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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

11 Apr

Un Livre Que J'ai Lu (122) : Le Bon Et Le Mauvais, Christianisme et politique (Claude Tresmontant)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu, #Claude Tresmontant

 

 Quand on aborde la question du bien et du mal, le plus souvent, la subjectivité intervient comme un juge suprême. En fonction des choix idéologiques et des désirs déréglés on obtient autant de réponses qu'il y a d'individus. C'est pourquoi notre auteur, Claude Tresmontant, parle de normes naturelles qui sont les lois qui régissent la vie et la mort mais également des lois morales issues du l'expérience d'être du peuple hébreu qui depuis le décalogue ont considérablement élevé le regard de l'humanité sur elle-même. Claude Tresmontant est un philosophe chrétien qui a longuement étudié le fait hébreu et qui a permit de rendre compte, par ses analyses, de l'importance de ce peuple dans l'histoire de l'humanité. Indéniablement le phylum hébreu est une signalétique concrète et objective de la manifestation de Dieu, c'est une nouvelle programmation, nous dit Claude Tresmontant qui intervient directement dans l'humanité afin de l'émanciper de sa programmation initiale, transmise génétiquement, et qui la soumet essentiellement à des comportements instinctifs.

 Concernant donc ces notions du bien et du mal, il faut, nous dit Claude Tresmontant, à la page 10, écarter les affects et la subjectivité et revenir à l'expérience, aux faits et aux conditions objectives naturelles. Ces conditions objectives proviennent du principe de réalité, lequel impose nécessairement des lois à suivre pour que les choses fonctionnent. Claude Tresmontant prend donc comme exemple le cas d'une mère qui attend un enfant, et quelque soit le niveau d'instruction de cette mère, elle doit pour que son enfant se développe correctement, suivre des dispositions éprouvées par les générations précédentes. L'expérience et le vécu font ressortir des conditions objectives qui font que boire de l'alcool ou fumer est mauvais pour l'enfant à naître et qu'il est nécessaire que la mère se nourrisse convenablement et qu'elle ne se mette pas en danger inutilement. Ces quelques conditions objectives issues du principe de réalité sont transmises par la force des choses. Ainsi une mère qui ne tient pas compte des ces conditions objectives est rappelée à l'ordre par des conséquences négatives imposées par les lois naturelles, son enfant peut alors mourir ou dans le meilleur des cas, l'enfant sera en mauvaise santé. 

 Il en est de même pour l'humanité toute entière, car pour qu'elle ne disparaisse pas il faut tout d'abord qu'elle ne se détruise pas elle-même (p12), c'est une condition objective première. Les guerres, les massacres de masse, l'avortement et l'euthanasie, ce que Jean-Paul II avait réuni sous le vocable "Culture de mort",  ne sont pas des conditions objectives de développement pour l'Homme et pour l'Humanité. C'est donc à partir de ces normes objectives issues de l'expérience que se met en place des principes de précautions qui deviennent des programmations existentielles transmises à chaque génération. Ce que le grand Nietzsche rejette quand il écrit par-delà le bien et le mal, et qui selon Claude Tresmontant n'a strictement aucun sens (p13). Il y a ce qui est bon pour l'homme et ce qui est mauvais pour l'homme, nous dit Claude Tresmontant, et c'est l'un ou l'autre, un médecin qui nie les maux causés à l'organisme ne peut pas prescrire les traitements adéquates. Si donc le philosophe allemand Nietzsche se place dans une perspective nihiliste qui va faire bonne mesure dans les décennies qui suivront, il ne faut alors pas s'étonner que le peuple juif qui fut martyrisé dans les camps allemands le fut parce qu'il représentait ce fameux code moral que combattait Nietzsche. 

 L'Eglise, à la suite donc du peuple hébreu, comme on l'a vu précédemment dans la fiche de lecture  "Quel avenir pour le christianisme?" (ici), est cette nouvelle programmation qui entend transformer la vielle humanité animale en une humanité nouvelle grâce à une panacée qui se nomme le Christ (p14). L'Eglise se doit donc d'offrir aux hommes la vérité révélée par l'ancien et le nouveau testament afin que ceux-ci obtiennent la vraie vie en Dieu. l'Eglise enseigne donc les conditions nécessaires pour que l'humanité à travers l'homme réalise sa pleine et entière transformation (p15). L'Eglise qui est cette information créatrice de Dieu et qui s'adresse à l'esprit des hommes est cette nouvelle humanité en formation qui fait de ces mêmes hommes des saints et par lesquels l'humanité pourra être renouvelée. Pour le lecteur profane, peut habitué à ce genre de sémantique, et pour aider à comprendre les propos de Claude Tresmontant, il faut penser l'Eglise comme une école qui s'est donnée pour mission de faire de ses élèves de très bons élèves afin qu'à la fin de leur cursus ils soient des êtres aboutis, intelligents et civilisés et qui entrant dans le monde deviendront bénéfiques et profitables pour leurs frères empêtrés dans les difficultés. Ces êtres auront atteint leur pleine maturité et seront à même de résoudre bon nombre de problèmes que l'humanité rencontrera au quotidien. L'Eglise est cette matrice de saints qui ne se borne pas à régler les mœurs de cette vieille humanité mais qui, à travers les sacrements, veut la transformer de l'intérieure pour en faire une humanité nouvelle. L'Eglise ne croit pas simplement en une doctrine, en une morale, elle croit en la résurrection du Christ, elle croit donc en la résurrection de l'humanité.

 Car cette humanité qui est constituée, selon les mots des paléontologistes d'homo sapiens sapiens (p18), doit quitter sa nature inachevée afin de retrouver celle qui était la sienne d'avant le péché originel. Ces homo sapiens sapiens sont donc appelés par Dieu, depuis le phylum hébreu, à devenir comme le Christ, c'est à dire le nouvel Adam. Cette image parfaite et ressuscitée, incorruptible et née dans une chaire toute aussi pure, est le modèle d'imitation intégral destiné aux homo sapiens sapiens. Ce programme abouti est entré dans l'humanité par la petite porte, dans une étable à Bethléem, avant que le plus grand des empires ne le crucifie à Jérusalem. Dès lors le Christ, par sa naissance, réinitialisa la ligne temporelle de l'histoire humaine tout en faisant basculer la nouvelle humanité en devenir dans sa propre temporalité. Cette nouvelle programmation va reformulé toute l'architecture mentale de l'homo sapiens sapiens.  L'Eglise sera donc le support physique de cette séquence informative complète et qui en bonne épouse fécondera par millions des âmes nouvelles afin de rendre compte de ce génome divin qu'elle expose au sein sacrement et qui ressuscité d'entre les morts devient le programme maître de la nouvelle Création.

 Pour en revenir au bien et au mal, l'auteur, Claude Tresmontant, rappelle que l'entendement que le monde a aujourd'hui de ces notions est directement lié à la pensée du philosophe Emmanuel Kant qui avec sa raison pure a fondée une morale arbitraire et extrinsèque (p22). Cette morale domine outrageusement la conscience moderne en évacuant ces conditions objectives évoquées plus haut et que le philosophe français Maurice Blondel a appelé la normative (p22). Cette pensée kantienne largement relayée par les institutions républicaines est une morale sans fondement expérimentale, c'est à dire qui n'est pas fondée dans l'être. Cette morale, nous dit l'auteur, est hors sol, elle lévite comme un fantôme qui n'est pas affecté par les lois naturelles. Cette morale laïque soutenu par un certain Auguste Comte avec son positivisme (p29, p57), relève d'une vision étroite de l'univers qui met uniquement l'accent sur la connaissance des lois scientifiques tout en refusant la notion de cause liée à la métaphysique et à la théologie. On est dans un cadre strictement comptable de l'univers qui ôte toute proportion métaphysique afin que nulle cause spirituelle ne vienne interférer dans la pensée. Ce positivisme est donc une rationalité de l'a priori qui priorise uniquement la conséquence, la causalité étant dérisoire. Tout naturellement la laïcité à imprimé cette notion positiviste et considère le bien et le mal comme dépendants de la volonté humaine. Cet ADN moraliste ne vise que le confort matériel de l'humanité, elle est incapable d'offrir plus que ce que l'économie peut proposer. Claude Tresmontant affirme la nocivité de cette idéologie qui prétend que l'humanité est sorti du néant toute seule et qui s'est développée toute seule comme une belle symphonie depuis environ 20 milliards d'années (p31). Disons que la non appropriation du fait hébreu et de l'expérience d'être du peuple hébreu éloigne de la compréhension de la Création. La révélation du Dieu unique à travers ce tout petit peuple du désert est une donnée scientifique de première importance puisque elle est une science du surnaturelle historique unique qui dans une humanité souffrante et agonisante apporte une promesse de salut qui a été définitivement concrétisé par le Messie à Jérusalem. En effet, la crucifixion du Christ, sous l'autorité romaine, devint un événement considérable dans l'histoire de l'humanité. Cette nouvelle information se manifesta non pas dans un coin obscur du monde, à l'abri de la multitude, mais bel et bien à la vue de tous, c'est à dire sur la plus grande scène que le monde d'alors connaissait et qui était celle de l'immense empire romain. Pilate, gouverneur romain de Judée, est alors devenu le témoin officiel d'un événement qui allait bouleverser et reprogrammer toute l'humanité. Cet empire romain fut justement choisi par la pensée créatrice de Dieu afin que le monde voit comment sa nouvelle information allait de l'intérieur convertir ce même empire sans même qu'un coup d'épée ne soit donné. Cette nouvelle information incarné dans le Christ fut officialisé et imprimé sur la croix par les romains eux-mêmes, INRI, soit Jésus de Nazareth, roi des juifs. On notera à ce propos ce passage de l'évangile de Matthieu qui relaient les propos des soldats romains concernant  le Christ (ici)

"Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent Assurément, cet homme était Fils de Dieu."

(Matthieu 27:54)

 Il faut préciser qu'un centenier est un officier romain qui commandait une troupe de cent hommes. Et cette crucifixion sur le mont Golgotha et toutes les autres qui par milliers furent perpétrées par les romains, témoignent de la sauvagerie de l'homme et de sa capacité à se détruire lui-même en se faisant la guerre à lui-même, à l'intérieur de l'espèce (p39). L’anthropogenèse qui est l'étude de l'apparition et du développement de l'espèce humaine, affirme distinguer trois cerveaux, le cerveau reptilien, qui est le plus ancien, le cerveau mammalien, intermédiaire et le cerveau le plus récent, le néo-cortex (p40). Dans le premier cerveau, le paléo-cortex, le cerveau dit reptilien, sont enregistrées des programmations élémentaires de type instinctives et qui poussent l'homme à chasser, défendre son territoire, soumettre et courtiser (p40). Cette programmation de base anime l'homme de manière animale mais l'apparition du néo-cortex va faire entrer l'homme dans la connaissance réfléchie et la conscientisation de lui-même (p41). Dès lors que le bien et le mal vont être conscientisés, le néo-cortex et le cerveau reptilien vont se confronter et s'opposer sur la manière de vivre. Cette étape de la conscientisation du bien et du mal constitue une phase indispensable dans le projet de Dieu, en effet le néo-cortex est en mesure d'offrir à l'homo sapiens sapiens les moyens de comprendre le projet créateur de Dieu (p42). Car sans cette nouvelle norme fourni par Dieu, l'homme composé de son paléo-cortex et de son néo-cortex, c'est à dire de sa part reptilienne et de sa part réfléchie, et avec l'usage du choix et de la liberté, ne peut poursuivre son développement sans se détruire lui-même, comme il est en train de le faire depuis le XXème siècle (p43).

 Cette évolution anthropogénétique se poursuit donc à travers la lignée génétique hébraïque, laquelle recevant la pensée créatrice de Dieu par le néo-cortex va la préserver par la parole et l'écrit jusqu'à ce que le Christ la dépose au sein de son Eglise pour qu'elle soit communiqué à toute l'humanité. On a donc changé de système, nous dit Claude Tresmontant, en effet là où l'information faisait progresser génétiquement la création, la nouvelle information créatrice s'adresse désormais au néo-cortex de l'homme pour se propager de corps en corps. Tout naturellement cette nouvelle programmation s’oppose aux vieilles programmations reptiliennes qui ont été inscrites génétiquement dans les paléo-cortex. Cette nouvelle programmation issue de la révélation, est quant à elle transmise aux néo-cortex du peuple hébreu par voie orale et écrite. L'hostilité des nations païennes à cette nouvelle programmation transmise au peuple hébreu est comme la partie médiocre de l'être qui refuse que la partie bonne de l'être la corrige. Cette nouvelle normative (p46), la sainte Torah, c'est à dire une pédagogie de la Création, enseigne la voix du salut à une humanité dominée par la normative reptilienne génétiquement transmise dans le paléo-cortex. La sainte Torah est donc un système immunitaire et qui à l'exemple des lymphocytes T doit empêcher les êtres infectés de détruire toute l'humanité. Il y a donc deux types d'humanité, une humanité reptilienne, fortement attachée à ses instincts et une humanité en voix de développement qui cherche à dominer ses instincts. Ces deux phylums, autrement dit ces deux lignées, se confrontent depuis des millénaires et cela cessera jusqu'à ce que la mise à jour soit totalement effectuée. En effet cette mise à jour a été installé en vue d'introduire un maître programme qui porte le nom de Messie et qui introduit dans le monde par le sein d'une matrice pure, renouvellera la totalité de l'humanité restée au stade animal.

 Ce super programme met en échec toutes les attaques de l'humanité dîtes reptilienne tout en développant des algorithmes comportementaux à forte valeur ajoutée dont les effets ont pour but de neutraliser la rivalité mimétique. Cette normative qui porte désormais le nom de judéo-christianisme, depuis que le roi des juif est mort sur la croix, va petit à petit faire entrer l'humanité à travers Israël et les nations chrétiennes dans une phase de développement durable. Il faut préciser que le Christ est ce trait d'union entre judaïsme et christianisme car ce dernier s'enracine dans le premier (p50), ce dernier ne va pas sans le premier, le phylum chrétien est directement issu du phylum hébraïque par le Christ qui est juif. Ainsi la pensée créatrice de Dieu élève ce qui est sien, c'est comme cela que l'on reconnait l'action Créatrice de Dieu. Les nations et les empires païens périclitent là où les nations choisies de Dieu sont corrigées quand elles manquent à leur devoir, mais jamais elles ne disparaissent. Ainsi et au fur et à mesure que la pensée créatrice de Dieu agit, l'humanité tend à rejoindre cette nouvelle normative sous peine de disparaître puisque obsolète. 

 Dans la précédente fiche de lecture, Claude Tresmontant est revenu sur l'origine hébraïque du mot "foi" afin de comprendre correctement son sens. De même, ici, à la page 53, Claude Tresmontant se rattache à la tradition hébraïque pour redéfinir le sens du mot "cœur". Tout comme le mot "foi" en hébreu, la hémounah, le mot "coeur" qui se dit en hébreu "leb", est non pas l'organe des sentiments mais l'organe de l'intelligence et de la pensée. Lors de la traduction de la sainte Torah en grec, les traducteurs ont gardé le sens avec le terme "dianoia" qui est la connaissance discursive, c'est à dire la connaissance qui procède par raisonnement. Le cœur semble donc ce siège de la bonne justice où règne la bonne intelligence, avoir du cœur en hébreu ou en grec c'est s'orienter selon la raison en direction du bien avec un grand "B", indépendamment de l'affection sensitive. Cette orientation inconditionnelle est solide et permanente puisqu'elle ne dépend pas des fluctuations émotionnelles qui altèrent et refroidissent la charité et la compassion. Nous verrons, à ce propos, dans une prochaine fiche de lecture, comment saint François de Sales développe ce thème ainsi que celui de l'obéissance et celui de la modestie (ici). C'est donc dans l'être, dans le cœur plus précisément que l'information nouvelle s'enracine et c'est cet enracinement que les païens combattent en martyrisant le peuple hébreu et le peuple chrétien. Le fait que le peuple hébreu soit codé par une information nouvelle, les séquences païennes et idolâtres vont alors muter en un matériel génétique négatif. En réalité cette biologie dégénérative qui n'est pas de nature harmonieuse, n'a pas de chance de survivre en raison de l'achèvement de la création prophétisé par le peuple hébreu (p56) et qui s'accomplit à travers le Messie. 

*****

 La Révélation accélère, dans un premier temps, le développement du peuple hébreu et dans un second temps celui de l'humanité via le christianisme, c'est le point 0 sur l'échelle de temps qui sépare et qui joint ces deux stades de développement. L'anti-judaïsme et l'anti-christianisme forment donc des marqueurs réactifs d'une humanité reptilienne qui n'accepte pas que la normative judéo-chrétienne se développe. C'est une réaction purement épidermique qui fait réagir l'ancienne et archaïque programmation reptilienne contenu dans le paléo-cortex. Emmanuel Kant incarne donc, selon notre auteur, la forme la plus aboutie de cet anti-judaïsme et de cet anti-christianisme car sa théorie de la connaissance et sa théorie de la morale avancent masquées (p63). Kant dit ceci (ici),

" J'ai donc été obligé, ou contraint, de supprimer, d'abolir le Connaître, afin de procurer place au Croire. "

(Emmanuel Kant, Kritik der reinen Vernunft, Critique de la raison pure, 1787)

 Emmanuel Kant va donc dissocier l'expérience de l'intelligence afin d'ôter toute influence à la pensée. Cette corruption intégrale, nous dit Claude Tresmontant, évince la certitude objective qui provient des faits. Les présupposés philosophiques vont donc investir la pensée moderne ou l'idéalisme va surpasser l'intelligence expérimentale (p65). Emmanuel Kant suppose au lieu de constater, il se garde bien de traiter le problème posé par la réalité objective observée, voici ses propos (ici),

" L'ordre et la conformité aux lois dans les manifestations que nous appelons Nature, nous les introduisons nous-mêmes, et aussi bien nous ne pourrions pas les y trouver, si nous les avions pas introduits, nous ou la nature de notre esprit, originellement. "

(Emmanuel Kant, Kritik der reinen Vernunft, Critique de la raison pure, 1787)

 Par conséquent la pensée de Kant est entièrement spéculative, elle est dans l'a priori (p75), et elle va influencer les lumières pour s'opposer tout naturellement à la foi religieuse, à la hémounah, à la pistis, la foi associée au discernement. Kant réduit donc à néant la force objective de l'observation clinique de l'univers (p76) quand il écrit (ici),

" Une connaissance qui ne peut contenir qu'une certitude expérimentale, n'est qu'une soi-disant connaissance appelée ainsi d'une manière impropre..."

(Emmanuel Kant, Premiers principes métaphysiques de la science de la nature, 1786)

 Le monde selon Kant est fonction de la subjectivité et non des lois naturelles observées par les hommes ni créé comme l'affirme la sainte Torah. Fichte, Schopenhauer et bien d'autres, à la suite de Kant, vont éliminer l'idée de la Création et évincer la totalité du témoignage hébreu. C'est la naissance de la raison indépendante et incorruptible puisque pure de toute influence directe issue de l'expérience. C'est la raison neutre et absolu car épurée de toute réalité corruptible, c'est cela la raison pure kantienne. Ainsi la tradition hébraïque et la théologie catholique sont considérées comme des facteurs d'influences qui empêchent la raison pure d'imaginer le monde à sa convenance. C'est très exactement, nous dit Claude Tresmontant, le contraire de la méthode aristotélicienne reprise par le philosophe français Henri Bergson à la fin du XIXème siècle, qui s’appuie sur l'analyse rationnelle du donné (p84). Les mots de Bergson au père J. de Tonquédec sont à ce propos sans équivoque (ici),

"La méthode philosophique, telle que je l'entends, est rigoureusement calquée sur l'expérience."

 S'oppose donc ici deux conceptions de la vérité, l'une qui se base sur l'observation stricte des faits et l'autre sur la volonté, laquelle affirmait Descartes se nourrie indépendamment des connaissances empiriques (p88). Ainsi la loi morale issue de la raison pure décide de ce qui est bon de ce qui est mauvais séparément des natures même du bien et du mal qui s'expriment dans la nature. Il s'en suit que c'est la loi qui en décide (p90). Les commandements transmis sur le mont Sinaï à Moïse n'ont ici, au regard de la raison pure, aucune validité juridique. Le monde selon la raison pure n'a de sens que celui donné par des êtres imparfaits, c'est à dire que le monde est tributaire de la volonté déréglée des hommes, ce monde est donc condamné à l'imperfection. En ce sens, l'homme est réduit à fonctionner selon la sensibilité politique du moment (p93). Le libre arbitre et le parti pris vont donc fonder des valeurs temporelles issues essentiellement des idées nouvelles et à la mode.

 Le bien et le mal selon la raison pure, serait donc fonction d'une rationalité pure et non d'une rationalité issue de l'expérience. Il faut comprendre par là, qu'au regard de cette raison kantienne, l'homme n'existe pas réellement puisqu'il ne s'inscrit pas dans une normative parfaite et éternelle. L'homme est donc de passage, il est une variable aléatoire dans un univers tout aussi aléatoire, quelques massacres commis n'auront pas plus d'importance que cela puisque l'humanité n'est pas assurée de perdurer, en ce sens les crimes commis n'auront de gravité qu'en proportion des idées du moment. Mais si l'homme est vouée à l'éternité, selon la Révélation, ces mêmes crimes auront à répondre d'un juge suprême qui a décidé que tout mal devrait être puni. La damnation est cette deuxième mort qui averti l'homme que les crimes commis ici bas seront punis dans l'éternité. Le bien et le mal, selon cette normative, prend un tout autre sens. 

 Ainsi la nouvelle information créatrice qui modèle l'homme depuis près de quarante siècles (p100), est un séquençage fondamentalement survitaminé qui fera sortir, via le Messie, l'humanité du provisoire. L'Eglise qui est la forme officielle de ce génome divin crucifié sur la croix et ressuscité des morts, a en son centre, à Rome, une parabole directement dirigée vers le Ciel et qui depuis près de deux mille ans recense à travers le monde les miracles, les guérisons, les apparitions et autres manifestations divines. Ce phylum catholique issu directement du phylum hébreu reprend le codage hébraïque en acceptant, comme Abraham, la communication divine. Ce n'est pas une religion du silence, de l'absence de Dieu dans le quotidien, c'est véritablement la révélation permanente que la raison pure ne peut discerner. Les apparitions mariales, les guérisons miraculeuses de Lourdes, les statues du Christ et de la Vierge qui pleurent des larmes de sang, le linceul de Turin et la peinture miraculeuse de la Vierge de Guadalupe sont des phénomènes qui sont certes, aux yeux du profane résolument athée, illusoires et sans importances, mais sont d'un point de vue scientifique des manifestations qui doivent être étudiées sérieusement afin de déterminer leur réalité ou pas. Il faut préciser, pour exemple, concernant le linceul de Turin, que la communauté scientifique a effectué 500 000 heures de sciences de haut niveau pour l'étudier et c'est unique au monde. Ce petit ouvrage (ici), nous permettra, dans une future fiche de lecture, de révéler les nouvelles preuves de la résurrection du Christ présentent sur le fameux linceul. Quand on se penche sérieusement sur les résultats d'analyses, on ne peut plus douter de l'authenticité du linceul et on se demande encore pourquoi l'humanité fait semblant d'ignorer une telle preuve matérielle de la manifestation de Dieu. De même l'image acheiropoïète de Notre-Dame de Guadalupe, c'est à dire une image dont l'origine est inexpliquée, établie sur un tissu de 1 mètre 70 par 1 mètre 05, est pleine de preuves troublantes qui attestent de la manifestation de Dieu et plus précisément de la Vierge. Le biochimiste Richard Kuhn a affirmé en 1936, à la suite d'une analyse d'un échantillon du tissu que les pigments utilisés ne provenaient d'aucune source connue, qu'elle soit animale, minérale ou végétale. Par ailleurs, des photographes ont relevé une figure reflétée dans les yeux de la Vierge après que le reflet ait été multiplié par trois avec ce que l'on appelle l'effet Purkinje, que l'on retrouve dans les yeux humains. L'ophtalmologue Jose Aste Tonsmann, ayant agrandit plus de 2500 fois l'image des yeux de la Vierge y trouve les images de tous les témoins présents lors de la première révélation, en 1531. Biens d'autres analyses viennent étayer la cause surnaturelle de cette peinture miraculeuse. L'esprit curieux pourrait également s'attarder sur deux mystiques catholiques singulièrement touchés par la grâce, à savoir Thérèse Neumann et Padre Pio. En effet les documents visuels qui témoignent des phénomènes extraordinaires qui leur sont associés et que l'on retrouve couramment dans la tradition catholique, remettront sérieusement en cause les convictions matérialistes de nombreux athées. En effet, outre les saints catholiques, il n'y a aucun homme et aucune femme qui ont témoignés d'autant de phénomènes exceptionnels. Outre cela, combien de films sur les exorcismes en milieu catholique, et tirés de faits réels témoignent de l'engorgement des manifestations sataniques à travers le monde. Le réalisateur William Friedkin, en 2016 ne s'y est pas trompé lorsque il a filmé, avec l'autorisation exceptionnelle du Saint-Siège, un exorcisme pratiqué par le plus grand exorciste du Vatican, à savoir le père Gabriel Amorth. Ce film-documentaire fait directement écho au film l'Exorciste que William Friedkin a réalisé au tout début des années 70 et qui a fait passer aux spectateurs des moments difficiles et éprouvants, au point qu'on a pu constater par la suite de nombreuses conversions. L'expérience témoigne donc bien du fait surnaturel et Claude Tresmontant ne nous dit pas autre chose quand il dit de croire selon les faits. 

 Ne pas tenir compte objectivement de cela est un présupposé kantien qui détermine que l'existence de Dieu ne peut ni être constaté par les faits ni par l'analyse rationnelle (p109). Dieu est donc devenu une question purement subjective, une question de foi et non une certitude rationnelle alors que toute l'expérience d'être du peuple hébreu qui est historique, témoigne du contraire. Selon la normative judéo-chrétienne qui est la nouvelle information créatrice, l'ordre de la nature et l'ordre de la grâce sont bien distincts, mais la grâce agit dans la nature pour la parfaire. Mais selon la raison pure kantienne, le monde se suffit à lui-même et on gère le monde selon la politique, laquelle régule l'humanité selon un athéisme prétendument neutre. Le problème de fond c'est que l'expérience d'être de la pensée kantienne qui est née de la pensée chrétienne et de la pensée grecque n'a pas supporté que la foi des hébreux et des chrétiens s’appuient sur les faits. La raison pure qui est à l'origine, via les lumières, de toutes les politiques actuelles, est née sur un parricide, celui de Dieu à travers le roi. C'est ainsi que de la vieille morale judéo-chrétienne est sorti une engeance de rebelle orienté par un gouvernail aveugle. Outre l'antisémitisme conventionnel, il existe, nous dit Claude Tresmontant, un antisémitisme qui ne s'oppose pas au juifs en tant que tels, mais qui nie fondamentalement l'intégralité de l'expérience du peuple hébreu et refuse les manifestations divines qui lui sont associées. Cet antisémitisme-là est sournois et souterrain et il n’apparaît jamais comme tel, il est plutôt intellectuel et se dévoile en réalité dans l'athéisme revendiqué. C'est un antisémitisme passif qui ne dit jamais son nom et qui le plus souvent condamne tout antisémitisme primaire afin de masquer le véritable antisémitisme. C'est pourquoi, Claude Tresmontant rappelle donc en tant que chrétien l'importance du fait hébreu et les origines hébraïques du christianisme qui est la religion d'un hébreu de la lignée de David. Tout antisémitisme est un antichristianisme en devenir, la réflexion portée sur le fait hébreu n'est pas une considération mais bien une connaissance historique précise qu'il faut étudier en priorité pour comprendre la vérité. L'enseignement de Claude Tresmontant à ce propos est rigoureux et cohérent, la logique renforce son analyse aussi fermement que la méthode. 

Antoine Carlier Montanari

 

 

 

 

 

 

 

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