Divertissement Apocalyptique (4) : Bird Box (Susanne Bier, 2018)

 Ce long métrage qui met en scène une certaine fin des temps, est une traduction du fameux verset de Jérémie, Ils ont des yeux et ne voient point (1). En effet les protagonistes tentent de survivre en se voilant les yeux afin d'échapper à ce fléaux qui pousse au suicide quiconque les a grands ouverts. Ce mal qui agit invisiblement est l'image du diable qui en coulisse enferment les hommes dans sa propre logique qui est celle du monde. Aussi, ce même mal n'agit pas sur les méchants comme il agit sur les gentils. Sur les premiers les effets sont bien différents, ils voient le mal comme une bénédiction et tentent par tous les moyens à ce que les gentils ouvrent les yeux, car au final les bons meurent à ce monde et les méchants vivent parce qu'ils sont les enfants du démon, les enfants du monde. Ce qui renvoie tout naturellement à cette parole du Christ, Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui (2). C'est pourquoi, à la quarantième minute, John Malkovitch, fait le signe de la croix, il mourra peu après, tué inévitablement par un homme du monde, un méchant.

 Ce jugement dernier révèle en réalité ce que nous avons dans le cœur. Aussi les paroles de l'homme qui va se noyer ne sont pas anodines, le monde sera purifié, le monde doit ouvrir les yeux. Ce qui cause donc  la perte de l'humanité c'est son incapacité à regarder correctement, au lieu de regarder le fond elle regarde la surface des choses et s'en contente. On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. Ces paroles d'Antoine de Saint-Exupéry témoignent de cette vérité qui sauve.

 A ce propos la sentence du Christ sera sans appel, Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne (3). Il est donc préférable, pour conclure, d'être aveugle du monde et d'être voyant de cœur, c'est ce que nous enseigne la fin de ce long métrage.  De plus, l'endroit qui abrite les survivants, à la toute fin du film,  est une image du paradis retrouvé. C'est également la vue restauré, la vue retrouvé, la cage aux oiseaux, le titre du film, est une métaphore de cette parole du Christ, Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal (4). Nous pourrions ajouter, pour les plus curieux, que les deux enfants, prénommés garçon et fille, sont un écho métaphorique de nos premiers parents Adam et Ève lorsqu'ils furent innocents.

Antoine Carlier Montanari

(1) Jérémie 5.21

(2) Jean 15.19

(3) Matthieu 5.29

(4) Jean 17.16