français. La loi Gayssot du 13 juillet 1990 qui tend à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, place les français de souche dans une situation permanente de bourreau. Son initiateur, le député communiste Jean-Claude Gayssot a tenté, par ce moyen, de culpabiliser les français qui seraient susceptibles de voter pour le parti de Jean-Marie le Pen. Ainsi les chiffres des démographes concernant le nombre d'immigrés en France est un sujet sensible tant ces chiffres apparaissent comme une sorte de recensement discriminatoire qui rappelle celui des juifs durant l'occupation. Cette démarche est indigeste et elle devient un interdit moral que s'impose la république afin de ne pas être amalgamé à un état fasciste (p85). Le lecteur pourra toutefois examiner dans un tableau de synthèse, présenté à la fin de cette fiche de lecture, un certain nombre de ces chiffres qui sont des plus officiels mais qui d'un peu plus près, ne sont pas tout à fait représentatif de la proportion réelle d'immigrés tant l'état s'assure d'en effacer la réalité en multipliant les naturalisations. 

 Si donc l'état fait mine d'ignorer la représentativité numéraires des communautés ethniques présentes sur le territoire national, l'expression classes moyennes vient désigner subtilement les blancs et permet d'évacuer la notion raciale du langage sociologique. Cette catégorie bien qu'enfermée dans un statut de petit bourgeois (p88), apparaît comme le masque d'une fracture en train de se former à l'intérieur du territoire national. La tendance est donc de pousser les partis politiques à adapter leurs discours en fonction de tel ou tel groupe ethnique pour ravir la victoire, ce qui mène toute naturellement à un séparatisme de type communautaire où chaque communauté revendique pour elle-même et non pour le bien commun national (p89). A cela s'ajoute le phénomène de gentrification qui voit justement une partie de cette classe moyenne embourgeoisée se réapproprier des lieux de vie près des quartiers populaires. En effet la tertiairisation qui a accompagné la désindustrialisation a multiplié les emplois de bureaux bien mieux rémunérés que ceux qu'accordait l’industrie aux ouvriers. Cette mutation économique cache en réalité une prédation immobilière à moindre coût que l'auteur nomme la conquête patrimoniale (p95). En effet dans les zones sensibles le prix du marché immobilier a baissé au point que la classe "bobo" issu du tertiaire a trouvé là un moyen de faire des économies tout en rehaussant le niveau de vie de ces quartiers. Cette gentrification est une recomposition sociale et une nouvelle dynamique du marché qui fait augmenter le prix du mètre carré tout en repoussant les catégories les plus modestes et surtout les couches populaires traditionnelles - au-delà des zones urbaines et périurbaines  (p94). Cette recomposition géographique qui fait côtoyer l'enseigne Bio et le kebab, cache une autre réalité qui permet aux cadres nouvellement installés de profiter d'une main d'œuvre bon marché qui ne ponctionne que marginalement leur budget (p99). Femmes de ménages, nounous et toutes sortes d'emplois de circonstance reformulent une sorte de colonisation intérieure hélas camouflé par le visage de la tolérance et de l'empathie des bobos.

 Cette dualité est une recomposition économique qui fait cohabiter une nouvelle classe blanche favorisée et une classe immigrée défavorisée, autrement dit une couche socialement supérieure et une couche socialement inférieure (p100). Si le bobo semble participer activement au projet social multiculturel, il ne le conçoit pas forcément pour sa progéniture au moment même où celle-ci entre au collège (p147). Cette coexistence, nous dit l'auteur, va être l'occasion de faire surgir des tensions et parfois des violences à l'encontre de la société socialement supérieure - comme cela s’est produit en 2005,lors  des manifestations lycéennes qui ont dégénérées en violence anti-blanc (p101). 

 Ce nouveau modèle d'organisation sociale montre donc toutes ses limites mais les bénéficiaires de la mondialisation qui sillonnent le monde en jet, comprennent assez vite que les émeutes urbaines des couches socialement inférieures sont profitables puisqu'elles occultent les revendications sociales traditionnelles. La discrimination positive et la question identitaire des minorités va permettre d'évacuer la question sociale et donc la question des salaires (p102). La priorisation par les classes socialement supérieures de la question ethnoculturelle permet de préserver les marges bénéficiaires tout en se débarrassant tranquillement de la question sociale. Cette logique de la mondialisation qui fait prospérer le nomadisme commercial et la misère sédentarisé, a tout intérêt à ce que l'immigration devienne une norme afin de peser à la baisse sur les salaires. Les différentes politiques sociales vont alors accroître les capacités d'accueil et permettre aux entreprises de bénéficier d'une main d'œuvre essentiellement occupé à faire valoir sa culture d'origine. 

 Ce qui nous mène au vivre ensemble et à la question de la cohésion nationale qui est en train de miner la confiance dans la République (p127). Les inégalités sociales et le multiculturalisme accroissent les fractures tout en affaiblissant un système républicain hyper-administré qui à coup de milliards subventionnent la paix sociale dans les banlieues dîtes sensibles. La multiplication des chaudrons revendicatifs en zone ethnicisé est le révélateur d'un séparatisme culturel et social bien enraciné (p128). Ainsi la société multiculturelle imposé par les politiques dans les sociétés occidentales n'est plus en mesure de devenir un modèle social viable tant les fractures se multiplient au moindre fait supposé raciste. Le sociologue américain de gauche, Robert Putnam, relie le modèle multiculturel au dépérissement du capital social. Bien que cette étude fut timidement relayé en France à cause du politiquement correct ambiant, les conclusions de Robert Putnam qui se sont établies sur un échantillon de 30 000 individus, n'en sont pas moins édifiantes (p128). Il est intéressant de noter que Robert Putnam relève que plus la diversité  ethnique et culturelle grandit plus la confiance entre les individus diminue. La perte de confiance s’installe et l’individu s’enfonce progressivement dans un isolement qui peut conduire à ce que le sociologue français, Emile Durkheim, appelait l’anomie, et qui par ailleurs peut mener au suicide. L'affaiblissement du lien social lié au recul des valeurs communes provoque le sentiment de ne plus être à sa place (p129). Ce séparatisme bien que peu étudié en France est constamment évoqué par le parti de Jean-Marie le Pen – dont les électeurs ont bien compris les phénomènes de désintégration de la société française.

 L'émergence sur le territoire national d'une société multiculturelle est justement révélée par le vote Front National qui sur les cartes hexagonales lors des soirées électorales, et en fonction des couleurs qui départagent les partis, montrent assez précisément quelles sont les zones les plus touchées par le multiculturalisme (p131). Ce fractionnement territorial est accompagné par des pratiques d'évitement plus ou moins assumées et qui contredisent le politiquement correct et tout un tas de sondage qui vont dans le sens du vivre ensemble. Ces pratiques d'évitement sont des expressions qui sont absentes du champ linguistique républicain tant ses représentants officiels croient en son modèle d’intégration par la mixité, laquelle, quand elle n’est pas initiée par les pouvoirs publics, ne cesse de reculer rapidement (p136). En effet dans les zones où la mixité n’est pas imposée, les communautés se réorganisent en fonction du niveau social, de la nationalité et de l’origine (p136). Cette logique se maintient partout où l’état ne fixe pas la mixité, et inéluctablement elle mène à ce que l’on appelle la communautarisation. C’est pourquoi, nous dit l’auteur, la mixité n’est réellement organisé et encouragé que par les couches supérieures qui de par leurs niveaux de vie ont les moyens d’échapper eux-mêmes à la mixité. Le Capital étant donc le moyen d’évitement ultime, les couches supérieures, du fait de leur embourgeoisement, pensent tout naturellement être immunisées contre les bas instincts grégaires. Elles préconisent donc la mixité aux couches populaires afin de les corriger de leur supposé manque de savoir-vivre (p137). 

 L’auteur n’est donc pas dupe de la manipulation des élites à propos de l'immigration. En effet Christophe Guilluy parle de cette image volontairement véhiculée d’un peuple a priori xénophobe qui fait du français blanc moyen un raciste par nature (p138). On peut évoquer les propos du ministre de l’intérieur Christophe Castaner le 8 juin 2020 concernant le racisme dans la police. En effet à la suite des violences qui ont émaillées une manifestation pour commémorer l’anniversaire de la mort du jeune Traoré par des gendarmes, le ministre de l’intérieur a inversé la charge accusatoire en s’en prenant à la police au détriment du délinquant. Cette inversion accusatoire a entraîné par la suite une remise en question par les syndicats de police de la confiance accordée au ministre et par extension à tout le gouvernement d’Emmanuel Macron. Cette suspicion qui est perçue comme un opprobre à l’encontre des corps constitués valide le chantage au racisme initié par la politique mitterrandienne. L’élite entretien ainsi médiatiquement l’image d’un peuple français raciste et forcément coupable parce que cette élite n’aime pas fondamentalement le peuple français et tout ce qu’il incarne, la pensée des Lumières explique en partie ce désamour, mais ceci est une autre histoire.

 Au regard de la surexposition des traditions culturelles des différentes communautés, le français moyen est donc confronté sur sa propre terre - à une sur exposition des autres origines qui le place dans une situation de fragilité identitaire. L’excès de signes ethnoculturels et l’ostentation de tout ce qui témoigne des origines, conduisent à un séparatisme de plus en plus visible (p140). C’est donc le « vivre ensemble séparé » qui semble peu à peu s’imposer malgré le plébiscite des français en faveur du vivre ensemble. Les sondages et la bonne volonté des français ne témoignent pas du séparatisme de terrain qui voit ces mêmes français quitter les territoires à forte population immigrée. Si les hauts revenus et les couches supérieurs n'hésitent pas à vivre loin du multiculturalisme, les couches inférieures emboîtent petit à petit le pas et préfèrent s'endetter dans des crédits immobiliers pour ne plus vivre le vivre ensemble (p141). Ainsi le français de souche joue habilement le jeu du politiquement correct tandis que son bulletin de vote tombe dans l'escarcelle du Front National (p176) et qui dès qu'il le peut déménage pour se retrouver dans des territoires dépourvus d’immigration. Cette pratique d'évitement résidentiel se renforcent donc au fur et à mesure que la mixité devient une réalité. L'esquive des populations immigrées à risque se multiplie et peut également concerner des ménages provenant de l'immigration (p151). Ainsi l'immigré intégré avec le français de souche forment une communauté d'autochtones qui à priori s'oppose à la mixité mais qui en réalité fuit dans un premier temps la délinquance et l'insécurité et dans un second temps cherche à s'enraciner dans un territoire apaisé. Cette réalité est traduite dans le monde anglo-saxon par l'expression "white flight" et bien qu'elle se généralise dans tous les pays occidentaux touchés par une forte implantation d'immigrés, cette expression met en évidence un nomadisme forcé par un autre nomadisme dit de peuplement. 

 Les quartiers difficiles sont des zones de non-vie et des zones de perdants et qui à coups de subventions étatiques demeurent en réalité dans un état de décomposition perpétuel. L’échec du vivre ensemble prôné par une république à bout de souffle cherchant dans l'immigration une armée de réserve ou même un peuple de substitution, confirme avant tout l'échec de la politique française. Cette politique délétère qui a commencé avec Giscard d'Estaing a créé les conditions d'une victoire à venir du parti de Jean-Marie le Pen. On aura beau noyé le peuple sous des tas d'idéologies, lui faire même oublier son histoire, cela ne dure qu'un temps, l'instinct de survie du peuple finit toujours par susciter des lectures solitaires ayant goût d'interdit qui lui permettront de se révolter pour s'en sortir. Invariablement ce que le peuple désire secrètement, c'est la vérité. L'alliance objective des bobos de gauche matériellement à l'abri et des immigrés à majorité musulmane, incarné dans le vote Mélenchon et celui du NPA de Besancenot (p176), traduit une soumission d'une partie du peuple à une idéologie du déracinement. Mais la victoire en 2007 de Nicolas Sarkozy, à l'élection présidentielle, a réactivé l'idée d'une réappropriation de la griffe France (p178). N'ayant pu résoudre les problèmes, Nicolas Sarkozy perdit l'élection présidentielle suivante face à un candidat de gauche qui fut amalgamé à de la guimauve.  

 L'auteur, Christophe Guilluy, en abordant à la toute fin de son ouvrage, le problème de la cohésion sociale et nationale, rappelle l'échec de cette politique du consensus qui inexorablement a fait voler en éclat le modèle social français (p184, p185). La mondialisation et le multiculturalisme ont montré toutes leurs limites et au moment où les États-Unis connaissent un regain de tension raciale, les démocraties assistent  impuissantes à la fin du consensus et au début d'une décomposition généralisée.

 Dans ce tableau (ici), nous allons récapituler un certain nombre de chiffres que l'auteur a incrémenter à son texte pour illustrer les fractures en formation à l'intérieur de la société française.  Le tableau comporte 4 colonnes et 17 lignes de statistiques. La première colonne concerne certains des thèmes essentiels abordés par l'auteur. La deuxième colonne concerne l'année de référence, la troisième colonne délivre la statistique et la quatrième colonne mentionne la page qui contient la statistique en question. 

 

    ⦁    Ainsi la première ligne concerne le salaire, en 2010, 15 millions de personnes finissent le mois avec 150 euros               tout au plus
   ⦁    La seconde ligne concerne l'immigration, entre 1999 et 2005, Le nombre d'immigrés venant d'Algérie a augmenté           de 105 000 personnes, soit un accroissement de 18%
   ⦁    La troisième ligne concerne l'immigration, en 2008, Les démographes estiment à 3,5 millions le nombre de noirs            en France.
   ⦁    La quatrième ligne concerne l'immigration, en 2008, le CSA chiffre à 11% la présence des «non-blancs» dans les          séries télévisées.
   ⦁    La cinquième ligne concerne l'immigration, entre 1982 et 2006, le démographe Michèle Tribalat observe une                augmentation de 25% du nombre d'immigrés
   ⦁    La sixième ligne concerne l'immigration, en 2006, La proportion d'immigrés en France a atteint 8,2%, soit la                plus forte de son histoire.
   ⦁    La septième ligne concerne l'immigration, en 2009, 173 991 étrangers étaient entrés légalement en France.
   ⦁    La huitième ligne concerne l'immigration, chaque année, l'état estime la venue d'illégaux entre 70 000 et 150 000          par an.
   ⦁    La neuvième ligne concerne l'immigration, en 2007, le taux de natalité national par communauté,
                              1.    concernant les femmes maghrébines, il est de 3,25 enfants
                              2.    concernant les femmes africaines, il est de 4,07 enfants
                              3.    concernant les femmes turques, il est de 3,35 enfants
                              4.    concernant les femmes asiatiques, il est de 2,83 enfants

   ⦁    La dixième ligne concerne le salaire, entre 2004 et 2007, l'Insee révèle que le nombre de personnes gagnant plus          de 500 000 euros par an a augmenté de 70%.
   ⦁    La onzième ligne concerne la pauvreté, en 2009, les taux de pauvreté les plus élevés sont ceux des zones rurales            soit 13,7% en moyenne avec des pics dépassant les 21 % dans le Cantal, en Corse et dans l'Aude, pour mémoire            la Seine-Saint-Denis, le taux de pauvreté est de 18%.
   ⦁    La douzième ligne concerne le métissage, en 2009, 27% des mariages enregistrés en France concernaient des                unions entre français et étrangers.
   ⦁    La treizième ligne concerne le racisme, en 2010, 77% des Français affirment apprécier de vivre dans une société          où règne une grande diversité des origines et des cultures.
   ⦁    La quatorzième ligne concerne le racisme, en 2008, la commission nationale consultative des droits de l'homme            recensait sur l'ensemble du territoire 36 faits d'agression ou de violence visant la communauté maghrébine.
   ⦁    La quinzième ligne concerne les élections, en 2007, 64% des électeurs qui se disent musulmans ont voté Ségolène          Royal au premier tour de l'élection présidentielle contre 1% pour Nicolas Sarkosy.
   ⦁    La seizième ligne concerne les élections, en 2007, Au second tour c'est 94% des électeurs qui se disent                             musulmans qui ont voté Ségolène Royal tandis que 77% de ceux qui se disent catholique pratiquants ont voté                 Nicolas Sarkosy.
   ⦁    La dix septième ligne concerne les élections, en 2007, au premier tour des élections municipales, dans la                        commune pauvre de Hénin-Beaumont, le Front National a obtenu 40% des voix contre 4% pour le NPA. 

 Pour conclure cette fiche de lecture je reprendrai cette expression du cinéaste italien Pier Paolo Pasolini, que l'auteur reprend à son compte pour qualifier la technique de manipulation de l'opinion par l'idéologie socialiste. En effet, en 1975, Pier Paolo Pasolini parle d'un "antifascisme facile" qui prétend lutter contre un fascisme archaïque qui n'existe plus et qui n'existera plus (p173). L'image passée d'une terreur politique est reprise pour parer toute expression politique ou culturelle qui s'opposerait au multiculturalisme. Ce chantage au racisme qui fut initié par François Mittérand dans l'affaire du cimetière juif de Carpentras, permet à l'idéologie en place de maintenir les français de souche dans un état de culpabilité permanent tout en ostracisant le parti de Jean-Marie le Pen qui incarne en quelque sorte l'idée d'une France enracinée et fier de son histoire - tout le contraire d'une République qui ne conte que deux siècles d'histoire. Il est à rappeler à ce propos l'appel à l'aide lancé par le fondateur du Front National le 01 mai 2015 devant la statue de Jeanne d'Arc près du Louvre. Cette démarche est intolérable du point de vue de la République athée et laïc. Ainsi le vote Front National, désormais Rassemblement National, est l'expression tendancielle de cette France périphérique, de cette France de souche qui souffre en silence dans ses campagnes et qui contrairement à cette France des banlieues et des minorités ethniques qui à travers les émeutes urbaines monopolisent l'attention, ne bénéficie pas du même niveau d'aide que l'état accorde aux quartiers via l'immense réseau associatif piloté par la politique de la ville. La souffrance muette du peuple réel est donc masqué par une surexposition médiatique de la banlieue et appuyé par ceux qui dans le sport ou le spectacle ont réussi a décroché un rôle avec toute l'aide du ministère de la culture et du sport.

 Nous verrons donc, dans la prochaine fiche de lecture (ici), comment le sociologue Georg Simmel décortique, à travers trois textes, l'étranger et son rapport à l'autre. Les connexions décrites par Simmel permettront d'y voir plus clair, notamment pour ceux qui voient forcément l'étranger comme une bénédiction et qui bien souvent, pour des raisons d'ethnomasochisme, développent une haine inconditionnelle contre ceux qui témoignent de la prudence rationnelle envers l’étranger. Cette haine de soi s'explique en partie par une détestation de sa propre identité et de tout ce qu'elle véhicule puisqu'elle est supposée avoir fait du tord à l’étranger et qui est provoqué en réalité par une peur inconsciente de ce même étranger dont la figure est l'image d'une victime qui semble avoir acquis le droit légitime de devenir bourreau. A ce stade, l'individu développe pour l'étranger une sympathie qui lui garantit une sorte d'immunité.

Antoine Carlier Montanari

 

 

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