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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

18 Mar

Portrait : Marine Le Pen (1968 - ...)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Portrait

 Des épaules de déménageurs, c’est ainsi que  Nicolas Sarkozy l'avait qualifié, certes, il aurait mieux valu être galant et même élégant mais il y a dans cette qualification une résonance aussi juste que méprisable. Marine est donc véritablement taillée dans le dur, elle est cet animal politique, frugal et toujours en rut dont il vaudrait mieux en réalité ne pas agacer. Moi, je vous le dis, cette gauloise a le cœur ardent et l'esprit véhément. Son débat, contre Emmanuel Macron, a été unanimement qualifié d’échec par les détendeurs des marchés de la communication et en use comme un bouton d’arrêt d’urgence. Cependant, malgré eux, ce débat est devenu un événement tout aussi marquant, dans la conscience populaire française, que l’affaire Dreyfus en son temps. On a aussi affaire ici à une redondance du procès du Christ devant Pilate où l’innocent est hué par la foule et le coupable libéré. Il est clair que le processus de victimisation et de culpabilisation ne relève à aucun moment la prestation du nouveau président français, il s’agit surtout d’appuyer sur le fait que Marine a échoué tout en laissant supposer qu'Emmanuel Macron a réussi. L’écho à Waterloo est palpable, le duc de Wellington n’a pas triomphé de Napoléon, c’est ce dernier qui a permis la victoire de Wellington. Il faudra aussi dire que cette déroute est devenue un marqueur silencieux dans la courte histoire du féminisme dont la querelle égalitariste s’est faite étrangement sourde dans cette histoire-là. Il faudra donc poser la question aux Mélusines de Saint-Germain qu’on s’imagine avoir des griffes ! Ce débat est donc devenu un point d’articulation dans l’histoire de la politique française. Il détrônera tous les précédents débats et fera date dans toutes les analyses politiciennes comme un psychodrame national. Il y aura donc les dreyfusards et les anti-dreyfusards. A ce jeu, les médias s’en donnent à cœur joie sans penser un instant de l’efficacité du temps dans cette affaire-là.  Si Macron échoue lamentablement, le débat raté se transformera donc peut-être en débat réussi et tout naturellement on se questionnera sur le parti pris des médias. La chose n’est pas surprenante, bien entendu, mais le manque de prudence et de lucidité dont ils ont fait preuve ne fera que jeter la suspicion sur leur soi-disant neutralité. Il faudra dire, pour compléter ce portrait, pour les plus fins observateurs de tactique politicienne, que Marine profitera certainement de ce contre courant en vue de la victoire finale. Elle semble jouer avec le temps. Il n’est peut-être pas bon d’avoir raison trop tôt, mais le joueur expérimenté saura être patient. Il faudra rappeler aux soixante huitards, que c'est une année de millésime chez les Le Pen. La naissance de Marine est une douce ironie pour le camp des patriotes.

 Ainsi, au regard du triomphe du dernier livre de Jean-Marie le Pen, de la longévité politique et médiatique du bonhomme, de la folle ascension de sa petite fille Marion et de la ténacité de sa fille Marine, Jean-Marie le Pen aura su installer, au sein de l’histoire politique française, une dynastie. Trois générations de le Pen qui exaspèrent les fondamentalistes républicains qui voient là le triomphe du sang gaulois. Jean-Marie le Pen a su parler à l’imaginaire du peuple français et Marine incarne en vérité le seul homme politique de sa génération. Marion sera certainement la combinaison de ces deux-là. Quoi qu’il en soit, pour ma part, Marine a tout de cette Anna Akimovna de Tchékhov dans son royaume des femmes.

Antoine Carlier Montanari

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