Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

31 May

Un Livre Que J'ai Lu (87) : Logique Du Terrorisme (Michel Bounan)

Publié par Alighieridante.over-blog.com

 Ce troisième ouvrage de Michel Bounan est intronisé par une sentence de Nicolas Machiavel tirée de son célèbre ouvrage "l'Art de la guerre". Pour celui qui connait peu l'auteur italien, la raison pour laquelle on se réfère régulièrement à ses écrits, est contenu dans le fait qu'il a admirablement décortiqué le mal historique et le mal politique. Si la sentence évoque le fait que l'ennemi sait bien ce qu'il fait, elle prévient tout autant qu'il ne faut pas le sous estimer. L'auteur florentin exalte donc la responsabilité politique tout en avertissant du caractère rusé de l'homme et de sa méchanceté naturelle qui s'exprime toutes les fois qu'elle en trouvera l'occasion. En effet, Michel Bounan usera de cette leçon machiavelienne afin de convenir correctement du terrorisme dont les acteurs peuvent également être des états (p8). Cela est essentiel pour comprendre la suite. En effet on a tendance, c'est l'époque qui le veut, d'affilier le terrorisme à l'islamisme. Toutefois l'auteur ne se contente pas de la chose, il va épaissir le sujet en soulignant la volonté de certains états d'user du terrorisme afin d'asseoir leur pouvoir. En réalité le terrorisme islamiste, à chaque fois qu'il passe à l'action, offre aux Etats la possibilité de resserrer l'étau sécuritaire. Ainsi les groupes terroristes, malgré eux, peuvent servir des intérêts autres que les leurs, c'est pourquoi le terrorisme, au delà des massacres commis, est devenu, indubitablement, une science de la guerre psychologique à part entière.  

 Michel Bounan évoque donc les bombardements allemands sur Londres, les bombardements anglais sur la ville de Dresde ou encore celui des américains sur Hiroshima durant la seconde guerre mondiale (p8). Ces actes dits de guerre visent avant tout des civils afin de terroriser les populations en vue d'obtenir une démission ou une capitulation de leurs gouvernements. En effet les populations peuvent mettre sous pression le gouvernement en l'isolant par la contestation. La mort de civils par milliers est un facteur suffisamment fort pour mettre le gouvernement dans une situation morale intenable, en effet la seule réalité du massacre souligne son manque d'anticipation, son inaction et son impuissance, il peut ainsi perdre crédibilité et légitimité. Cette politique de la terreur a également pour but, nous dit l'auteur, d'impressionner d'autres adversaires, les bombardements américains avec des bombes atomiques, sur les villes de Hiroshima et  de Nagasaki, ont vraisemblablement affecté Staline en vue du partage du monde (p11).

 Il faut bien entendu distinguer de ce terrorisme d'état le terrorisme nationaliste ou indépendantiste, révolutionnaire et religieux dont les actions peuvent entraîner, de la part des états, des durcissements législatifs du contrôle des populations. Ces ennemis de l'état ne réussissent pas forcément à gagner à leur cause l'opinion publique, à l'inverse l'état en profite pour mettre en place une surveillance pointilleuse. De plus l'émotion populaire permet à l'Etat de mettre en place des mesures sécuritaires suffisamment contraignantes, aussi bien pour ses ennemis que pour quelques agitations sociales (p42). Aussi les groupes terroristes comme les entreprises terroristes doivent faire preuve d'une organisation interne solide qui exigent de la part des coordinateurs des qualités psychologiques qui servent d'avantage la stratégie que l'héroïsme, cette dernière est liée à l'exécutant (p17). Il se peut ainsi, qu'en fonction des moyens attribués à la surveillance des groupes terroristes, l'état puisse convenir en secret d'aider indirectement les terroristes ou même de faciliter une aide technique en vue d'un attentat afin de piéger l'organisation toute entière. Cette complaisance furtive peut également servir à d'autres fins beaucoup plus mystérieuses dont le commun des mortels aura peine à concevoir en dehors du cinéma. L'auteur évoque donc, à travers les attentats du 11 septembre 2001, la complicité clandestine et illicite des services secrets américains (p20, p52). 

 A ce propos, les mots de Michel Bounan à la page 25, sont sans équivoque,

" Tout état moderne contraint de défendre son existence contre des populations qui mettent en doute sa légitimité est amené à utiliser à leur encontre les méthodes les plus éprouvées de la Mafia historique, et à leur imposer ce choix :terrorisme ou protection d'état. "

 Ce qui nous amène tout naturellement à la mafia dont le modus operandi réprime sévèrement ceux qui se soustraient à son autorité (p23). Elle conquiert ainsi par la force et le terrorisme de nouveaux territoires afin d'accroître ses profits et son pouvoir. De ce fait les Etats habiles et belliqueux peuvent également, en augmentant considérablement le budget de la défense, recourir au militaire pour imposer leur point de vue à une partie du monde qui serait réfractaire. Un acte terroriste justifie une intervention militaire ainsi que l'occasion d'imposer une protection plus contraignante.

 Au moment d'écrire ces lignes un article en ligne du Figaro, paru le 02 juin 2019, révèle que le chef de la police du Sri Lanka met en cause le président concernant les attentats qui ont touchés des églises et des hôtels de luxe du pays, à Pâques, et qui ont fait 258 morts. (Voici l'article en question). Le chef de la police a donc été suspendu de ses fonctions après avoir dénoncé les défaillances entre les services de sécurité concernés, précisant qu'il avait reçu l'ordre express du service de renseignement d'Etat (SIS) d'arrêter d’enquêter sur les djihadistes. De plus les avertissements des services de renseignements indiens de l'imminence d'attaques sur le territoire du Sri Lanka n'ont pas été pris au sérieux par le SIS. Pourquoi donc les autorités chargées de la sécurité ont manifestement écartés les avertissements concernant des attentats et pris aucune mesure de protection des populations? On peut alors se poser des questions sur le nombre d'affaires identiques qui n'ont jamais pu, faute de fuite ou de révélation ou mêmes d’enquêtes approfondies, être mises à jour.

 Cet exemple factuel valide donc les propos de Michel Bounan sur la collusion étatique avec les réseaux terroristes. Pour aller dans ce sens, l'auteur pose la question de savoir comment des pilotes amateurs, le jour du 11 septembre, ont pu manœuvrer des mastodontes des airs avec une telle précision? (p52)  Michel Bounan évoque alors cette technologie américaine de communication satellitaire qui équipe les drones "global hawk" afin de les télé-piloter de n'importe quel endroit du monde. Selon le magazine "Science et vie" (1), le drone est équipé d'une centrale de navigation inertielle recalée par GPS dont l'antenne est placé immédiatement au dessus du réacteur et qui lui permet de maintenir sa position à moins d'un mètre près en permanence. Cette technologie existe depuis 1998, et de plus, chose curieuse, ces drones ont une voilure de type avion de ligne. L'auteur s'est donc référé au livre de Thierry Meyssan "L'effroyable imposture " qui soutient que les attentats du 11 septembre ont été fomenté de l'intérieur. L'ouvrage en question qui a été vendu à 200 000 exemplaires et traduits en 28 langues, sert désormais de référentiel en la matière.

 Pour conclure si tant est que l'on puisse conclure sur un tel sujet, l'expansion toute azimute de l'économie est comparable à un terrorisme universel. Ainsi la croissance économique entraîne l'amenuisement des richesses humaines et naturelles, à la manière d'un cancer, qui, au fur et à mesure qu'il progresse et qu'il gagne en quelque sorte des parts de marché, finit par mourir de l'épuisement des ressources vivantes et naturelles mises à sa disposition (p62). Cette gestion mafieuse qui s'est étendu aux entreprises, aux institutions comme aux états, conduit de plus en plus vite à la mort (p62). On ne peut donc s’empêcher ici, par sarcasme, de citer Louis Ferdinand Céline,

"Ce monde n'est je vous l'assure qu'une immense entreprise à se foutre du monde !"

Antoine Carlier Montanari

 

(1) Science et vie, en ligne, article paru le 04 juin 2009 et mise à jour 19 novembre 2018. Le titre de cet article étant, "Les secrets high-tech du drone "global hawk".

Commenter cet article

Archives

À propos

" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin