Un Livre Que J'ai Lu (38) : " La Paix A Ses Chances " (Itzhak Rabin) suivi de " Nous Proclamons La Création D'un Etat Juif " (David Ben Gourion) et de " La Palestine Est Le Pays Natal Du Peuple Palestinien " (Yasser Arafat)

 Trois discours nationalistes autour de Jérusalem. La cité biblique et carrefour du monothéisme trinitaire est cette porte terrestre donnant sur le paradis. La surenchère théologique est le symptôme d'une hypersensibilité qui donne place, sur le terrain, à un avant goût de la guerre mondialisé à venir. Depuis la naissance de l'état d'Israël, en 1948, la violence catalyse toutes les énergies, de par le monde, la moindre agression est automatiquement relayé dans les médias. La fournaise palestinienne n'en demeure pas moins échaudée de l'impuissance de ses milices face au terrible Tsahal appuyé par le célèbre Mossad qui, dit-on, est  le plus efficace service de renseignement au monde. La guerre des six jours en 1967 où l'armée israélienne ridiculisa les armées égyptiennes et jordanienne, puis l'opération Colère de Dieu, en 1972, visant à éliminer les auteurs de la mort, cette même année à Munich, des 11 athlètes israéliens, rappellent l'épisode de David contre Goliath. Le mimétisme girardien est ici assez démonstratif de la psychologie de deux des trois grands monothéismes. Ainsi, Itzhak Rabin, le 4 novembre 1995, quelques minutes avant son assassinat, prononce son dernier discours en souhaitant la paix plutôt que la guerre. La vive poignée de main, lors des accords d'Oslo, deux ans plus tôt, entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat, viendra confirmer cette volonté. Ce dernier, qu'on soupçonnera d'avoir été empoisonné au polonium, mourra à Clamart, en France, le 11 novembre 2004. Il répondra à un journaliste du Figaro Magazine que la petite croix de Lorraine qu'il portait au cou, offerte par le général de Gaulle, l'avait toujours protégé. Ironie de l'histoire, Yasser Arafat succombera à Clamart là où en 1962, le général de Gaulle échappa à un attentat.

 Ainsi donc, le discours du leader palestinien sur l'indépendance de la Palestine en 1988, témoigne de la concorde qui doit exister entre les trois religions du Livre. Dit-il que la Constitution garantira les libertés religieuses au sein de cet Etat arabe qui restera à jamais une patrie libre pour un peuple d'hommes et de femmes libres. 40 ans plus tôt, en 1948, David Ben Gourion, le premier chef de gouvernement de l'Etat d'Israël, assure dans le texte de proclamation d'indépendance, l'inviolabilité des Lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions. L'Etat juif s'est donc autoproclamé gardien du Temple avec la ferme conviction de mobiliser tout son savoir faire pour honorer ce contrat eschatologique. Cette métaphysique du nationalisme autour et au centre de cette masse critique qu'est Israël est aujourd'hui devenu particulièrement explosive tant l'annonce américaine de téléporter son ambassade à Jérusalem a noyauté toutes les possibilités de paix. 

Antoine Carlier Montanari