Un Livre Que J'ai Lu (56) : Petit Eloge Du Catholicisme (Patrick Kéchichian)

 On reste avec Rome et le catholicisme, en effet Patrick Kéchichian, ancien journaliste au Monde, revenu à la foi catholique, nous livre ici un texte d’enracinement. Cette idiosyncrasie catholique s’appuie, entre autres, sur Charles Du Bos, écrivain français converti au catholicisme en 1927, écho à cet autre Charles converti lui, en1908. Dire que pour ces hommes-là, la foi catholique est indépassable. L’identité catholique est donc un axe solide dont la science fait loi. Paul Claudel, Léon Bloy, Georges Bernanos vont être régulièrement cités pour souligner cet éloge. L’auteur redéfini l’importance de l’autorité et du dogme dans l’église. Cette dernière propose en réalité une mécanique de précision aussi respectueuse de l’objet de foi qu’est le Christ. Evidemment l’église offre un encadrement spirituel sur mesure et propose tout un tas d’énoncés et d’apophtegmes capables de définir savamment les notions complexes de la foi. Ce faisant, l’élévation spirituelle est de type scolastique. Ainsi, si le Pape vient garantir, par son autorité, la pérennité des dogmes, il est également le sceau terrestre des commandements divins. Cette unité de vivants autour du pape et de son infaillibilité, décrétée par le concile Vatican I, en 1870, en vertu de sa charge, permet une communion spirituelle universelle jamais atteinte dans l’histoire de l’humanité. A cet égard, cette enveloppe spirituelle dressée par une liturgie centrée sur le Saint Sacrifice de la messe est solidifié par une structure artistique si monumentale et si considérable qu’elle est devenue un centre de gravité civilisationnel incomparable. L’église a tout simplement rendu intelligible et d’une manière unique et universelle, la parole de son époux qui est Dieu.

 Au fond être catholique c’est avant tout être juif, juif comme le Jacob de Delacroix à Saint-Sulpice. Le combat contre l’ange est ce triomphe par lequel Dieu a commencé à élever l’homme. La perspective juive est donc une perspective du salut dont le Christ, sur la croix, a triomphé du péché. L’auteur n’omet pas le rôle complémentaire de la Vierge dans cette affaire. En effet il ne manque pas de rappeler la déification progressive de la Mère du Christ, laquelle ne cesse, aux quatre coins du monde, apparaître comme la mère de toutes les grâces.

Antoine Carlier Montanari