Un Livre Que J'ai Lu (125) La Société Du Spectacle (Guy Debord)
L'auteur est un redoutable critique dont l'oeuvre emmailloté de marxisme a traversé un peu trop vite la pensée révolutionnaire française ainsi que l'esprit universitaire français, lequel n'a jamais su véritablement apprécier la dynamique et la pertinence de sa dialectique. En effet lire Debord c'est absorber une essence radicale techniciste qui a pratiqué une plongée aussi déterminée que celle opérée par le personnage de Conrad dans son coeur des ténèbres. Cet ouvrage ne s'adresse pas aux savants économiques, aux mondains épicuriens, aux intellectuels et aux théoriciens politiques, il s'adresse à un écosystème mental radical objectivement névrosé. Le spectacle pour Guy Debord est une ingénierie politique du pouvoir marchand qui invalide toutes les formes d'expression qui ne valident pas la marchandise. Il faut savoir que l'ouvrage est la somme de 221 commentaires répartis dans 9 chapitres.
Il faut assurément, pour comprendre le monde moderne, lier la production au spectacle et à ses différentes sous-catégories dont le Capital use pour empêcher l'individu empêtré dans la production de quitter son aliénation. Le spectacle et ses formes variées sont des outils de propagande qui se déploient comme une religion universelle et qui tire son unité dans la contemplation de la production idéalisée, c'est à dire consommer sans produire. Le prolétaire rêve de devenir le bourgeois qui s'illustre sur tous les écrans et ce rêve est entretenu afin de produire en lui l'idée que c'est la production qui l'y mènera. Alors il trime, il travaille dur en espérant devenir un jour ce bourgeois rentier. Le spectacle est donc la reconstruction falsifiée du réel et qui en réalité bâtit à l'intérieur de l'être une fausse conscience (commentaire 3).
Cette fausse conscience se dilue dans la diffusion massive d'images de toutes sortes, animées ou pas, pour créer une nouvelle vision du monde et un nouveau rapport social (commentaire 4 et 5). Ce nouveau rapport social est la résultante de la production de masse qui vampirise toutes les énergies dans un temps-orchestre. Comme le rythme des tambours qui dans une galère coordonnent les rameurs, le bruit des machines outils, dans les usines industrielles, électrise les esprits tandis que les alarmes sonores régulent le temps de travail et celui du repos. Voyez Charlie Chaplin, dans ses temps modernes (ici) qui obéit à la machine et que la machine transforme petit à petit en automate humain, il est devenu le symbole de la mécanisation du vivant. C'est le cœur de la société moderne où les conditions de la production ôtent à l'humanité toute son authenticité (commentaire 6).
La production qui est le spectacle de l'homme corps mécanisé, réalise l'unité de la machine et du vivant dans une alchimie contre-nature qui accroît la servilité (commentaire 8). La machine-homme de Cameron (ici, à gauche), n'était pas seulement l'image d'une redoutable arme de destruction humaine mais bien le spectacle de la manifestation d'un produit déjà en cours de réalisation dans les industries de pointe. Quand au réalisateur Mamoru Oshii, qui voyait dans son humanoïde femelle une entité post-humaine (ici, au centre) - a construit l'idée d'une alvéole d'humanité hybride consciente d'elle-même. Il aura fallu ce superbe clip de la chanteuse islandaise Björk (ici, à droite), pour vanter l'amour robotisé et la réincarnation dans le corps-robot. Le spectacle instaure donc l'image du perfectionnement de la marchandise en humanisant la machine qui inévitablement rappellera, avec le mouvement en plus, ces dieux anciens taillés dans la pierre (commentaire 10). Cette fascination pour la vie artificielle est manifestement liée - d'une part à l'esprit de curiosité et de créativité et d'autre part à l'esprit entrepreneurial anormalement développé.
Au dix septième commentaire, Guy Debord, se veut plus pragmatique, il est plus précis quand à la nature de l'économie et de la vie sociale, il fait intervenir la relation de l'être et celle de l'avoir où l'être se dégrade dans l'avoir. Cette dégradation de l'être se concrétise dans le fétichisme de la marchandise où l'être fond dans un désir intense de posséder, parce qu'il croit que derrière la marchandise se cache une vérité essentielle. Le narcissisme intervenant, l'être est en réalité possédé par la marchandise, laquelle mise en scène par le spectacle s'exhibe avec une certaine intensité libidinale pour appâter les sens. L'hypnose collective opérée par le spectacle facilite alors la frénésie consumériste en actionnant tous les leviers mimétiques. La vie est alors devenu aussi opaque que la matière, si bien que les espaces célestes sont devenus des champs d'exploitation de la matière (commentaire 20). Voyez ces cieux croisés de fer que les hommes ont formés avec leur intelligence. Le grand soleil, là-haut, n'est désormais plus seul à régner, l'ombrage tissé par ces machines volantes filtre sa lumière tandis qu'est vidangé quelques étranges toxines dans une atmosphère déjà bien chargée d'éléments chimiques.
Le spectacle est donc l'autoportrait du pouvoir mercantile (commentaire 24), qui dans son auto-mouvement réalise une puissance de communication téléologique qui feint la vraie vie à travers l'imposture de la marchandise oracle. Cette nature trompeuse construit une contemplation ecclésiale qui singe la Révélation faîte aux hébreux et aux chrétiens tout en prolongeant un imaginaire artificiel qui se sublime sur les étagères à travers des figurines en plastique qui rappellent les héros et les dieux mythologiques du passé. Cette idolâtrie mercantile reprend vie grâce à ces immenses images animées projetées dans ces spacieuses cavernes bétonnées et confortablement aménagées et où le spectateur devient lui-même le spectacle réussi de la marchandise. En effet ce pseudo-sacré (commentaire 25) est l'apothéose du faux à travers l'apparence qui est toujours, selon Hegel, à l'opposé du vrai-vrai. En effet le vrai est le négatif absolu de l'apparence que le spectacle formule en permanence afin d'asseoir sa religion de l'avoir.
La production est donc devenue le moteur de la liberté, sans production point de liberté (commentaire 27). Voyez la voiture qui, pour les besoins d'une publicité, progresse dans un cadre naturel avec aisance et élégance - comme si la nature était faîte à ses mesures. Ce que ne dit pas le spectacle c'est que la route bitumé qui permet à cette voiture de rouler, défigure le paysage naturel qui a mis des millions d'années à se façonner. Le spectacle de la marchandise camoufle en réalité la pollution et le bétonnage tous azimut tandis qu'il amplifie la puissance de la marchandise qui en réalité est incapable par ses propres moyens de dévaler une pente boueuse ou un terrain en friche sans se détériorer. Cette mystification de la marchandise provoque l'accroissement des déplacements des hommes et par la même occasion amène l'industrie et sa pollution dans les régions encore préservées. La voiture est donc l'ambassadeur idéal du Capital, laquelle associé vertueusement à l'idée de la liberté va permettre au Capital de se développer là où la nature vierge ne l'avait pas convié. Guy Debord, à ce propos parle de condition d'isolement (commentaire 29), d'isolement des êtres où l'automobile représente une mini société consumériste nomade. Outre les qualités techniques de l'automobile, son utilitarisme et sa praticité, celle-ci, entre les mains du spectacle, projette l'idée d'une seconde propriété privée qui peut prendre pied partout. La famille, malgré-elle devient ainsi le relais le Capital en accroissant considérablement les possibilités d'expansion économique (commentaire 32). De plus la symbiose opérée avec l'automobile a sorti la famille de la sédentarité pour la faire entrer dans le nomadisme. Les moyens de transports vont alors permettre l'expansion de la marchandise et avec elle celle du déchet et du bruit.
Cette expansion territoriale va devoir abréger le principe qualitatif pour satisfaire le principe quantitatif. C'est l'imitation abusive et dégénérée de la multiplication du pain et du poisson par le Christ pour nourrir la foule. Le Capital imite les forces productives à l'oeuvre dans la Révélation pour transformer le monde préalablement corrigé par le Christ. Cette action occulte, nous dit Guy Debord, au commentaire 41, demeure incomprise ou passe inaperçu pour beaucoup. Le Capital semble parler au nom d'une puissance inconnue, procédant de manière plénipotentiaire sur le monde comme si la main qui le commandait était aussi invisible que celle qui agit dans l'Eglise romaine et que l'on nomme en latin, spiritus sanctus. L'économie s'est donc associée à la politique pour devenir une science dominante et une science de la domination. Cette domination occupe désormais la vie sociale et prend en charge intégralement les loisirs de l'humanité (commentaires 43 & 44) et avec lesquels les congés payés vont servir de sédatif universel. La religion du loisir est donc la manifestation ultime du Capital qui tout en augmentant les désirs ne cesse de contenir la privation afin de conserver une croissance autonome et perpétuelle. L'homme est donc vouée à croire à la richesse illusoire pour que se perpétue le règne de la marchandise et avec lui celui de l'aliénation et du servage.
La société du spectacle va donc promouvoir, auprès de la classe besogneuse, la vie bourgeoise comme un idéal atteignable , afin qu'elle maintienne l'effort exigée par la production de la marchandise. Cette classe idéalisée est synonyme de la vie réussie là où autrefois c'était celle des saints qui faisaient référence. Le style de vie bourgeoise qu'incarne les vedettes, fait fantasmer l'organisation sociale pour parachever son histoire démocratique tout en faisant obtenir par le crédit la possibilité pour tous de devenir bourgeois (commentaire 59 & 60). L'introjection massive de ce genre de réussite mondaine exalte la partie médiocre de l'être tout en suggérant, comme un opiacé puissant, la félicité sur cette terre. Ce pseudo-pouvoir sur le vécu qui passe le plus clair de son temps à se maquiller afin d'effacer ses traits irréguliers et les effets de la vieillesse - est un modèle d'identification puissant qui se sert du mimétisme pour maintenir un peuple esclave de ses fantasmes (commentaire 61). Ce peuple esclave a troqué la liberté de conscience contre une liberté d'abondance spectaculaire qui lui laisse faire des choix parmi la multitude de produits proposés et parmi des représentants politiques qui font mine de défendre la liberté pour maintenir au pouvoir le Capital. C'est le masque intégral de la puissance économique qui recueille ainsi la totalité des suffrages et qui en retour, par une campagne publicitaire triomphante - remercie son public avec des spectacles louant les mérites de ce libertinage qui ne dit pas son nom. C'est la prostitution de la conscience et la glorification du bonheur marchand. C'est le devenir-marchandise du monde que la démocratie soutient de vive voie et qui fait semblant, par un habile stratagème, de combattre avec des pseudo-rebelles et avec lesquels elle étouffe les contre mesures de la religion de l'être (commentaire 66). Cette ruse de la raison marchande réalise en réalité le pouvoir absolu de la chair sur l'esprit, de la mort sur la vie.
La grande messe publicitaire qui unit dans une vie heureuse les hommes et la marchandise, produit des vagues d'enthousiasme devant chaque nouvelle marchandise produite par son armée industrielle. Ainsi la race des collectionneurs, de ces spécialistes de la possession des choses, forme une armée d'archivistes activistes qui déifient la présence réelle de la marchandise (commentaire 67 & 143). L'encadrement dogmatique de telles pratiques, appelé passions pour diminuer l'effet pervers de la mentalité usurière bien cachée, est tout contenu dans le credo républicain qui assume entièrement un humanisme matérialiste et nihiliste. C'est le spectacle perpétuel du corps et de ses désirs, de la chair et du fantasme, de la matière et de sa valeur marchande. Voyez ces étagères remplis de DVD qui ont remplacées ces étagères remplis de livres sérieux, c'est le passage de la réflexion au sentiment, de la maturité à l'immaturité, du sérieux de l'existence à l'insouciance, de la contemplation au voyeurisme, de la grande culture à la sous culture. Si l'on descend au fond des choses, le mouvement réel de la société du spectacle a trouvé dans le support DVD une manière d'imiter le livre et de le remplacer. L'image en mouvement c'est le jeu permanent de l'hypnose et la désagrégation de l'esprit analytique. L'invention des frères lumières a inauguré le désir de l'illusion et surtout le refus du principe de réalité au profit du principe du plaisir. Tout ce qui viendra par la suite, grâce à l'électricité, servira l'image plutôt que le verbe, l'esprit des Lumières est alors un esprit de conquêtes qui transforme petit à petit le monde en une vaste caverne. C'est la restauration d'un monde qui se fait lui-même pour lui-même (commentaire 76), un monde que Platon a voulu exposer au soleil, c'est à dire à la vérité.
La révolution globalisée des peuples opprimés, tant désiré par Marx, fut donc une utopie mais qui fut bien utile pour le Capital qui trouva là un moyen de réduire au silence la foi dans le Ciel et que Heinrich Heine avait parfaitement souligné en son temps. La pensée historique de Marx qui veut abattre une fois pour toute le servage a négligé la nécessité organisationnelle et pyramidale d'une société qui veut se développer (commentaire 87). Il faut bien des ouvriers et des chefs et il ne peut y avoir que des boulanger ou que des ministres, et c'est seulement dans la mesure où toutes les énergies se combinent pour fonctionner ensemble qu'une société peut prospérer. Marx a condamné trop vite la bourgeoisie, dont le rôle historique permet au monde prolétarien de ne pas porter seul l'immensité de sa tâche (commentaire 88). C'est une question organisationnelle, si on élimine la classe bourgeoise, inévitablement une autre se constituera. Aussi l'auto-émancipation de la classe prolétarienne n'est qu'un désir de devenir à son tour rentière et bourgeoise (commentaire 91) - et abattre la bourgeoisie c'est condamner les peuples à la prolétarisation - et le socialisme est la forme concrète de cette idéologie qui pour survivre sait bien qu'elle a besoin d'une classe besogneuse épuisée (commentaire 97).
L'organisation pratique du monde nécessite des classes, c'est une normative que l'on retrouve dans la nature avec les fourmis et les abeilles. La critique par Guy Debord de la révolution prolétarienne, dans tout le Chapitre IV, montre comment le processus antérieur d'émancipation a sauvegardé l'ordre existant (commentaire 101). L'esprit révolutionnaire socialiste est une falsification de la société qui contient inconsciemment - dans son germe originel - une programmation mensongère qui croit que le mouvement ouvrier est la seule solution pour diriger la société (commentaire 102). Voulant éliminer les formes précédentes de propriété, les partis révolutionnaires au pouvoir se réapproprient alors ces mêmes formes de propriétés à travers une néo-bourgeoisie qui au lieu d'être obéissante au roi ou au tsar, l'est à un gouvernement de salut public qui nécessairement doit constituer une classe banquière pour faire fonctionner le pays. Cette bureaucratie révolutionnaire est tout naturellement devenue une nouvelle classe dominante (commentaire 103) qui installa un capitalisme d'état qui se dota à son tour du pouvoir de saboter tout nouveau mouvement révolutionnaire (commentaire 104). Le tsarisme stalinien dans toutes ses expressions est une classe dominante de substitution pour le Capital et qui fait des peuples organisés selon ce modèle - et non selon le modèle bourgeois traditionnel - des peuples réduits à se serrer la ceinture. Cette nouvelle classe dominante a cru qu'elle rendait invisible son propre embourgeoisement du simple fait qu'elle prétend parler au nom du peuple et pour le peuple. L'expression est théâtrale afin de rappeler l'abolition et l'inexistence de la classe bourgeoise. Son effacement par les mots est du pur spectacle pour le prolétaire socialiste qui maintenu dans une fausse conscience ne parvient pas à comprendre les racines profondes de ce subterfuge. La classe bureaucrate soumise au régime totalitaire est une bourgeoisie de constitution prolétarienne. La classe prolétarienne a cru se défaire de l'esprit bourgeois par la révolution mais l'embourgeoisement est profondément encré dans la nature humaine, elle est liée à l'idée de la récompense par le travail, c'est à dire la sainteté profane. La classe bureaucrate qui est directement lié au pouvoir forme une frontière pour la classe prolétarienne. Aussi cette distanciation sociale est un espace d'identification qui sélectionne les futurs élus en vue de développer des réseaux de collaborateurs qui serviront d'antennes relais mobiles au pouvoir. Ce développement grégaire est une amélioration de la classe esclave du Capital, c'est le signe d'une négation toujours à l'oeuvre, c'est à dire le maintient de l'illusion politique que Nicolas Machiavel avait déjà observé en son temps quand il affirma, du fait de la nature mauvaise de l'homme, que toutes les sortes de gouvernements finissent par leur contraire. Ce négatif qui s'est vérifié par la chute de la monarchie française et celle de la cour impériale de Russie, témoignent du spectacle historique de la révolte pour la révolte et de l'inconséquence et de l'immaturité politique de l'homme. Le Capital se sert de tous ces négatifs comme un carburant d'énergie humaine et qui comme un flot de torrent très nerveux - permet l'image d'une histoire en mouvement mais qui bien docilement suit le linéament naturel qui mène au plat pays. C'est la conscience historique de ce fait qui permet de comprendre que le Capital est une loi naturelle.
Historiquement le Capital a douloureusement affronté l'immense Eglise de Rome avant de l'affaiblir par les lancinantes révolutions de ces trois derniers siècles. Le Capital s'est alors empressé de dogmatiser sa nature en s'alliant au pouvoir politique. Ainsi cette coexistence est devenu une religion universelle à l'image du catholicisme qui demeure le seul monothéisme organisé autour d'un Saint-Siège. C'est donc le temps unifié mondialement sur l'échelle chrétienne du spectacle de la résurrection. Le temps-marchandise va alors chronométrer la vie humaine à travers l'obsolescence programmée que Pierre Klossowsky avait joyeusement symbolisé avec l'admirable arrière train de la Vénus callipyge (ici). La marchandise consommable finit toujours en déchet, elle se renouvelle avec la science du recyclage tout en intégrant le principe de nouveauté instauré par la mode (commentaire 151).
Mais cette consommation de la marchandise va de pair avec la contemplation de la télévision et de ses avatars portatifs. Le temps de cette captation dépend du temps libre, la société du loisir consomme le temps et dévore celui des hommes jusqu'à dépassé celui accordé au temps réel (commentaire 153). Guy Debord note le temps passé devant la télévision, les statistiques usitées par Pierre Jovanovic pour son ouvrage "777" (ici), témoignent assez bien de la capacité de captation de la société du spectacle,
On recense ainsi,
200 000 : nombre d'actes violents vus par un enfant à la télévision entre 1 an et 18 ans
8 000 : nombre de crimes vus par un enfant jusqu'à son entrée en école primaire
70% : de garderies utilisant la télé pour occuper les bébés et les enfants
20 000 : nombre de pubs qu'un enfant voit par an
4 000 : nombre d'études sur les effets de la télévision sur les enfants
4 heures par jour : temps passé devant la télévision par un adulte
28 heures par semaine : temps passé devant la télévision par un adulte
2 mois par an : temps passé devant la télévision par un adulte
9 ans : passées devant la télévision sur une durée de vie de 65 ans
2 000 000 : le nombre moyen de publicités qu'un adulte de 65 ans a vues à la télévision
Ce vécu illusoire c'est le temps de l'illusion immobile et le temps d'une réalité transformée qui consomme le travail vivant (commentaire 155 & 156). Le spectacle est donc sur tous les fronts, séparant dans un premier temps l'homme de sa propre temporalité et dans un deuxième temps lui dérobant son âme et son temps de prière. Les grecs anciens considéraient la piété comme une vertu majeur, le temps de l'aliénation c'est l'effacement du temps-piété. Travailler c'est prier, disait naguère la sagesse ouvrière. Cet écoulement du temps ordinaire forme le grand style du temps chrétien, du temps originel que le peintre Millet a simplement exposé sur sa toile sous forme de trois natures parfaitement accordées (ici). L'Angélus est ce qu'on pourrait appeler le projet chrétien qui réhabilite le temps contemplatif. Guy Debord parle de la donnée sensible de l'écoulement du temps (commentaire 163), effectivement ce couple de paysan forme la pratique humaine humanisé qui possède la conscience du temps sacré et authentique. Au milieu de ce temps, de ce temps qui retrouve la grâce, la terre est la source de la production sainte qui maintient l'homme dans la qualité de la production artisanale.
Mais la production capitaliste avec sa puissance d'accomplissement théâtralisée a dissout ce temps naturel dans la marchandise de masse (commentaire 165). Le rythme soutenu de l'hyper production mondialisée a modifié la géographie et remodeler le relief afin que sorte de terre tout un tas d'espaces d'urbanisation concentrés. Cette glaciation de l'espace fait coexister des mondes communautaires qui jusque là étaient tenu séparés par la distance (commentaire 167). La guerre de tous contre tous et la lutte constante des classes permettent donc d’accroître les moyens de maintenir l'ordre dans la rue (commentaire 172). La tyrannie de l'intimité faisant, déjà bien abordé par le sociologue Georg Simmel (ici), s'avère un moyen efficace de contrôler les individus. En effet, l'isolement collectif nécessite d'organiser les flux et les personnes tout en rationalisant les espaces d'attente où sévissent les moyens de communication de masse. Le Capital acquiert alors sa pleine puissance en atteignant les pauvres et même les résidus urbains qui traînent à même le sol. Cette domination qui achève sa mue dans l'urbanisation repousse ses propres mesures grâce à l'énergie vitale de l'homme dans un exercice d'existence sociale d'un nouveau genre.
L'histoire universelle et l'histoire économique qui sont essentiellement liées à la ville et qui se développent autour de l'opposition ville-campagne, rapportent la victoire décisive de la ville sur la campagne (commentaires 175 & 176). La ville et son administration centralisée a soumis la campagne et le monde rural puis a remplacé le travail artisanal par le travail industriel, le qualitatif par le quantitatif, de sorte que la campagne est devenue la conscience du passé et de l'anti-modernité. Là où la campagne était une puissance historique créatrice composée d'une paysannerie besogneuse et admirable, la ville moderne a augmenté les possibilités de proximité commerciales et d'immédiateté de gains. Cette fracture territoriale - dû principalement à l'augmentation des populations - a fait passé l'homme du statut de terrien au statut de consommateur, du sédentaire paysan au voyageur ouvrier. Cette fabrication territoriale tend en réalité à transformer les terres cultivables en terres bétonnées. L'attachement exclusif au sol, à la terre de ses ancêtres était un moyen de perpétuer le passé et les traditions tout en enracinant la mémoire. Désormais la ville et ses perpétuels changements reconfigure en permanence la pensée de l'homme tout en augmentant ses capacités nerveuses. Le gain pour le citadin, selon Georg Simmel, n'est pas accordé par la nature mais par l'homme. Dans ces conditions l'estime de soi de l'homme de la ville dépend de la conscience des autres alors que celle de l'homme de la campagne dépend du tempérament de la nature.
La ville feint de croire son autonomie avec son abondance de marchandises, et en recherche et lieu de son unité perdue avec la nature, elle produit une culture du progrès individuel qui oblige de nier le mouvement historique humain (commentaire 180). Cette connaissance sans retour qui s'exprime d'abord par la destruction de Dieu, est souveraine depuis que la raison pure kantienne a rationalisé l'a priori. Le genre de vie du vieux monde, le monde rural, est devenu obsolète, il est le signe d'une dégénération sociale tandis que la bureaucratie d'état apparaît comme un genre de vie confortable et peu fatigant. C'est dans cette armée de fonctionnaires, de cadres et d'administrateurs que va se constituer, en grand nombre, ce que l'anthropologue américain David Graeber a appelé, Bullshit jobs, c'est à dire les jobs à la con. La dissolution du vrai métier est un mouvement de décomposition moderne qui anéanti le réel au profit du spectacle du réel. On ne parle plus de métier mais de fonction, de travail mais d'emploi. C'est le désordre dynamique de tout, bien évoqué par la suite par Paul Virilio dans cet ouvrage (ici), et qui à partir des images du monde passé reconstitue un passé illusoire afin que le monde présent paraisse idyllique. L'apothéose du futur est donc grandement illustré par des artistes immatures qui savent à peine reconnaître les forces essentielles du passé (commentaire 189).
C'est ce futur que Walter Benjamin condamne avec son ange de l'histoire (ici). Cette aquarelle de Paul Klee acheté par Walter Benjamin lui-même met en évidence un ange cubiste qui les yeux écarquillés et le visage tourné vers le passé - est poussé malgré-lui par une tempête qui symbolise le progrès. Cette puissance de perfectionnement technique et économique qui s'oppose à cette puissance de perfectionnement morale, provoque ruine sur ruine. Pour Walter Benjamin comme pour Guy Debord, l'avenir c'est le despotisme de la fausse conscience. La consommation spectaculaire de la destruction qui émerge dans la culture moderne et que l'ange de l'histoire ne peut fuir - n'est pas simplement un instrument de domination mais elle est une science d'un savoir parallèle qui prend sa source sur l'arbre de l'Eden.
Ce vécu illusoire qui prend place sur les grands écrans additionne un faux désespoir et un faux optimisme et qui avec de fausses solutions ambitionne de soumettre la pensée à cet immense a priori artistique qui parasite la rationalité. La critique du spectacle n'est pas la critique du spectacle comme représentation de l'expérience mais la critique du spectacle en tant que détournement des consciences. Le gaspillage de l'image a désacralisé l'image où la notion d’honnêteté représentative devait être préservé pour que l'homme demeure dans la contemplation et non dans la consommation. Cette massification de la représentation est issue de la rationalité industrielle qui fait proliférer tout ce qu'elle transforme dans un pseudo-sensationnel qui se nomme le fétichisme de la marchandise. L'éloge enflammée est avant tout relayé par la pensée universitaire des cadres moyens afin de ramener - à cette réalité parallèle - la masse besogneuse qui a abandonné la foi dans le ciel. La critique du spectacle ne sera jamais une pratique du prolétaire comme elle aurait dû l'être si la classe ouvrière avait dépassé son propre embourgeoisement. La théorie critique, nous dit Guy Debord, est une dialectique du degré achevé de l'écriture et de la parole (commentaire 204) qui doit opérer, comme Socrate en son temps, un renversement de conscience. Le langage dominant, c'est à dire la société du spectacle, a sa dialectique de la vérité qui préconise l'usage systématique de la critique du passé. Ce détournement de la conscience s'établit sur une distance avec l'histoire en la revêtant d'un costume historique falsifié produit par le spectacle (commentaire 206). Cette correction historique emporte l'adhésion puisque le spectateur se voit offrir une connaissance spectacle avec des expressions apparemment authentiques. Voyez pour exemple le film Munich de Steven Spielberg qui relate la prise d'otages d'athlètes pendant les jeux olympiques de 1972. Dans cet article du Figaro, daté du jeudi 6 février 2020 (ici), le journaliste Charles Jaigu résume l'ouvrage d'un journaliste israélien du nom de Ronen Bergman. Ce dernier nous apprend en effet, dans son dernier ouvrage sur les secrets du Mossad - que le film en question est de bout en bout un tissu d'invention, basé sur un livre faux.
Ce spectacle immobilisé de la non-histoire, nous dit Guy Debord, s'impose donc comme un pseudo-savoir au service d'une vision totalitaire (commentaire 214). Le spectacle est donc le reflet d'une essence de la négation de la vie réelle et par extension de la vie elle-même. Cette puissance de la tromperie est le mouvement de ce qui est mort, qui éloigne l'homme de la vie authentique (commentaire 215). Au contraire de cette vie qui accueille - comme le cueilleur qui prend le fruit dans l'arbre - la naturalité du cosmos avec une humilité reconnaissante. Robinson Crusoé est donc l'archétype de l'homme libre non parasité par la société parce que contraint de vivre sur une île déserte pendant 28 ans. Il a dû ainsi apprendre à vivre humblement avec la nature.
A propos des effets du spectacle, Guy Debord parle d'autisme généralisé tandis que Michel Bounan, parle d’alexithymie, c'est à dire de la chute des défenses immunitaires mentales. Le Capital et toutes ses cavernes d'état gangrènent les consciences en entretenant celles-ci à la surface des choses. Le spectacle, dans tout son étendue est le porte drapeau d'une idéologie qui a fait de la démocratie un principe indépassable. La démocratie est donc la forme supérieure de l'imposture puisque elle est la forme parfaite acceptée par les peuples crétinisés par la marchandise. Cette organisation de la fausseté généralisée a fait du réel un négatif photographique qui donne le sentiment que la vie réelle n'est qu'une vue de l'esprit. L'a priori kantien est ici une mesure de conquête psychologique qui s'émancipe de l'expérience authentique du monde ramenant le pouvoir de la pensée à une théorie possible (commentaire 221).
Il est vrai que la pensée de Guy Debord est complexe et peu appréciable si on ne possède pas quelques connaissances politiques substantielles et une bonne culture générale. C'est pourquoi j'ai extrais parmi le vocabulaire usité par Guy Debord, un certain nombre de mots qui m'ont semblé les plus emblématiques et les plus usités pour mieux comprendre le noyau sémantique de la pensée de l'auteur. J'ai placé dans ce petit tableau (ici, celui du haut) 7 mots que Guy Debord emploie régulièrement. Ces mots sont caractéristiques de la critique de notre auteur tout en rendant compte d'un certain environnement propre à cette thématique emprunté à Karl Marx et qu'un certain Francis Cousin, plus près de nous, manie avec une dextérité étourdissante mais non moins appropriée. J'ai donc effectué un comptage assez précis de chacun de ces mots présent dans les 221 commentaires de l'ouvrage afin de rendre compte de leur fréquence d'utilisation. Dans une troisième colonne j'ai ajouter des synonymes que Guy Debord use en quantité non négligeable afin de solidifier ses idées.
MOT
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QUANTITÉ
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SYNONYMES USITÉS PAR L'AUTEUR
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SOCIÉTÉ | 158 | bureaucratie, classe, prolétariat, exploitation hiérarchique, bourgeoisie, pouvoir, classe ouvrière & classe dominante, organisation sociale, communauté, administration, aristocratie, |
SPECTACLE | 147 | spectaculaire, scène, télévision, représentation, contemplation, communication |
IMAGE | 30 | illusion, illusoire, |
MONDE | 72 | histoire, temps, idéologie, Capital, mondial, humanisation, temporalité |
PRODUCTION | 60 | accumulation, économie, productivité, croissance, expansion, marché mondiale, exploitation, organisation, travail, industrialisation |
MARCHANDISE | 87 | consommation, consommable, gadget |
ALIÉNATION | 16 | aliénée, démente, unité perdue, se nier, dissolution, autisme généralisé, hallucinatoire social, foule atomisée, sa dépossession fondamentale |
PREMIER TYPE D'EXPRESSION |
DEUXIÈME TYPE D'EXPRESSION |
travail-marchandise, bourgeoisie-bureaucratie, déterministe-scientifique, idéologico-policières, sous-communication ou encore l'auto-émancipation, para-étatique, non-vie & non-histoire, intra-historique et puis temps-marchandise | pseudo-vedette, pseudo-paysannerie, pseudo-cyclique, pseudo-valorisation, pseudo-concret, pseudo-justification, pseudo-sacré, pseudo-savoir, pseudo-révolutionnaires & pseudo-justification. |
- Le mot "SOCIÉTÉ" est usité pas moins de 158 fois. Comme synonymes on retrouve les mots, bureaucratie, classe, prolétariat, exploitation hiérarchique, bourgeoisie, pouvoir, classe ouvrière & classe dominante, organisation sociale, communauté, administration & aristocratie.
- Le mot "SPECTACLE" est usité pas moins de 147 fois. Comme synonymes on retrouve les mots, spectaculaire, scène, télévision, représentation, contemplation & communication.
- Le mot "IMAGE" est usité pas moins de 30 fois. Comme synonymes on retrouve les mots, illusion & illusoire.
- Le mot "MONDE" est usité pas moins de 72 fois. Comme synonymes on retrouve les mots, histoire, temps, idéologie, Capital, mondial, humanisation & temporalité.
- Le mot "PRODUCTION" est usité pas moins de 60 fois. Comme synonymes on retrouve les mots, accumulation, économie, productivité, croissance, expansion, marché mondiale, exploitation, organisation, travail & industrialisation.
- Le mot "MARCHANDISE" est usité pas moins de 87 fois. Comme synonymes on retrouve les mots, consommation, consommable & gadget.
- Le mot "ALIÉNATION" est usité pas moins de 16 fois. Comme synonymes on retrouve les mots, aliénée, démente, unité perdue, se nier, dissolution, autisme généralisé, hallucinatoire social, foule atomisée & sa dépossession fondamentale.
C'est donc avec ce vocabulaire précis que Guy Debord a construit sa dialectique. La permanence de ces mots maintient un rythme d'immersion dans la critique et permet que la répétition fixe la notion. Le séquençage ou le découpage de la critique permet une respiration intellectuelle qui ne pourrait pas êtes produite par un texte uniquement composé de paragraphes. En effet la numérotation des courts commentaires permet au lecteur de ne pas perdre pied tant la phraséologie, très spécifique de l'auteur, n'est pas aisé à comprendre. Cet assemblage de mini chapitres produit en effet des espaces de repos très appréciables et qui bien dosés pour le regard, permettent d’alléger la lourdeur du texte.
L'analyse du fétichisme de la marchandise, expression marxiste, ouvre la voix à la dialectique du Capital dans laquelle s'enracine toute une série de formulations hybrides technicistes dont les prononciations évoquent immédiatement tout un tas d'images glacées et inertes. Le développement de la marchandise est l'arme furtive du pouvoir marchand qui s'est spécialisé dans l'art de la communication subversive à grande échelle. La marchandise incendiaire est le dieu du feu du Capital qui enfume la conscience avec de la valeur absurde. Le marché de la camelote a pétrifié la conscience radicale dans un consumérisme généralisé et un même marché de la représentation narcissique. L'unification des forces productives humaines qui se recyclent dans la consommation du fruit de leur propre production s'est faîte sous la direction d'un même état esclavagiste et dans une même temporalité d'échange qui est le marché mondialisé. Cette nouvelle religion mondiale - en échange de la jouissance immédiate de la marchandise - maintient l'individu à garder le cap de la non-résistance morale et politique. L'auto-négation de sa propre vie est donc rendu possible par le fétichisme de la marchandise qui a capté la vitalité cosmique de l'individu et l'a auto-nié dans un mouvement auto-régénératif de la valeur marchande déifié. Guy Debord parle de dépense luxueuse de la vie dans le spectacle de son moi-avoir où la frime et la triche deviennent des représentations festives de ses propres richesses extérieures (commentaire 154). Cette exposition de la matière morte dans le vivant est la mondanité dans sa phase terminale de la soumission à la marchandise et où l'être est devenu le clown de la société du spectacle.
Si Guy Debord construit une phraséologie assez typée avec un vocabulaire distinctif et très représentatif de la dynamique qui accompagne le mouvement réel de la marchandise, il déboulonne la marchandise avec une grammaire clivante, assez bien mesurée et suffisamment épaisse pour disloquer convenablement ce qu'il appelle la société du spectacle. Si effectivement on s'attarde sur les mots cités dans le tableau, on voit alors se dessiner les axes de positionnement critique de l'auteur et qui vont exercer réellement une pression mentale régulière et presque mécanique jusqu'à nous faire intégrer quasiment de force le processus complet de l'hypnose marchande. Le mot "SOCIÉTÉ" est usité avec une grande régularité, en effet le mot dans son sens de la globalité de l'action humaine communautarisé, sert de signalétique dans laquelle opèrent le Capital et la marchandise. Le mot "SPECTACLE" presque autant rapporté que le mot "SOCIÉTÉ", est l'exhibition de la marchandise et ses modes de promotion. Quant au mot "PRODUCTION", il caractérise avant tout l'exploitation du vivant et les manières subversives de soumettre l'humain par l'automatisation. La célèbre séquence de Charlot verrouillant des boulons sur un tapis roulant - et bien que cette séquence constitue encore le quotidien de millions d'ouvriers - témoigne de l'avilissement de la nature humaine par l'industrie. Le mot "ALIÉNATION", apparaît dans le texte comme la signalétique psychologique d'une pathologie mentale qui apparaît à la suite de la cristallisation de l'absorption de la valeur humaine dans la machine-outil et la production oppressive. Tout naturellement le mot "MARCHANDISE" est le mot clé puisque c'est par lui que le Capital soumet les masses. Quant au mot "MONDE", il doit être pris comme la représentation de l'organisation de la valeur marchande et qui dans la dialectique de la critique du Capital prend le même sens que celui donné par le Christ. Le mot "IMAGE" est la transplantation du faux dans le vrai et qui fait passer la conscience d'être heureux sans trop de choses vers la conscience d'être heureux avec beaucoup de choses. L'image abusive de la marchandise est un matraquage de l'avoir qui met en marche l'accumulation de la matière obsolète au détriment de la conscience réelle d'être. L'image est imposture dans le sens qu'elle valorise la marchandise et qui dans un auto-mouvement d'adoration maintient la raison à la surface des choses - dans une contemplation purement épi-phénoménale du vrai-vrai. L'image est donc l'arme majeure du spectacle qui détourne de la compréhension radicale de la dynamique aliénatoire du Capital. Le spectacle de l'image divinise la marchandise avec l'imposture de l'apparence et le simulacre de l'authenticité.
Pour compléter l'analyse formelle de la pensée de notre auteur, il faut dire que Guy Debord, pour matérialiser sa critique de la société du spectacle, a incrémenté des expressions que l'on peut qualifier de formative jumelle, voire paradoxale. J'ai donc recensé deux sortes d'expressions, la première sorte - dans la première colonne du tableau du bas - sont des expressions à caractère social, ces expressions sont des combinaisons de deux termes liés par un tiret. On retrouve donc, travail-marchandise, bourgeoisie-bureaucratie, déterministe-scientifique, idéologico-policières, sous-communication ou encore l'auto-émancipation, para-étatique, non-vie & non-histoire, intra-historique et puis temps-marchandise. Dans la deuxième colonne nous avons une deuxième sorte d'expression construite à partir du mot "pseudo" qui est une abréviation de pseudonyme qui est une manière de cacher sa véritable identité. Guy Debord use donc de cette abréviation et la colle à tout un tas de mots et qui ensemble définissent assez bien ce que produit la société du spectacle. Il faut rappeler au lecteur que le préfixe "pseudo" provient du grec ancien qui veut dire "faux". Ce qui donne ainsi, pseudo-vedette, pseudo-paysannerie, pseudo-cyclique, pseudo-valorisation, pseudo-concret, pseudo-justification, pseudo-sacré, pseudo-savoir, pseudo-révolutionnaires & pseudo-justification.
Antoine Carlier Montanari